La Justice environnementale n’est pas un mouvement social récent. Ce concept apparu dans les années 1970 a pris beaucoup d’ampleur dans les années suivantes alors que l’affaire de Warren County en Caroline du Nord a eu lieu en 1982.
Ce cas a vu la population afro-américaine s’opposer à la construction d’une décharge pour déchets toxiques. Beaucoup ont alors fait un rapprochement avec le mouvement des droits civiques où les populations noires se sont battues pour l’égalité des droits.
En effet, il s’avère que les communautés noires, latines et autochtones aux États-Unis sont plus susceptibles de vivre près de sites industriels polluants, de décharges ou d’autres sources de pollution sans avoir d’autorité sur la gestion de ces polluants ou une compréhension de comment les politiques locales pourraient affecter leur environnement.
Le mouvement de justice environnementale est donc né de la volonté de défendre les droits des populations qui ne souhaitent pas polluer la Terre et souhaitent préserver leurs lieux de vie.
Aujourd’hui, de nombreux activistes estiment que ce mouvement est en danger suite au retour de Trump à la Maison Blanche.
La justice environnementale est un mouvement qui vise à éduquer des populations qui souffrent des problèmes de pollution.
Magali R. Rojas Serrano travaille pour le centre de justice environnementale de Kansas City au Missouri. Elle débute en nous rappelant que le nouveau mandat de Trump a causé de nombreux soucis pour ce mouvement puique le changement climatique n’est pas une priorité pour le gouvernement.
Elle définit la justice environnementale comme étant un mouvement qui défend les droits humains notamment des personnes vulnérables: “Quand on parle de justice environnementale et des effets de la pollution dans les zones rurales ou urbaines, sur la façon dont cela affecte l’économie, les personnes les plus vulnérables, que ce soit les enfants ou les femmes, les personnes âgées, handicapées, nous regardons tous les facteurs sociaux.
C’est à dire qu’on examine la manière dont nous pouvons éduquer et sensibiliser la population à ce sujet. Ici à Kansas City, le travail que j’ai commencé à faire et se concentrait vraiment sur la justice environnementale avait à voir avec le bassin hydrographique de la rivière Bleue qui commence dans le comté de Johnson et puis qui traverse des zones plus rurales en passant par Kansas City, et coule dans la rivière Missouri et les zones où se trouve Blue Valley Park.
J’ai grandi à l’est de Kansas City, et dans cette région, j’ai remarqué la différence entre les bâtiments plus anciens et les pratiques de “redlining” (une pratique discriminatoire, illégale, qui consiste à empêcher les populations de certaines ethnicités d’avoir accès à certains services*), ce qui rendait la situation vraiment difficile pour les personnes qui me ressemblaient, avec une peau de couleur foncée, à acheter un logement et pouvoir sortir de ces zones et d’essayer de défendre ensemble les droits des hommes.
Cela était dû aux barrières linguistiques et au fait d’avoir des revenus plus faibles. Je remarque que les personnes noires y sont le plus souvent confrontées, ainsi que les personnes blanches à faible revenu.
Les problèmes environnementaux étaient différents selon qu’elles se trouvaient dans des zones environnementales rurales ou urbaines. Pour les zones rurales, nous avons constaté la déforestation des terres, une surutilisation des pesticides, l’épuisement des nappes phréatiques.
Dans les zones urbaines, c’était la pollution de l’air qui était la pire, principalement causée par les émissions des véhicules, contribuant aux problèmes respiratoires et à la mauvaise qualité de l’air. Nous avons parlé de la rivière Blue où il y a le ruissellement des gouttières qui transporte des polluants comme des produits chimiques et des débris.
Il y a aussi d’autres pollutions intérieures que nous ignorons comme les moisissures et le plomb et l’amiante ainsi que les choses que nous respirons, qui sont cancérigènes.“
L’administration Trump ne valorise pas ce mouvement de justice sociale.
Magali ne mâche pas ses mots aux sujets de l’administration Trump : “Je pense que Trump va ruiner la planète et ça me rend un peu triste.“
Le président américain a indiqué à de nombreuses reprises qu’il ne croyait pas aux prédictions d’activistes qui défendent la justice environnementale, particulièrement en la notion de réchauffement climatique: ” La planète s’est un peu rafraîchie ces derniers temps. Le changement climatique, c’est une notion fourre-tout. Il peut pleuvoir, il peut faire sec, il peut faire chaud, il peut faire froid. Je crois que je suis vraiment un écologiste. J’ai d’ailleurs reçu des prix environnementaux.” dit-il en octobre 2024.
Pour ceux qui soutiennent le mouvement de justice environnementale, cela ne fait ni queue ni tête parce que le but de ce mouvement social est d’informer sur les réalités de ce “fourre-tout” et quel impact cela peut avoir sur la vie des populations jugées vulnérables.
Nier l’importance de cette notion, c’est limiter l’importance des programmes qui éduquent la population quant aux sujets environnementaux.
Magali l’explique: “Il faut que les gens puissent comprendre ce que les hommes politiques font, comment ils abordent ces lois pour lutter contre cette injustice, c’est très crucial pour créer une voie pour le changement politique. S’engager avec ces dirigeants locaux et impliquer la communauté pour unifier ces voix et plaider pour le changement permet de trouver des solutions efficaces.“