Le meurtre du Petit Grégory est une affaire qui a pris une ampleur médiatique indescriptible en France. Le corps sans vie de l’enfant a été découvert en 1984, sans que le coupable ne soit retrouvé.
C’est en Octobre 2024 qu’un nouveau rebondissement a eu lieu dans cette affaire. La justice vient d’ordonner une nouvelle expertise ADN et une audiométrie vocale. Des nouveaux éléments supposent compléter le dossier et l’élucider.
Le mystère reste entier sur l’affaire du Petit Grégory
Quatre décennies après les faits, il y a encore « 17 765 pièces de procédure, 42 tomes, sept magistrats instructeurs » résume Philippe Astruc, procureur général à Dijon, où l’enquête est encore instruite.
Un fait divers du 16 octobre 1984 où un enfant de quatre ans a été retrouvé sans vie, poings et pieds liés dans la Vologne, la rivière des Vosges. « Voilà ma vengeance – Pauvre con », revendique une lettre anonyme adressée au père, Jean-Marie, par un « corbeau » qui harcèle la famille depuis plusieurs années, souvent par téléphone ou par courrier. Il n’en faudra pas plus pour que les médias s’emparent de l’affaire.
Éric Darcourt-Lézat se souvient, avec une pointe d’amertume, d’une « espèce de mine à ciel ouvert d’attaques ad hominem, de rumeurs inter familiales ou de voisinages, etc. Qui nourrissent une certaine presse pas toujours très regardante et qui, assez souvent, déborde largement l’enquête par les hypothèses ou les soupçons adressés à l’endroit de tel ou tel ». Quarante ans après, la France entière mais surtout la famille Villemin, continue à chercher la vérité sur les conditions de mort du Petit Grégory.
Des compléments d’analyse dans cette affaire : la technologie pour découvrir la vérité sur la mort du Petit Grégory
Après demande des parents, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon a accordé « des vérifications techniques et des expertises scientifiques complémentaires aux actes déjà ordonnés », a déclaré jeudi 21 mars le procureur Thierry Pocquet du Haut-Jussé. En effet, des analyses ADN seront effectués « sur des échantillons d’ADN qui soit n’avaient pas été répertoriés, soit n’avaient pas été attribués à une identité particulière, soit n’avaient pas été croisés avec d’autres éléments de la procédure », a précisé l’avocat des parents Me François Saint-Pierre, à l’AFP.
Ces nouvelles analyses pourront permettre d’établir un coupable mais seront essentielles pour que le dossier soit plus complet selon l’avocat. Ces comparaisons seront faites avec l’ADN de la famille élargie.
Aussi, une audiométrie vocale a été demandée pour tenter encore une fois de découvrir l’identité du « corbeau ». L’avocat, Me Saint Pierre, explique à l’AFP qu’il s’agira « d’identifier les fréquences vocales d’une personne, comme elle laisserait une empreinte digitale. C’est important parce que nous avons plusieurs enregistrements des corbeaux qui avaient passé des appels anonymes ».
L’affaire du Petit Grégory est parsemé de zones d’ombres bien que de nombreuses théories aient été partagées
L’une des théories les plus explorées dès le départ est celle d’un conflit familial. Dans ce cadre, plusieurs membres de la famille Villemin sont suspectés à divers moments de l’enquête. Ce serait alors un meurtre résultant de tensions latentes au sein de la famille, exacerbées par des rivalités et des jalousies.
Le cousin de Jean-Marie Villemin, Laroche est rapidement soupçonné. C’est le témoignage de sa belle-sœur Murielle Bolle, âgée de 15 ans à l’époque, qui conduit à son arrestation. Elle déclare l’avoir vu en compagnie de Grégory le jour de la disparition. Cependant, Murielle Bolle se rétracte, affirmant avoir subi des pressions pour accuser son oncle. Laroche est finalement relâché, mais est tué par Jean-Marie Villemin en 1985, persuadé de sa culpabilité.
La propre mère de Grégory est également mise en examen en 1985. Certains éléments troublants, comme l’encre utilisée dans les lettres du “Corbeau”, laissent penser qu’elle pourrait être impliquée. Les preuves manquent pourtant, et Christine Villemin est finalement acquittée en 1993. Elle continue de clamer son innocence et reçoit le soutien d’une grande partie de l’opinion publique.
Certains enquêteurs estiment que l’affaire pourrait être le fait d’une personne unique, connue dans les médias sous le nom du “Corbeau”. Dans ce scénario, cette personne aurait agi seule, motivée par une haine personnelle envers Jean-Marie Villemin. La récurrence des lettres anonymes avant et après le meurtre soutient cette théorie. Le profil du “Corbeau” pourrait correspondre à celui d’un individu envieux du succès professionnel et de la réussite personnelle de Jean-Marie Villemin, surnommé le “chef”.
On parle aussi d’un enlèvement qui aurait mal tourné. Dans cette perspective, Grégory aurait été enlevé à des fins de vengeance ou pour faire pression sur Jean-Marie Villemin, et son décès serait survenu accidentellement. Cette théorie reste fragile, car aucune demande de rançon n’a été formulée.
Comme pour tout mystère qui suscite un grand intérêt public, certains pensent à un complot impliquant plusieurs acteurs, voire des autorités locales. D’autres vont jusqu’à évoquer l’intervention de sectes ou des groupes organisés. Ces spéculations, bien que sensationnalistes, ne sont basées sur aucune preuve concrète et relèvent plus de la rumeur et de l’imagination collective que du fait établi.
Il faut se souvenir que cette affaire n’est pas prête d’être oubliée puisqu’elle a coûté plus de 2 millions d’euros en frais d’enquête et d’analyses, un montant colossal pour une enquête non résolue qui se poursuit encore aujourd’hui.