L’Institut de Communication et d’information Scientifique et Technologique en matière de santé brésilien a enregistré 896 événements climatiques extrêmes au Brésil entre janvier et novembre 2024. Entre vagues de chaleur intenses, inondations dévastatrices et pluies diluviennes, le Brésil est un des pays les plus touchés par les catastrophes naturelles en lien avec les changements climatiques.
En avril 2010, à la suite de plusieurs jours de pluie, plusieurs favelas de Rio de Janeiro et de la ville voisine de Niterói s’écroulent et engloutissent avec elles une centaine de personnes. Ce drame, loin d’être un cas isolé, montre la fragilité des favelas face à des épisodes climatiques de plus en plus fréquents.
Quand la nature s’acharne sur les plus démunis
Au Brésil, les catastrophes naturelles frappent de plein fouet les habitants des favelas. Ces bidonvilles brésiliens, symboles de la pauvreté et des inégalités qui rongent le pays, figurent parmi les zones les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Construites en marge des villes et sans réglementation, ces habitations de fortunes sont bien plus exposées au risque d’effondrement que les bâtiments du centre-ville lors de fortes intempéries. Les dangers liés à l’effondrement de ces foyers précaires sont constants et n’attendent parfois pas la pluie.
En avril 2019, des pluies torrentielles ont précipité la chute d’une construction illégale au cœur d’une favela du quartier ouest de Rio de Janeiro et a provoqué la mort de sept personnes et la disparition d’une vingtaine de résidents. Un an plus tard, en mars 2020, des inondations abondantes et des glissements de terrain ont frappé les favelas et des quartiers informels de la région côtière de l’État de Sao Paulo. Le bilan de cette nouvelle tragédie climatique s’élève à 39 morts et à 41 disparus.
Quand les inondations ne sont pas fatales, elles entraînent des dégâts avec des torrents de pluie s’abattant sur les infrastructures électriques fragiles qui alimentent les favelas. Une étude menée par le journal Brésilien Brasil de fato estime que les coupures d’électricité sont huit fois plus fréquentes dans les quartiers périphériques de São Paulo qu’en son centre.
Lorsque la pluie s’arrête, le soleil devient la nouvelle source d’inquiétude des habitants des favelas. Ces quartiers, construits à l’aide de matériaux retenant la chaleur, deviennent de véritables fournaises en période caniculaire. L’absence d’espaces verts dans ces zones aggrave la qualité de l’air, le rendant difficile à respirer. Le manque d’arbre reflète bien les conditions difficiles des zones marginalisées.
Alors que les quartiers centraux de São Paulo comptent 30 % d’arbres en plus que les recommandations de l’ONU, le quartier périphérique de São Mateus dispose d’une densité d’arbre de seulement 1 %.
Des initiatives environnementales dans et hors des favelas
En réponse à l’aggravation des catastrophes climatiques, la notion de justice climatique (Justiça Climática) s’est popularisée au Brésil pour faire valoir les droits des personnes les plus vulnérables face aux risques environnementaux.
Au-delà des mots, des actions ont été mises en place. Dans les favelas, les initiatives communautaires sont portées par le Réseau des favelas durables (Rede das favelas sustentáveis) qui facilite l’accès à des subventions et favorise le dialogue entre les habitants et des institutions publiques. Des projets, comme l’installation de panneaux solaires, sont en cours pour rendre les favelas plus durables et permettre aux familles en difficulté d’accéder à l’électricité.
Au cœur de la Favela du Morro da Cruz dans la zone Nord de Rio, où le soleil ne laisse aucun répit, le projet écologique “Favela Viva” a vu le jour pour la première fois en 2021. Ce projet a pour but d’atténuer les hautes températures touchant les habitants des favelas au travers de la plantation des arbres. L’initiative vise à augmenter les zones vertes au sein des favelas de Rio tout en plantant des espèces menacées d’extinction.
Le sommet international du G20 de 2024 a eu lieu à Rio de Janeiro, où plusieurs organisations ont soutenu des projets environnementaux dans les zones défavorisées, ce qui permet de tisser un lien entre décideurs politiques et résidents des favelas.
“ A favela venceu”. Cette célèbre phrase souvent inscrite sur les murs des favelas ou encore chantée à plusieurs reprises dans des musiques de “funk brésilien”, genre musical né dans les favelas, est un moyen de dénoncer des inégalités et célébrer les petites victoires des communautés périphériques.
L’idée que “la favela est sortie victorieuse” met en avant la lutte quotidienne des habitants des favelas, foyers d’inégalités sociales et climatiques.