À mesure que la Banque centrale européenne (BCE) se rapproche d’une décision cruciale sur les taux d’intérêt, l’issue pourrait marquer un tournant significatif dans la politique monétaire de la zone euro. Au cours de la dernière année, la BCE a mis en œuvre une série remarquable de dix hausses consécutives des taux d’intérêt, poussant les taux plus haut et plus rapidement que jamais.
Depuis juillet 2022, la BCE a augmenté les taux d’intérêt de 450 points de base au total, en réponse aux pressions inflationnistes principalement liées à la hausse des prix de l’énergie suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce cycle de resserrement a conduit le taux de dépôt clé à atteindre quatre pour cent, le niveau le plus élevé de l’histoire de la banque centrale.
Signes de stabilisation économique au milieu de l’incertitude
La zone euro, qui a précédemment lutté contre une inflation galopante, a commencé à observer une stabilisation graduelle de son paysage économique. En septembre, l’inflation est passée à 4,3 pour cent, en baisse par rapport au pic à deux chiffres enregistré à la fin de l’année précédente. Bien que ce chiffre dépasse toujours l’objectif de deux pour cent de la BCE, les coûts d’emprunt croissants ont commencé à peser sur le bloc monétaire.
Les projections économiques de la BCE pour septembre ont révisé à la baisse les prévisions de croissance de la zone euro, et le conflit en cours au Moyen-Orient a ajouté une couche supplémentaire d’incertitude. En conséquence, on s’attend à ce que la BCE fasse preuve de prudence et évite de nouvelles hausses de taux d’intérêt pour le moment, étant donné que les perspectives économiques mondiales restent incertaines.
Des données divergentes signalent une éventuelle pause dans le cycle de hausse
Les données économiques récentes ont révélé une perspective pessimiste pour la zone euro, ce qui pourrait influencer les décideurs à différer les hausses de taux d’intérêt supplémentaires. L’activité économique dans le bloc a connu un déclin en octobre, faisant planer le spectre d’une récession légère au second semestre de 2023, comme l’indique l’indice des directeurs d’achat (PMI) réalisé par S&P Global.
De plus, les banques de la zone euro ont resserré leurs critères de prêt pour les ménages et les entreprises, suggérant que la politique monétaire de la BCE a un impact significatif sur l’économie. Cette situation pourrait fournir une raison convaincante à la BCE de reporter davantage de hausses, d’autant plus que les propres projections de la banque centrale indiquent que l’impact le plus important des taux plus élevés n’est pas attendu avant le début de 2024.