Depuis sa création en 1995, le Salon Maison & Objets accueille deux fois par an, dans
un espace de 1300 m2 à Parinor Villepinte, des professionnels du design et de l’art
comtenporain venus du monde entier pour exposer ou bien découvrir les dernières tendances
afin de nouer des relations d’affaires.
Pour l’édition de septembre 2024, Mélanie Leroy, directrice depuis 2023 de SAFI, la société organisatrice du salon, a accepté de rélèver les clés qui contribuent à la réussite et à l’évolution collective de ce salon du design, de la décoration et d’art contemporain.
Le salon Maison & Objets – « Une belle énergie malgré un contexte économique inflationiste »
A J+2 du salon, Maison & Objets quelles sont vos premières impressions pour cette édition ?
“Il y a une belle énergie et beaucoup de traffic, avec plus de 100 pays représentés, ce qui est rassurant malgré un contexte économique inflationiste et les différents conflits géopolitiques. Le traffic étranger reste fort.”
Selon vous, qu’est-ce qui contribue au succès de ce salon ?
“Tout d’abord, son positionnement, qui est mutlicatégoriel. On est une sorte de « all in one ». Dans un même lieu, les visiteurs vont découvrir les dernières tendances, les nouvelles marques, et pouvoir faire leur achats. Et en deuxième je dirais la puissance du mois de septembre. M&O a lieu en simultané avec la Paris Design Week, qui met en avant les
jeunes talents et cela permet aux professionnels, acheteurs comme visiteurs de rentabiliser leur voyage.”
« Maison & Objets est l’expression de la scène du design français et international »
Qui dit nouvelles marques dit forcément talents émergents. Comment sont-ils selectionnés ? Via à une démarche personnelle ou bien grâce à vos équipes qui les repèrent ?
“Les deux. Le rôle de M&O correpond à l’expression de la scène French et internationale avec nos différents programmes d’incubation comme Future on Stage, La Factory. On reçoit des candidatures des talents du monde entier qui viennent pour être représentés et bénéficier de notre puissance médiatique avec 2 million de followers et une base d’acheteurs de 600 000 professionnels.
A titre d’exemple, avec Future on Stage, on a eu une augmentation de 27% de la
demande. Ensuite, nous avons des équipes qui sont là pour dénicher des talents dans les autres salons internationaux et les faire venir ici. Ce qui en fait un réel écosystème.
Un écosytème qui attire une large clientèle asiatique.“
Comment expliquez-vous cet engouement ?
“Quand on parle d’Asie, on parle de plusieurs pays. L’Asie n’est pas une seule entité. La Corée est assez présente. On voit un dynamisme dans le secteur du retail, concept store, la fashion, la décoration, la fragance et l’art de la table.
Pour L’Inde, nous avons eu un visitorat de plus de 12% en janvier dernier. Ce sont des pays booming qui s’ouvrent et donc sont à la recherche de pièces singulières et fortes dans le secteur de l’hospitality (hôtellerie) et le retail pour se démarquer.“
Parmi les nouveautés de cette année, avez-vous eu des coups de coeurs ?
“J’en ai toujours. J’aime que l’on retrouve des marques référentes pour la partie déco et retail eco-craft, des produits qualitatifs qui sont ancrés dans une démarche dans le temps.“
Pas seulement une tendance mais des tendances au salon Maison & Objets
Quelles sont les tendances que vous avez pu observer ?
“C’est mon point de vue perso, mais j’ai pu voir deux tendances. Une à la fois brut, minimaliste avec des tons neutres, et une autre avec un aspect plutôt surréaliste incluant des formes et des couleurs osées.
Finalement, aujourd’hui, on n’a pas une tendance mais des tendances. Maison et Objet c’est un salon de BtoB retail, déco, hospitality. On se doit de relayer les tendances internationales pour répondre au goût et aux besoin des visiteurs.“
Et d’où vient cette ferveur pour le design depuis quelques années ?
“On a plusieurs éléments. Avant on se représentait par rapport aux vêtements et aujourd’hui, c’est notre environnement qui nous définit. La Covid a accentué cette pratique. Maintenant quand on rentre chez soi, on veut se sentir bien et avoir un cocon. On assiste à un va et vient, avec la déco qui va vers la fashion ou inversement, on retrouve des vêtements dans la décoration. Des marques comme Ma Poesie ou Moismont font du linge de maison et du prêt-à-porter, avec une
grande qualité dans le tissu.“
En parlant de qualité, est-ce que l’aspect écologique des marques émergentes est lié à un storytelling performatif ou une réelle conviction ?
“C’est inscrit dans leur ADN d’être en lien avec l’écologie. Avec Future on Stage, j’ai été sidérée de voir tout ce que les marques pouvaient faire en terme d’avancée écologique, avec par exemple, la ré-utilisation des déchets marins ou de plastique. On l’a vu avec Appolo wooden, une marque de fauteuil roulant de bois très noble, esthétique qui rend le design plus inclusif et fonctionnel. Et qui correspond aux besoins et aux usages de la population de demain.“
Quel rôle joue l’Intelligence Artificielle dans le design et le salon M&O ?
