Ce 21 Novembre, la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas, marque une étape historique dans la justice internationale et surtout le conflit israélo-palestinien.
Accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, ces dirigeants se retrouvent au centre d’un débat juridique, politique et moral qui divise la communauté internationale.
Benyamin Netanyahou allait forcément être arrêté.
Les charges portées contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant concernent les conséquences humanitaires de leur politique envers la bande de Gaza. Selon la CPI, ces dirigeants auraient intentionnellement privé la population civile de Gaza de ressources essentielles, telles que la nourriture, l’eau, le carburant et les soins médicaux, en violation flagrante du droit humanitaire international. Ces actions auraient conduit à une crise humanitaire sans précédent, causant environ 35,000 morts liés à la malnutrition, à la déshydratation et à des pathologies non soignées.
Pour Mohammed Deif, la CPI rappelle des attaques répétées contre des civils israéliens, constituant des crimes de guerre selon les conventions internationales. Les mandats d’arrêt pourraient signer l’arrêt du conflit israélo-palestinien, puisque les deux parties sont accusées de violations graves des droits humains.
Israël, qui n’est pas membre du Statut de Rome, conteste la compétence de la CPI. Cependant, la Chambre préliminaire a statué que la Cour avait juridiction sur les territoires palestiniens, reconnus partiellement comme un État par plusieurs institutions internationales. Cette décision met en lumière une question cruciale : comment appliquer le droit international dans un contexte où certains États refusent de reconnaître l’autorité des tribunaux internationaux ?
Les mandats d’arrêt émis par la CPI signifient que Benyamin Netanyahou, Gallant et Deif risquent l’arrestation s’ils se rendent dans l’un des 120 pays membres du Statut de Rome. Si ces mandats sont principalement symboliques, leur impact pourrait être significatif sur le plan diplomatique, limitant les déplacements internationaux des accusés et augmentant la pression sur Israël et le Hamas.
La riposte de Benyamin Netanyahou ne se fait pas attendre
Benyamin Netanyahou a rapidement réagi, qualifiant la décision de la CPI d’« antisémite » et la comparant au célèbre procès Dreyfus, qui avait révélé l’antisémitisme institutionnel en France au XIXe siècle. Dans une déclaration enflammée, il dit que cette décision ne visait pas seulement lui-même, mais tous les citoyens israéliens.
« La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus moderne », a-t-il déclaré, promettant de « défendre l’honneur et les droits d’Israël ».
Le gouvernement israélien s’est également mobilisé pour dénoncer les mandats d’arrêt. Gideon Saar, ministre des Affaires étrangères, a accusé la CPI de perdre toute légitimité en s’engageant dans ce qu’il a appelé une « chasse aux sorcières politique ». Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a qualifié cette décision de « mascarade juridique » et de « nouvelle forme d’antisémitisme moderne ».
Beaucoup d’israeliens denoncent ne pas se sentir soutenus par l’Europe et ne pas leur faire confiance: “On affirme depuis les années 1970, en Israël, que les Européens appuient systématiquement nos adversaires et que leur présence dans les commissions ou négociations internationales n’est donc qu’un obstacle.” explique Avi Primor dans un article de Cairn
À Tel-Aviv et à Jérusalem, des manifestations ont éclaté pour soutenir le Premier ministre, certains citoyens affirmant que la CPI ne comprend pas les défis sécuritaires auxquels Israël est confronté. Des voix dissidentes à l’intérieur même d’Israël ont critiqué Benyamin Netanyahou, parce que sa politique pourrait isoler encore davantage le pays et en faire un “mouton noir”.
Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a insisté sur le fait que « les décisions de la CPI doivent être respectées et appliquées ». Cette déclaration est alignée avec la position officielle de l’Union européenne, qui soutient la justice internationale. Certains États membres hésitent encore à s’impliquer activement, craignant de compromettre leurs relations avec Israël.
Les États-Unis, traditionnellement alliés d’Israël, se trouvent dans une position délicate. L’administration Biden a exprimé son soutien à Israël et a évité de critiquer directement la CPI, se concentrant sur les efforts diplomatiques pour désamorcer les tensions régionales, notamment au Liban. Maintenant que Trump revient à la Maison Blanche, il se pourrait la situation s’enflamme davantage puisque Trump est assez aligné avec la politique d’Israël, surtout par rapport à l’Iran après avoir rompu les accords nucléaires avec l’Iran
Le Hamas a salué les mandats d’arrêt émis contre Netanyahou et Gallant, les qualifiant d’« avancée vers la justice ». L’organisation a évité tout commentaire sur le mandat visant Mohammed Deif, révélant une stratégie politique visant à minimiser ses propres responsabilités.
Les mandats d’arrêt pourraient accroître l’isolement diplomatique d’Israël. Déjà confronté à des critiques croissantes sur sa politique en Cisjordanie et à Gaza, le pays pourrait voir ses relations avec certains alliés traditionnels se détériorer. La France, par exemple, a exprimé des inquiétudes croissantes concernant les actions militaires israéliennes au Sud-Liban, une région où la situation reste explosive.
Les mandats d’arrêt surviennent dans un contexte de tensions accrues entre Israël et le Hezbollah au Liban. Les affrontements le long de la frontière nord, associés à une intensification des frappes israéliennes à Gaza, soulignent la complexité d’une situation où chaque action militaire peut avoir des répercussions internationales.