Le sucre sous le microscope
Une étude récente de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a révélé une présence accrue de sucre dans notre alimentation quotidienne.
Sur un échantillon de 50 000 produits analysés, environ 77% d’entre eux contiendraient au moins un ingrédient sucrant. Cette constatation soulève des questions sur l’impact de cette tendance sur la santé publique et suscite des interrogations sur la nécessité de réduire la consommation de ces produits.
Cette étude exhaustive, menée sur une période de 12 ans entre 2008 et 2020, a permis à l’Anses de dresser un tableau détaillé de la composition des aliments transformés, qu’ils soient salés ou sucrés. Elle a évalué la fréquence à laquelle ces produits contenaient des éléments sucrants, mettant ainsi en lumière la prévalence du sucre dans notre alimentation moderne.
Alors que certains peuvent être alarmés par ces résultats, d’autres pourraient se demander s’il est nécessaire de modifier leurs habitudes alimentaires. Le Parisien Matin examine ces questions et offre des réponses éclairées pour mieux comprendre les implications de cette étude sur notre santé et notre mode de vie.
Un bilan sur le sucre nuancé mais non alarmant
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a concentré ses recherches sur les aliments transformés plutôt que sur les produits naturels, ce qui nécessite une certaine prudence quant à l’évaluation de ses conclusions.
Toutefois, l’Anses annonce une diminution de l’utilisation d’ingrédients sucrants au cours des dix dernières années, notamment des sirops de sucre et des édulcorants, une amélioration encourageante indiquant que les industriels tendent à moins recourir à ces ingrédients.
Néanmoins, il est important de ne pas confondre la réduction du taux de sucre avec une réforme complète du produit. L’agence souligne que cette baisse pourrait être attribuée à la tendance des industriels à revenir à des ingrédients plus naturels, tels que le sucre blanc ou le jus de fruits, par opposition aux édulcorants synthétiques ou aux sirops de sucre. Bien que les aliments soient moins transformés, ils ne sont pas nécessairement moins sucrés.
Il est donc nécessaire de maintenir une vigilance, car l’étude de l’Anses se concentrait uniquement sur la fréquence et la nature des ingrédients inclus, sans considérer les quantités utilisées. Étant donné que les quantités ne sont généralement pas toutes mentionnées sur les emballages, l’étude ne peut pas fournir une estimation précise de la teneur en sucre de chaque ingrédient.
Des études plus approfondies ou une plus grande transparence de la part des industriels seront nécessaires pour tirer des conclusions précises en matière de santé publique.
En complément de cette étude, l’Anses a publié un second bilan portant cette fois sur la teneur en sucre des boissons sans alcool. Les conclusions sont rassurantes, avec une réelle diminution de la teneur en sucre depuis les années 2010. L’agence explique que cette tendance s’est inversée entre 2010 et 2013, en raison de mesures visant à réduire les taux de sucre des boissons, notamment la mise en place d’une taxe sur les boissons contenant des sucres ajoutés ou des édulcorants. Une taxe similaire sur les aliments transformés pourrait être une solution pour faire face au problème évoqué précédemment.
Cependant, il faudra évaluer la viabilité de ce modèle économique et vérifier si les industriels parviennent toujours à rendre leurs produits attractifs, car une réduction du sucre dans les aliments transformés pourrait être perçue comme une perte de saveur pour les consommateurs.
Mais comment faire face à la prolifération du sucre dans nos aliments ?
Non, consommer occasionnellement un petit biscuit ne vous transforme pas en accro au sucre. Cependant, le danger peut parfois se cacher dans des aliments auxquels on ne s’attendrait pas.
Le sucre est omniprésent, que ce soit dans nos céréales, nos biscuits ou même dans des aliments salés comme les pizzas ou les plats surgelés. Considéré par certains comme une “drogue”, le sucre envahit nos assiettes, alors que les risques liés à sa consommation sont bien réels.
Il ne s’agit pas de bannir complètement le sucre de notre alimentation, mais plutôt de le consommer avec modération. Aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de limiter notre apport en sucres à 10% de nos besoins énergétiques quotidiens. Pour les sucres naturellement présents dans les aliments ou ceux ajoutés, notre consommation ne devrait pas dépasser 25g par jour et par adulte. Pour donner un ordre d’idées, cela correspond à environ 6 cuillères à café ou 5 morceaux de sucre.
Les experts conseillent également aux consommateurs de lire attentivement les étiquettes figurant sur les emballages des aliments. Bien que certains fabricants ne fournissent pas toujours les quantités exactes de sucre présentes dans leurs produits, ils sont de plus en plus tenus de le faire.
Cela se manifeste par la mention “sans sucre ajouté” lorsque le produit ne contient pas de sucre supplémentaire. Il convient toutefois de se rappeler que certains aliments contiennent déjà du sucre naturel, qui n’est pas toujours indiqué sur les étiquettes.
La meilleure solution est d’éviter d’acheter trop de produits transformés et de privilégier les aliments frais et naturels. Cependant, cette option peut être plus coûteuse en raison du prix souvent plus élevé des produits frais.