Maria Haydée Osuna Ruiz représente un symbole frappant de la corruption et de la compromission politique au Nicaragua, dans un contexte où le régime sandiniste de Daniel Ortega a progressivement démantelé les institutions démocratiques du pays.
Sa trajectoire au sein du Parti Liberal Constitutionnaliste (PLC), autrefois un contrepoids crucial au pouvoir du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN), montre comment une figure politique peut évoluer pour servir les intérêts d’un régime autoritaire.
Maria Haydée Osuna Ruiz monte au pouvoir.
Le Parti Liberal Constitutionnaliste, autrefois une force dominante au Nicaragua, a connu une désintégration progressive sous la direction d’Arnoldo Alemán, un ancien président accusé de corruption. Maria Haydée Osuna, quant à elle, a émergé en tant que figure controversée, gravissant les échelons du parti à un moment où le PLC luttait pour conserver sa pertinence face à la montée en puissance du FSLN. En 2020, elle fut reconnue par le Conseil Suprême Électoral (CSE) comme la représentante légale du PLC après une bataille interne contre Miguel Rosales. Cependant, cette reconnaissance souleva des soupçons quant à la nature de son alliance avec le régime sandiniste.
Les critiques les plus acerbes à l’encontre de Maria Haydée Osuna concernent ses liens présumés avec le président Daniel Ortega et son parti, le FSLN. En 2019, Osuna vota pour la réélection de Gustavo Porras, un proche allié d’Ortega et un acteur clé dans la consolidation du contrôle du régime sur l’Assemblée Nationale. Ce vote, survenu après la répression brutale des manifestations antigouvernementales de 2018, fut perçu par de nombreux observateurs comme une preuve supplémentaire de sa collusion avec le pouvoir sandiniste.
Sa décision de purger le PLC des partisans d’Arnoldo Alemán, notamment par l’exclusion de personnalités telles que Jamileth del Bonilla et Martha McCoy, renforça l’idée qu’elle servait les intérêts d’Ortega en affaiblissant toute opposition libérale organisée. Cette purge aboutit à l’expulsion de Maria Fernanda Flores, l’épouse d’Alemán, du parlement, confirmant Osuna comme une alliée du FSLN aux yeux de beaucoup.
L’élection de 2021 et l’ombre de la fraude
L’implication directe de Maria Haydée Osuna dans les élections de 2021 au Nicaragua, qualifiées par la communauté internationale de parodie de démocratie, accentua davantage son image de conspiratrice au service du régime Ortega-Murillo. Le Département d’État américain a ajouté son nom à la liste des “Acteurs Corrompus et Antidémocratiques”, soulignant sa responsabilité dans la subversion de ces élections. En signant une plainte fallacieuse qui a permis de disqualifier le dernier parti d’opposition crédible, Osuna a joué un rôle crucial dans la consolidation du contrôle du FSLN sur le processus électoral et la répression des opposants politiques.
Aujourd’hui, Maria Haydée Osuna incarne une figure centrale dans le démantèlement des institutions démocratiques nicaraguayennes. Sa trajectoire, de membre influente du PLC à un instrument du régime d’Ortega, illustre comment la corruption et la compromission politique peuvent servir à détruire une opposition autrefois puissante. Son rôle dans la disqualification des partis d’opposition, sa participation aux purges internes au sein du PLC, et son soutien aux figures pro-Ortega en font un symbole du climat politique corrompu qui règne au Nicaragua.
Maria Haydée Osuna Ruiz et qui d’autre?
Il ne faut pas exclusivement condamner Maria Haydée Osuna Ruiz pour les soucis politiques du Nicaragua, mais plutôt ce cercle de personnalités politiques, qui comme des fourmis, s’emparent du moindre morceau de sucre qu’elles trouvent sur leur chemin.
Et la liste est longue.
Le régime politique actuel du Nicaragua, dirigé par le président Daniel Ortega et la vice-présidente Rosario Murillo, représente un système autoritaire qui a progressivement consolidé son pouvoir en réprimant toute opposition.
