Dans l’immensité glaciale de l’Antarctique, à des milliers de kilomètres de toute civilisation, une équipe de chercheurs sud-africains se retrouve piégée dans une situation cauchemardesque.
Ce qui pourrait ressembler au scénario d’un film de série B est en réalité un drame bien réel : un des membres de la mission est devenu violent et menaçant envers ses collègues et les a aggressés physiquement et sexuellement.
Une crise qui met à nouveau en évidence les dangers psychologiques de l’isolement extrême et l’insuffisance des protocoles de sécurité dans les bases de recherche antarctiques.
Une équipe en danger
L’équipe, composée de neuf chercheurs – six hommes et trois femmes –, est stationnée à SANAE IV, une base sud-africaine située à environ 100 miles du bord de la calotte glaciaire. Ces scientifiques sont engagés dans une mission de recherche de longue durée, qui ne prendra fin qu’en décembre, lorsque les températures deviendront plus clémentes pour les opérations logistiques.
D”après The Guardian et le New York Times, l’un des membres de l’expédition a commencé à adopter un comportement de plus en plus instable peu après leur arrivée en février. Des plaintes avaient déjà été formulées avant leur départ, mais elles n’ont pas été prises au sérieux par les autorités sud-africaines.
D’après un email alarmant envoyé par un des chercheurs :
“Son comportement a atteint un niveau particulièrement inquiétant. Je crains en permanence pour ma propre sécurité, me demandant si je serai la prochaine victime.“
L’agresseur, dont l’identité n’a pas été officiellement révélée, aurait menacé de mort plusieurs de ses collègues et agressé sexuellement au moins deux d’entre eux. Ses actes ont instauré un climat de peur au sein de la base et cela a compliqué encore davantage les conditions d’existence déjà extrêmes de l’Antarctique.
Une réaction gouvernementale décevante
La réaction du gouvernement sud-africain a été insuffisante et évasive. Le ministre de l’Environnement, Dion George, a déclaré :
“Il n’y a eu aucun incident nécessitant le rapatriement d’un des neuf membres. Tout est sous contrôle à la base.”
Le Ministre a rappelé que des mesures de médiation ont été mises en place, et l’auteur des faits aurait présenté des excuses formelles après une évaluation psychologique. Mais pour les victimes et les observateurs extérieurs, ces réponses apparaissent largement insuffisantes.
En raison de l’isolement extrême de SANAE IV, toute intervention extérieure est presque impossible en dehors des rares fenêtres de ravitaillement. L’absence de personnel dédié à la sécurité et de protocole d’évacuation rapide pour des cas aussi graves est problématique, surtout lorsqu’il s’agit de bases en Antartique.
La folie de l’isolement
Les chercheurs en Antarctique sont confrontés à des conditions extrêmes : obscurité quasi permanente en hiver, températures descendant jusqu’à -75°C, vents soufflant à plus de 190 km/h et absence totale de vie extérieure.
Les psychologues et spécialistes du domaine ont déjà étudié les effets psychologiques de ces environnements hostiles et ont bien dit qu’il y avait des risques de troubles comportementaux, d’agressivité et de paranoïa.
L’isolement prolongé exacerbe, en général, des problèmes mentaux préexistants, et peut en déclencher de nouveaux. Même si les membres des expéditions passent des tests psychologiques avant leur départ, il est impossible de prévoir réellement comment chaque individu réagira sur le long terme. Un ancien chef de mission en Antarctique, Van Niekerk, déclarait :
“Vous ne pouvez jamais prévoir comment l’isolement affectera les gens. J’ai vu des personnes perdre toute notion de la réalité.”
En 2023, l’ancien équipage de SANAE IV avait d’ailleurs produit un court-métrage d’horreur sur leur station qui montrait des chercheurs hantés par des esprits. L’ironie du sort a voulu que l’actuelle équipe vive désormais une réalité qui surpasse la fiction.
Que faire maintenant ?
Les experts du monde polaire sont unanimes : un protocole d’urgence doit être mis en place pour évacuer les membres en danger. Même si les opérations de secours sont complexes, des moyens existent : des brise-glaces et des avions spécialement équipés peuvent être mobilisés.
Le manque de volonté politique et logistique laisse une trace sur l’expédition. Si rien n’est fait, ces chercheurs devront survivre encore plusieurs mois sous la menace constante d’un individu dangereux.
En attendant, pour les neuf membres de SANAE IV, l’Antarctique est devenu une prison glaciale où chaque jour est une lutte pour la survie.