La France n’a pas encore légalisé le suicide assisté principalement en raison de débats éthiques et moraux profonds qui persistent dans la société. Les arguments contre le suicide assisté mettent en avant la préservation de la vie, les risques d’abus et de pressions indûes sur les personnes vulnérables, ainsi que les implications pour la relation médecin-patient.
Des préoccupations concernant le glissement vers l’euthanasie et l’absence de garanties suffisantes pour protéger les personnes en fin de vie sont également souvent citées. Ces considérations ont conduit à un blocage législatif et à un débat continu sur la question en France.
Toutefois, une nouvelle proposition de loi risque de tout bouleverser.
La proposition d’une loi qui vise à aider les personnes en fin de vie
La présentation d’une proposition de loi visant développer le cadre légal en matière de fin de vie, ainsi que la stratégie décennale de services de santé accompagnants, attire l’attention sur un pas important de la France dans les soins de fin de vie. Catherine Vautrin, ministre de la Santé et du Travail, a décrit la présentation du projet de loi comme le début d’un débat inévitable au Parlement.
Vautrin a souligné l’importance de l’écoute, de l’humilité et du respect de la liberté de conscience dans ce débat. La proposition de loi prévoit la mise en place d’une “aide à mourir” sous certaines conditions pour les patients souffrant de douleurs physiques ou psychologiques dues à leur pathologie, notamment les patients en phase terminale.
Un Pas Important Vers une Nouvelle Législation sur la Fin de Vie
Cette proposition de loi fait suite aux conclusions des citoyens de l’association avril 2023 demandant de profondes modifications du cadre juridique de la fin de vie. Le président Emmanuel Macron recevra 184 citoyens tirés au sort le 26 avril pour discuter de ces propositions. Les débats sur le projet de loi commenceront à l’Assemblée nationale française à la fin du mois de mai, marquant le début d’un long processus parlementaire qui pourrait durer deux ans.
Parallèlement, le gouvernement présente une “stratégie décennale d’accompagnement” visant à renforcer l’accès aux soins palliatifs en France. Cette stratégie vise à atteindre un budget de 2,7 milliards d’euros par an d’ici 2034, contre 1,6 milliard d’euros actuellement. Le gouvernement s’engage à développer les soins palliatifs avant d’assurer l’accès à l’aide à mourir en fin de vie.
La stratégie prévoit la création d’unités de soins palliatifs dans chaque département, la mise en place d’unités de soins palliatifs pour les patients pédiatriques, le renforcement des soins palliatifs à domicile, la création de “maisons” d’accompagnement pour les patients, la mise à disposition d’un plan d’accompagnement personnalisé pour environ 50 000 patients chaque année, le renforcement du soutien aux proches, un effort de formation pour les professionnels de santé et les étudiants et la reconnaissance du bénévolat d’accompagnement.
Conditions d’accès à l’aide à mourir
Le texte précise que cette prestation ne peut être accordée qu’aux personnes en fin de vie qui remplissent simultanément les cinq conditions suivantes :
- Être âgé d’au moins 18 ans
- Être de nationalité française ou résider en France,
- La volonté peut être exprimée “librement et consciemment”,
- Révéler la présence d’une maladie grave et incurable ; cette maladie doit affecter le pronostic vital de la personne à court ou moyen terme,
- Souffrir de douleurs physiques ou psychologiques “insupportables ou intolérables”.
Le patient doit présenter sa demande à un médecin, qui doit prendre sa décision dans les quinze jours suivant la demande, en concertation avec un spécialiste et un soignant du demandeur. Le texte précise que le patient doit prendre lui-même une substance létale, mais s’il n’a pas les moyens de le faire, il peut en faire la demande à une personne de son choix, ou sa demande peut être exécutée par un professionnel de santé ou un infirmier facultatif. Le projet de loi français aborde spécifiquement deux questions importantes :
La définition de l’espérance de vie à moyen terme et les instructions prédéterminées qui ne sont pas prises en compte.
La définition de l’espérance de vie à moyen terme est importante pour clarifier le champ d’application de cette réglementation légale. En effet, si l’espérance est fixée à quelques semaines ou à quelques mois, les pathologies ouvrant droit au capital décès peuvent être différentes.
Les conditions de ce projet de loi sont similaires à certains égards aux pratiques en vigueur en Belgique et aux Pays-Bas. Toutefois, en Belgique et aux Pays-Bas, le champ d’application des dispositions légales peut être plus large. Par exemple, dans ces pays, les maladies neurologiques telles que la démence peuvent également être reconnues comme un motif d’aide à mourir, alors qu’en France, cela n’est pas explicitement indiqué.
La légalisation de l’aide à mourir en France est une question controversée et comporte encore des incertitudes à de nombreux égards. En particulier, des questions telles que la définition de l’espérance de vie à moyen terme et la prise en compte des directives anticipées doivent être étudiées en détail.
Les opinions de l'Église sur la Fin de Vie
L’Église catholique française a décidé de se doter d’un porte-parole en amont des débats parlementaires. La Conférence des évêques de France désignera quatre évêques pour aborder la question “infiniment grave et complexe” de “l’accompagnement des malades et des personnes en fin de vie”, a-t-elle annoncé mercredi.
“Au regard des nombreuses échéances, parlementaires notamment, qui jalonneront l’actualité des semaines et mois à venir”, la Conférence des évêques de France (CEF) a désigné quatre évêques comme porte-parole.
Les quatre porte-parole élus sont : Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges (Haute-Vienne) ; Matthieu Rougé, évêque de Nanterre (Hauts-de-Seine) ; Emmanuel Gobilliard, évêque de Digne, Riez et Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) ; et Vincent Jordy, archevêque de Tours (Indre-et-Loire).
Bien que le projet de loi français sur l’aide médicale à mourir représente une avancée significative, mais il présente certaines limitations par rapport aux exemples internationaux.
En particulier, l’élimination des incertitudes concernant l’espérance de vie des patients et certaines catégories de maladies pourrait améliorer l’efficacité de la loi. Il est important que les discussions futures soient menées dans un cadre qui tienne compte à la fois des préférences individuelles et des valeurs sociétales.
Auteur / autrice
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Hazal Köse est diplômée en 2023 de la licence en Langue et Littérature Françaises. Elle a également suivi une mineure en langue et littérature anglaise et a obtenu un diplôme de premier cycle en Médias et Communication. Depuis le début de ses études, elle a acquis de l'expérience en stage dans diverses institutions publiques, organisations non gouvernementales et think tanks. Elle parle turc, anglais et français.
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