Lorsqu’il n’est pas mal compris, on lui donne souvent une définition négative : le Nirvâna est généralement associé à l’extinction de tous désirs, de toutes illusions, de toute ignorance, et de toutes douleurs. Mais quelle définition les bouddhistes donnent-ils réellement à cet état spirituel de paix, confondu à tort avec le Paradis judéo-chrétien ?
La Fête du Nirvâna
Tous les ans, est fêtée au centre bouddhiste shinnyo, 36 rue Ampère dans le 17e arrondissement de Paris, la Fête du Nirvâna. Le shinnyo est une école bouddhiste japonaise.
La vie des fidèles du monde entier est rythmée par de nombreuses cérémonies qui nécessitent des « préparations importantes », nous confirme Martin Hosch, responsable du mouvement Shinnyo-En en France et travaillant activement pour le beau maintien du centre et de ses traditions. La Fête du Nirvâna n’y échappe pas. Ce concept spirituel reste peu connu des Occidentaux, peinant à mettre des mots dessus.
La mort du Bouddha historique est rappelée le 15 février de chaque année, non pour se réjouir de sa mort mais pour admirer la présence éternelle de son enseignement à l’occasion de la Fête du Nirvâna.
Préférant y donner une définition positive, les bouddhistes du centre shinnyo commémorent l’entrée du Bouddha dans « l’état de libération de son esprit », comme on l’enseigne au centre. Le Nirvâna est un état de paix de l’âme.
Au coeur des courants bouddhistes, les définitions peuvent varier de définitions négatives (une non-existence charnelle, un non-désir, une non-souffrance) aux définitions positives comme celle véhiculée par le centre shinnyo. M. Hosch nous rappelle que « le sujet est […] vaste et les notions et interprétations très diverses selon les différents et très nombreux courants et écoles bouddhistes ».
Nous souffrons tous
De façon générale, il faut considérer que tout commence par le fait d’accepter que nous souffrons tous. Cette souffrance universelle dit quelque chose du sens que donnent les bouddhistes à la vie. C’est un discours qui résonne pour ses adeptes parce qu’il fait référence à des souffrances physiques comme mentales, des souffrances matérielles et alimentaires, la maladie, le deuil.
Ces souffrances sont les retombées karmiques de nos mauvaises actions.
Elles ne sont pas des hasards malheureux, mais des rétributions pour que l’âme, vidée de tous ses désirs, finissent par atteindre le Nirvâna.
Le Nirvâna n’est pas le Paradis
Le bouddhisme ancien pense autrement la notion de salut. Le Nirvâna est révélé à Bouddha et ce premier est qualifié d’incréé, de refuge, de béatitude, d’île sortie des eaux de l’existence. Ces eaux sont celles de la souffrance.
Le Nirvâna n’est donc pas forcément un lieu positif comme le Paradis, il met juste fin aux migrations de l’âme qui passe d’existence en existence pour que lui soient rétribuées ses bonnes et mauvaises actions.
Parce qu’elle disparaît, l’âme est en quelque sorte délivrée. Le jugement de l’âme est continu en ce qu’il se réalise dans le karma à chaque renaissance. Il cesse quand l’âme se fond dans le Nirvâna, possédant une sagesse karmique durement acquise.
Le Nirvâna a tout de même ceci de commun avec le Paradis qu’il est accessible en fonction de la conduite morale des êtres humains souffrant sur Terre et sans cesse tentés de mal agir.
Chaque âme a, dès lors, dépassé sa propre misère face à la douleur, devenant chacune son tour une âme de bouddha, de sage délivré.