Le Sénat français devrait cette semaine débattre d’une proposition de loi novatrice qui pourrait ouvrir la voie à une indemnisation financière pour les personnes condamnées en vertu des lois anti-gay antérieures à 1982. Cette législation vise à reconnaître la discrimination historique contre des milliers de personnes condamnées en vertu de lois déterminant l’âge de consentement pour les relations homosexuelles et considérant ces relations comme un facteur aggravant dans des actes de “scandale public”.
Valeur Symbolique et Correction des Erreurs Passées
Le sénateur Hussein Bourgi, membre du parti socialiste et parrain du projet de loi, souligne la valeur symbolique de cette législation. Il souhaite que le gouvernement reconnaisse le rôle de l’État dans la discrimination contre les personnes engagées dans des relations homosexuelles, affirmant que le projet de loi vise à corriger une erreur commise par la société à l’époque.
Appels à une Indemnisation Financière et à une Surveillance Indépendante
Le sénateur Bourgi propose une indemnisation financière de 10 000 euros (11 000 dollars) pour chaque victime et appelle à la création d’une commission indépendante pour superviser le processus d’indemnisation. Il souligne les conséquences graves auxquelles ont été confrontées les personnes condamnées, notamment la perte d’emploi et le déplacement, et estime qu’il est crucial de reconnaître les erreurs passées.
Élargir la Portée: Critiques et Défenseurs
Alors que certains critiques estiment que se concentrer sur deux lois spécifiques est trop restrictif, le sociologue et historien Antoine Idier considère l’initiative comme “salutaire”. Idier souligne que les juges ont utilisé un arsenal judiciaire plus large pour réprimer l’homosexualité, y compris des lois ne visant pas spécifiquement les relations homosexuelles, mais les “défaillances morales” ou “l’incitation de mineurs à commettre des dépravations”.
L’Initiative Française Reflète des Précédents Européens
L’initiative française fait écho à des actions similaires en Europe, l’Allemagne ayant réhabilité et indemnisé environ 50 000 hommes condamnés en vertu de la loi “paragraphe 175”, et l’Autriche travaillant sur une approche comparable. Le Royaume-Uni a également pris des mesures pour traiter les condamnations historiques pour des délits sexuels homosexuels via un “régime d’oubli et de réhabilitation”.