Le vendredi 20 décembre, une attaque inimaginable a frappé la ville de Magdebourg, capitale du Land de Saxe-Anhalt en Allemagne. Une voiture de type BMW noir a foncé dans la foule présente au marché de Noël, causant la mort de deux personnes, dont un enfant, et blessant 68 autres, dont 15 gravement. Cet événement tragique survient dans un pays marqué par une série d’attaques similaires ces dernières années, et des tensions politiques quant aux politiques d’immigration qui ont été validées par l’Union européenne.
Cela ravive des craintes profondes sur la menace terroriste, que nous avions déjà vécue en France il y a quelques années avec Charlie Hebdo.
L’expérience d’un Noël raté et défini par la couleur du deuil suite à une attaque qui a tué des innocents.
L’attaque s’est déroulée en début de soirée, hier, à 19 heures, lorsque le marché de Noël grouillait et plein de monde y était. Le véhicule a parcouru environ 400 mètres à vive allure, renversant tout sur son passage. Selon les premières informations, le conducteur, identifié comme Taleb A., un médecin psychiatre d’origine saoudienne, aurait agi seul. Âgé de 50 ans, il vivait en Allemagne depuis 2006 et bénéficiait d’un permis de résidence permanent.
Des témoins oculaires ont décrit des scènes de panique, avec des familles terrorisées et des secours submergés par l’ampleur des blessures. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent le chaos laissé dans le sillage de la voiture : étals détruits, bris de verre et traces de sang.
L’arrestation rapide du conducteur a permis d’écarter la menace d’une attaque en série, mais les autorités peinent à déterminer les motivations derrière cet acte. Taleb A., selon plusieurs médias allemands, aurait exprimé des opinions critiques envers l’islam sur les réseaux sociaux, se positionnant également en faveur de l’extrême droite et du parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD). Cependant, aucun lien direct avec une organisation terroriste ou un groupe extrémiste n’a été établi à ce jour.
Des experts soulignent que ses publications récentes faisaient état d’un ressentiment envers les autorités allemandes, qu’il accusait de cibler les demandeurs d’asile saoudiens. Le ministre-président de Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff, a évoqué un acte probablement isolé, mais a reconnu que les investigations restent ouvertes à toutes les hypothèses, y compris celle de troubles psychiatriques.
L’attaque de Magdebourg intervient presque huit ans jour pour jour après l’attentat de Berlin en 2016, où un camion avait foncé dans un marché de Noël, causant la mort de 13 personnes. Depuis, les marchés de Noël, symbole fort des festivités hivernales allemandes, sont devenus des cibles pour les actes violents.
“19 décembre 2016 : Berlin
20 décembre 2024 : MagdebourgIl y a 8 ans entre ces attaques. Nous n’avons rien appris. Rien n’a changé.Tout ce qui en est sorti de ces affaires, c’est « continuez ainsi » et « encore ».
Manaf Hassan, journaliste allemand.
La réaction nationale et internationale ne s’est pas fait attendre. Le chancelier Olaf Scholz, accompagné de la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser, s’est rendu sur les lieux pour exprimer son soutien aux victimes et à leurs proches. “Chaque vie perdue dans cette attaque est une tragédie humaine qui dépasse l’entendement“, a-t-il déclaré.
De nombreux dirigeants étrangers ont également adressé leurs condoléances, soulignant la résilience du peuple allemand face à ces épreuves. Parmi eux, le Premier ministre britannique Keir Starmer a exprimé son horreur, tandis que l’Arabie saoudite a condamné fermement l’attaque tout en évitant d’évoquer la nationalité du suspect.
Cette tragédie risque de polariser davantage le débat politique en Allemagne, déjà marqué par des tensions autour de l’immigration et de la sécurité. L’AfD, en tête dans plusieurs sondages pour les élections régionales de février 2025 et soutenue par Elon Musk, a immédiatement exploité l’incident pour dénoncer les politiques migratoires du gouvernement. “Quand cette folie prendra-t-elle fin ?” a écrit Alice Weidel, dirigeante du parti, sur les réseaux sociaux.
Les autorités appellent à la prudence face aux amalgames. Le président Frank-Walter Steinmeier a rappelé que “les motivations exactes de cet acte odieux restent à déterminer“. Il a également exhorté la population à ne pas céder à la haine ou à la stigmatisation.
Après des attaques si violentes, est-ce que les marchés de Noël sont en péril?
Suite au deuil et à la douleur, l’attaque pose la question de la sécurité des marchés de Noël. Ces événements, enracinés dans la tradition allemande depuis le Moyen Âge, attirent chaque année des millions de visiteurs du monde entier. Mais leur popularité en fait également des cibles symboliques pour ceux qui cherchent à semer la terreur.
En réponse, plusieurs villes allemandes ont annulé leurs marchés prévus pour le week-end, par solidarité avec Magdebourg et par mesure de précaution. Des discussions sont en cours pour renforcer les dispositifs de sécurité, incluant davantage de barrières anti-intrusion et une présence policière accrue.
Alors que les habitants de Magdebourg se réunissent pour honorer la mémoire des victimes, l’Allemagne entière s’interroge sur la suite. Si la vigilance reste essentielle, certains experts appellent à un examen plus approfondi des facteurs sociaux et psychologiques susceptibles de conduire à de tels actes.
“Le terroriste de Magdebourg aurait pu conduire sa voiture dans un festival de rue musulman ou une manifestation de fans syriens d’Al-Kaida.
Il a choisi comme objectif la chose la plus allemande à laquelle il pouvait penser : un Noël traditionnel rempli de familles allemandes. C’était du terrorisme anti-allemand.“
Martin Sellner
En cette période festive, les bougies allumées à Magdebourg symbolisent non plus la naissance de Jésus, mais le deuil.