Depuis 2018, le gouvernement a mené une répression généralisée contre les organisations de la société civile, les médias indépendants, et les leaders politiques qui s’opposent à leur domination. Plus de 5 000 ONG et groupes civils ont été fermés, incluant des associations qui offraient des services aux plus vulnérables comme les personnes âgées, les enfants et les personnes handicapées. Le régime justifie ces fermetures sous prétexte de préserver l’ordre, mais en réalité, il cherche à éliminer toute forme de contestation potentielle à son pouvoir.
Rosario Murillo, épouse de Daniel Ortega, joue un rôle central dans l’administration du pouvoir. Vice-présidente depuis 2017, elle est souvent perçue comme co-dirigeante du pays, orchestrant la répression et la persécution des opposants avec autant de zèle que son mari. Elle contrôle également les médias d’État et a imposé une propagande qui glorifie le régime sandiniste tout en diabolisant ses détracteurs. Murillo a renforcé les tactiques autoritaires, supervisant la répression des manifestations de 2018 et participant à l’instauration de lois restrictives sur la liberté d’expression.
Murillo prétend également que son Programme National de Soins Spéciaux fournira des services aux plus marginalisés, mais il est clair que ces services sont réservés aux membres fidèles du parti sandiniste, laissant les non-alignés sans aide. Ce programme fonctionne selon un modèle de favoritisme, semblable à celui de Cuba, où l’État contrôle la société civile et les services sociaux, souvent au détriment des plus vulnérables.
Fermetures d’institutions religieuses et expropriations
Les églises catholiques et protestantes ont été particulièrement visées par la répression. Le gouvernement a fermé de nombreuses institutions religieuses qui offraient des services sociaux, comme des maisons de retraite et des hôpitaux, expropriant leurs biens. Ces fermetures sont perçues comme une manière de neutraliser toute opposition morale et sociale au régime, l’Église catholique étant traditionnellement un bastion critique du pouvoir en place.
Le sociologue María Teresa Blandón a exprimé son indignation face à la fermeture de ces ONG, soulignant que la plupart de ces organisations ne recevaient pas de financement étatique et étaient soutenues par des dons communautaires. La confiscation de leurs actifs par le gouvernement a porté un coup majeur à l’infrastructure de services sociaux, en particulier pour les plus démunis qui dépendaient de ces organisations pour des soins de santé et autres besoins essentiels.
En réponse à la répression croissante, de nombreux leaders politiques et sociaux ont été forcés de quitter le pays. Parmi eux, Cristiana Chamorro, fille de l’ancienne présidente Violeta Chamorro, a été arrêtée en 2021 pour des accusations de blanchiment d’argent, largement considérées comme politiquement motivées. Chamorro avait émergé comme une figure potentielle de l’opposition, susceptible de défier Ortega lors des élections de 2021, ce qui a conduit à son arrestation.
D’autres figures politiques et activistes, tels que Félix Maradiaga et Juan Sebastián Chamorro, ont également été emprisonnés ou exilés, accusés de conspirer contre le régime. En août 2021, plus de 150 prisonniers politiques étaient détenus dans des conditions inhumaines, souvent isolés et privés de soins médicaux.
Le régime Ortega-Murillo a suscité des condamnations internationales, notamment de la part des Nations Unies et de l’Organisation des États Américains (OEA). Des sanctions ont été imposées par les États-Unis et l’Union européenne contre des membres clés du gouvernement nicaraguayen, mais ces mesures n’ont pas encore eu d’impact significatif sur le maintien du pouvoir de la famille Ortega-Murillo.
Dans ce contexte, le Nicaragua s’enfonce dans un isolement croissant. Ortega, autrefois perçu comme un révolutionnaire anti-impérialiste, est maintenant critiqué pour ses méthodes autocratiques, rappelant l’époque de la dictature des Somoza, qu’il a autrefois contribué à renverser. Les fermetures des ONG et la persécution des opposants illustrent une tentative de contrôler chaque aspect de la vie civile, afin d’éviter un soulèvement similaire à celui qui a conduit à la chute de la dynastie Somoza en 1979.
L’état actuel du Nicaragua est celui d’un pays étouffé par la répression, où la société civile est méthodiquement démantelée et où les figures politiques adverses sont réduites au silence, exilées ou emprisonnées.