“Je suis passionnée d’IA. Une bonne partie de mon équipe a été formée à l’IA. On l’intègre dans nos méthodes de travail, plus sur le design. On a un barômètre deux fois par ans. On a demandé à nos clients. Ils étaient plus de 80% a utiliser l’IA dans le marketing. En terme de créativité, l’IA n’aide pas encore suffisamment, et la relation humaine reste centrale. L’IA est un moyen et non une finalité. Un tremplin créatif qui ne remplace pas l’oeil humain.“
Cette année le thème du salon est Terra Cosmos, en lien avec la technologie, comment choississez-vous le thème pour chaque édition ?
“On travaille avec Peclers, qui à chaque édition, nous donne le thème qui incarne la tendance du moment futur. Mon enjeu, c’est qu’ils soit utile pour les visiteurs pour pouvoir proposer des produits qui incarnent la tendance, qui sera traduite en offre concrète. Je tiens aussi à ce que le fil rouge soit visible dans le fond comme dans la forme avec des espaces incarnés. Un retailer ou un magasin qui veut développer des ventes pourra s’aligner avec les tendances en venant ici pour expérimenter directement.”
Vous occupez le poste de directrice depuis 2023, quels changements avez-vous apportés depuis votre arrivée ?
Il y a trois éléments que je travaille au quotidien en tant que directrice de la Paris Design Week, du groupe Maison et Objets, et MOM ( Maison et Objets and More). Le premier c’est de faire évoluer le model pour être un business partner pour les clients.
En deuxième, c’est de toujours rester connecter à notre capacité de décrypter et donner à voir les tendances de demain avec des showcases, des animations inédites, comme Lionel Jadot cette année. Et enfin, maintenir l’unicité dans notre écosystème pour s’adresser aux clients du salon, et toute l’année en ligne sur MOM.
En janvier 2025, on va avoir un salon puissant avec des showcases inédits pour continuer de twister les codes dans le design.
M&O est le rendez-vous à ne pas manquer.“
En regardant votre parcours profesionnel, on voit que vous avez travaillé dans différents groupes de marketing, est-ce que cela a été une force pour le poste que vous occupez actuellement?
“Cela a a été une force inouie. Alors, j’ai travaillé chez Carrefour, L’Oréal, Jaccadi entre autres.
J’ai toujours été dans le secteur commercial, marketing, et digital, soit un environnement pluridisciplinaire avec différentes activités. Ce qui fait qu’aujourd’hui, je me sens à l’aise dans différents secteurs que ce soit de l’enfant, du meuble, de la cosmétique, l’alimentaire. Cela me permet d’être proche et de comprendre les clients, les marques et les acheteurs.“
Quelles autres qualités utilisez-vous pour que ça fonctionne avec vos équipes et vos clients ?
“L’écoute active : pour être proche des bésoins des clients et des collaborateurs, c’est ce qui paye aujourd’hui.
J’ai aussi travaillé 5 ans dans la tech et ça aide. En étant très data driven, on peut projeter un model que les clients attendent en terme de business. L’intuition, c’est bien dès qu’elle est aidée par de la data.
On construit avec les clients et avec les équipes. Quand on veut inculquer des méthodes de travail, il faut accompagner. Je suis très à l’écoute des gens du terrain et on développe cette collaboration pour mener à bien nos activités. Ma vision
ne vient que de mes équipes, ce sont eux les magiciens.“
Votre capacité à comprendre vos équipes permet de faire avancer tout le monde ?
“C’est ma force aussi. J’aime travailler en équipe. J’ai toujours aussi finalement travaillé à l’intuition, l’énergie, et la vision.“
Comment vous sentez-vous face à votre parcours?
“Je me sens au service d’une entreprise. Je suis fière d’être une femme à la tête d’une entreprise comme le groupe Maison et Objets, C’est un groupe qui a compris que la vision d’une femme peut apporter beaucoup. Mais c’est pas tant être une femme, c’est mon expérience aussi. Aujourd’hui, les femmes sont plus nombreuses mais encore sous-représentées.“
Avez-vous initié des projets pour changer cela ?
“J’ai décidé de créer un réseau que l’on a inauguré au salon cette saison qui s’appelle Women in Design by Maison et Objets à destination des femmes qui oeuvrent dans le design et l’innovation. Et j’y tiens beaucoup. Et je suis aussi business angel dans le fond d’investissement Leia capital, qui finance des projets portés par des femmes. Je suis admirative de leur investissement.“
Enfin, si vous aviez un conseil à donner à des plus jeunes qui souhaitent être leaders ou créatifs ?
“Croire en soi. Et aussi écouter avec beaucoup de coeur les clients et les équipes. Ils détiennent la vérité.
Dès lors qu’on souhaite mener un projet d’envergure , ça ne peut se faire que dans le collectif.
Et à tous les jeunes qui auraient envie de se lancer dans le design ou dans leur entreprise , j’ai envie de dire : concilier créativité et business en travaillant le fond plus que la forme, et de penser clients en étant sans relâche dans une écoute active pour apporter des réponses à leurs besoins. Ce sont eux les contributeurs à la réussite d’un projet.
Etre sans relâche dans l’écoute active pour apporter des réponses au plus proche des besoins des clients. Ce sont eux les contributeurs à la réussite d’un projet.”