C’est l’histoire d’un banquier qui est maintenant à la tête d’un pays. Cette histoire qui rappelle vaguement le parcours d’Emmanuel Macron est en fait celle de Mark Carney, le nouveau Premier Ministre canadien.
Ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Carney apporte une expertise financière à un moment où le pays est confronté à des tensions commerciales avec son premier partenaire économique, les États-Unis.
Passer de la finance à la politique, le parcours sûr de Mark Carney
Né le 16 mars 1965 à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, Mark Carney est diplômé de Harvard et d’Oxford. Il a d’abord fait carrière dans la finance, travaillant pour Goldman Sachs, avant d’occuper des postes de haute responsabilité dans les banques centrales canadiennes et britanniques.
Son passage à la Banque du Canada (2008-2013) est marqué par une excellente gestion de la crise financière des subprimes, qui a permis de limiter les conséquences de la récession sur l’économie canadienne. À la Banque d’Angleterre (2013-2020), il a aussi fait face aux problèmes concernant le Brexit, ce qui l’aide à se forger une image de “gestionnaire de crises politiques et économiques” .
Son entrée en politique a été perçue comme une tentative du Parti libéral de se repositionner après la longue gouvernance de Justin Trudeau. Son profil technocratique et son expertise en gestion de crise ont séduit un électorat en proie à la panique suite aux menances proférées par Trump au sujet des taxes imposées au Canada.
Mark Carney va jouer un rôle très compliqué
L’arrivée de Mark Carney ne se fait pas à un moment opportun. Le Canada subit les répercussions d’une politique commerciale agressive de la part des États-Unis où il y a maintenant l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium canadiens par le président américain Donald Trump. Ces mesures protectionnistes fragilisent l’économie canadienne et pèsent sur l’emploi dans plusieurs secteurs industriels et commerciaux.
À cela s’ajoute une crise diplomatique due aux déclarations de Trump qui suggère une annexion du Canada en tant que 51ᵉ État américain. Cela n’est pas sans rappeler que Trump a également parlé d’une annexion du Groenland.
Ces propos, jugés insultants par de nombreux Canadiens, rappellent que la dépendance canadienne sur les États-Unis est devenue problématique.
Lutter contre la dépendance en se tournant vers des alliés européens.
Dès son entrée en fonction, Mark Carney a entamé une tournée diplomatique en Europe. Il a rencontré Emmanuel Macron en France et Keir Starmer au Royaume-Uni afin de renforcer les liens commerciaux et politiques avec ces puissances européennes, elles aussi visées par les tarifs de Trump.
Cette stratégie vise à diversifier les relations économiques du Canada pour réduire sa dépendance aux États-Unis. L’Union européenne représente un partenaire de plus en plus stratégique, surtout vis-à-vis des secteurs de l’énergie verte et de l’intelligence artificielle, où le Canada veut renforcer sa capacité à innover.
Carney a également rencontré le roi Charles III hier et des sources ont confirmé que cela s’était “bien déroulé“. Le jour et la nuit par rapport aux rencontres avec le président américain.
Un bras de fer avec Donald Trump
Mark Carney a adopté une position ferme face aux déclarations de Donald Trump. Il dit que le Canada “ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit” et dénonce des propos “irrespectueux“. Bien sûr, il a exigé que Washington cesse ses déclarations provocatrices avant toute négociation bilatérale sérieuse.
Cette offensive marque un début sur les chapeaux de roue. Son image auprès de l’opinion publique canadienne se dore très vite et un sentiment nationaliste grandissant s’est manifesté en réponse aux tensions avec les États-Unis. Dans les sondages, le Parti libéral a regagné du terrain face aux conservateurs, qui peinent à proposer une alternative crédible.
Avoir un homme politique qui s’oppose à Trump, ce n’est pas du luxe pour le Canada et l’Europe pourrait peut-être s’en inspirer.