Dans l’État de Kano, au nord du Nigeria, deux influenceurs locaux ont été forcés de se marier par décision de justice, après la diffusion d’une vidéo virale où ils s’embrassaient sur TikTok. Mais coup de théâtre : le mariage a été annulé par la police de la charia, quelques jours plus tard, quand le jeune homme a reconnu avoir menti devant le juge.
Quand un simple baiser devient une affaire d’État au Nigeria
Tout a commencé par une courte vidéo publiée sur TikTok. On y voit Idris Mai Wushirya et Basira Yar Guda, une influenceuse atteinte de nanisme, s’embrassant et se prenant dans les bras.
Rien d’extraordinaire pour la plupart des internautes, mais dans l’État conservateur de Kano, ce geste d’affection a été jugé “indécent”.
Lundi 20 octobre, un juge a ordonné à la police religieuse, appelée Hisbah, d’organiser leur mariage sous 60 jours. « Le tribunal a estimé que, puisque ces deux-là s’aiment au point de s’afficher ainsi, ils doivent se marier », a expliqué Baba-Jibo Ibrahim, porte-parole de la justice locale.
Le mensonge qui a tout fait basculer
Lors des préparatifs du mariage, Mai Wushirya a fini par admettre à la police religieuse nigériane qu’il n’aimait pas réellement Yar Guda et qu’il avait menti au tribunal.
Il aurait assuré être amoureux uniquement pour éviter des poursuites liées à la vidéo.
“Il nous a dit qu’il ne voulait pas l’épouser et qu’il avait menti pour se protéger”, a confirmé Abba Sufi, le directeur général de la Hisbah.
Face à ces aveux, la police religieuse a décidé d’annuler purement et simplement le mariage et de renvoyer le dossier au juge.
La police de la charia au cœur du contrôle moral au Nigeria
Créée en 2001 pour appliquer la charia dans l’État de Kano, la Hisbah veille sur les comportements publics : vêtements jugés inappropriés, musique, relations amoureuses, consommation d’alcool…
Son autorité s’est peu à peu étendue aux réseaux sociaux, où elle traque les contenus considérés comme “immoraux”.
En 2022, le bureau de la censure de Kano, déjà chargé de surveiller Kannywood, l’industrie cinématographique locale, a étendu son champ d’action aux influenceurs.
Kannywood, souvent présentée comme la version haoussa de Nollywood, produit plus de 200 films par mois et fait vivre des centaines d’artistes. Mais la morale religieuse y reste très stricte : les baisers et les contacts physiques à l’écran sont interdits.


