L’e-sport, un domaine en pleine effervescence, continue de repousser les limites du divertissement et de la compétition. Avec des audiences record et une popularité grandissante, la question de son inclusion aux Jeux olympiques se pose.
Connaissez-vous l’e-sport?
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, l’e-sport, ou sport électronique, désigne la pratique compétitive de jeux vidéo, souvent organisée en tournois ou ligues professionnelles. Il regroupe divers genres de jeux tels que les jeux de stratégie en temps réel (RTS), les jeux de tir à la première personne (FPS), et les jeux de combat, entre autres. Cette pratique met en scène des compétitions entre joueurs ou équipes de joueurs, souvent diffusées en direct à une vaste audience en ligne et parfois dans des stades.
On parle ici de plus de 140 millions de chiffre d’affaires en France en 2022. L’e-sport génère des revenus considérables, à travers les droits de diffusion, les sponsoring, les ventes de billets pour les événements, et les produits dérivés. Les chiffres d’affaires annuels du secteur se chiffrent en milliards de dollars, reflétant son importance croissante dans l’industrie du divertissement.
Dans les jeux brillant le plus dans cette discipline, nous retrouvons League of Legends (LoL), un jeu de stratégie en temps réel qui est l’un des piliers de l’esport ; Counter-Strike, Global Offensive (CS:GO), un jeu de tir à la première personne très populaire dans les compétitions d’esport ; Dota 2, un autre jeu de stratégie en temps réel connu pour ses tournois dotés de prix énormes (40 018 400 de dollars pour l’édition The International en 2021) ; ou Fortnite, un jeu de bataille royale titre ayant fait un raz de marée dans la deuxième moitié des années 2010 et qui a rapidement gagné en popularité dans le monde de l’e-sport.
Avec un tel engouement autour de la pratique, allons-nous bientôt voir du CS:GO ou Lol comme nouvelle discipline aux Jeux Olympiques ?
L’e-sport aux Jeux Olympiques?
Excellence, respect, courage, inspiration, égalité… Voici quelques-unes des nombreuses valeurs des Jeux olympiques, mais s’il y en a bien une que l’on retiendra pour les précédentes éditions c’est l’ouverture. Le surf, le skateboard, l’escalade et le breakdance sont des disciplines récemment ajoutées à la compétition sportive la plus importante et historique, témoignant l’envie d’étendre l’horizon des JO et d’exister avec son temps. Le comité international olympique (CIO) ne cache d’ailleurs pas son envie de renouveler son audience. Alors pourquoi pas l’esport de par sa hausse de popularité exponentielle ?
“On voit véritablement une vraie reconnaissance de l’e-sport auprès de tous. C’est vrai que quand j’ai commencé il y a 15 ans, c’était très obscur. La pratique des jeux vidéo globalement, qui suscitait encore beaucoup de discours négatifs. Là on voit vraiment depuis quelques années une vraie reconnaissance de la pratique des jeux vidéo et de l’e-sport. Et au-delà du discours autour de la reconnaissance maintenant, qu’est-ce qu’on fait pour que cette discipline soit véritablement ancrée dans notre société et dans nos pratiques ?”, explique Christine Kev, membre du conseil d’administration de Women in Games France et de France Esports.
En effet, lorsque l’on regarde de plus près, l’e-sport regroupe déjà de nombreuses valeurs que l’on retrouve dans des sports dits traditionnels. “Que ce soit la rigueur des entraînements, bien évidemment je passe sur les valeurs humaines autour du fair play, de la collaboration, de l’esprit d’équipe, et aussi sur la structuration, donc la rigueur, le coaching, les joueurs pro qui ont vraiment cette mentalité d’athlète”, ajoute la spécialiste.
Cependant, certaines différences entre sport et esport interrogent. Le sport est une pratique qui se divise en discipline : le 100 mètres, la natation, l’escrime, etc. Mais l’e-sport semble incompatible avec cette idée puisque qu’il s’agit d’un jeu jeu à échelle compétitive.
Or, il existe de nombreux jeux différents qui représentent des catégories à part entière. Une compétition de League of Legend est totalement différente d’un tournoi Fortnite. “Pour moi, réduire l’e-sport à une sous-catégorie du sport, voudrait dire que l’e-sport est au même niveau que le foot. Alors que non puisque dans l’e-sport il y a les jeux de combat, les jeux de tir, les jeux de cartes, etc. Il s’agit d’un véritable écosystème qui vit à part entière. L’e-sport comprend plein de sous-catégories, comme le sport comprend plein de disciplines” affirme Christine Kev.
C’est pourquoi l’inclusion des sports électroniques semblerait peut-être plus logique au travers d’un événement qui leur est pleinement dédié à l’image des Jeux olympiques d’hiver : Les JO Électroniques.
L’e-sport – Pas toujours apprecié dans l’hexagone
“Le fait de croire que pour faire du sport, il faut faire une dépense énergétique forte et d’avoir une motricité corporelle, donc pour certains, les gens qui sont sur leurs manettes ne peuvent pas être considérés comme des sportifs”, témoigne l’élu de France Esports. Nombreux sont encore les détracteurs de l’e-sport contre sa catégorisation en tant que sport.
“On a cette envie de performance. Ça ne change pas que ce soit un joueur de football ou un joueur sur Super Smash Bros Melee. Et donc derrière, on va mettre tout en place pour atteindre cet objectif. Ces objectifs de réussir nos coups ou de maîtriser un mouvement. Il y a aussi d’autres aspects. Typiquement, la préparation mentale. Il y a des joueurs esports qui ont des coachs mentaux, comme dans le sport, pour travailler le rapport à la défaite, le rapport au stress, le rapport à la performance. Et puis après, il y a le fait de s’entraîner, des entraînements rigoureux, avec un planning avec des séances d’entraînement et d’échauffement. Par exemple, je travaille avec des très jeunes dans un club esport amateur, et une des choses qu’on leur inculque très vite, c’est de s’échauffer les mains sous peine de se blesser lors de sessions trop intenses”, explique Christine Kev.
L’entraînement est de rigueur puisque certaines équipes esport coréenne montent parfois à 10 heures de jeu par jour pour s’entraîner.
Pour l’instant rien n’est sûr pour l’inclusion du sport électronique aux JO. Cependant, certains évènements ont prouvé que mêler sport et esport était possible. En 2023 s’est tenue la 19e édition des Jeux chinois, distribuant pour la première fois sept médailles pour des disciplines d’esport. « L’un des souhaits du CIO est de renouveler l’audience des Jeux. Et les nouvelles générations sont sur les jeux vidéo. L’enjeu, c’est de créer une passerelle entre l’esport et les JO”, déclarait en 2023 David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et président du groupe de liaison sur l’esport et les jeux vidéo au sein du CIO.