En 2025, la France s’apprête à naviguer dans un contexte budgétaire marqué par des tensions internes et externes. Alors que le pays s’efforce de respecter les engagements européens et de gérer des dépenses publiques de plus en plus complexes, le budget pour l’année à venir s’annonce comme un véritable casse-tête pour le gouvernement en place.
Un Contexte Européen Plus Strict sur le budget
L’une des grandes nouveautés de 2025 est la mise en œuvre des nouvelles règles de gouvernance économique de l’Union européenne, issues du Pacte de stabilité rénové. Après plusieurs années de suspension en raison de la pandémie de Covid-19 et des conséquences économiques de la guerre en Ukraine, ce pacte a été réactivé, marquant le retour à des normes budgétaires strictes pour les États membres.
Les nouvelles règles, négociées arduement en 2023 entre la France, dirigée par Bruno Le Maire, et l’Allemagne sous la houlette de Christian Lindner, visent à instaurer une flexibilité accrue tout en exigeant une rigueur budgétaire sans précédent. Cela signifie que, dès 2025, la France devra s’efforcer de réduire son déficit public pour le ramener en dessous de 3 % du PIB d’ici 2027, une exigence imposée par Bruxelles dans le cadre de la procédure de déficit excessif actuellement en cours contre la France et six autres pays européens.
Un Budget 2025 Sous la Contrainte des Lettres Plafonds
Le contexte politique intérieur n’est pas en reste, avec une situation inédite où le gouvernement sortant, dirigé par Gabriel Attal, a préparé un budget « réversible » pour 2025. Cette approche unique vise à assurer la continuité de l’État en période de transition politique, alors que le pays attend la formation d’un nouveau gouvernement après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron.
Les « lettres plafonds », envoyées aux ministères le 20 août 2024, fixent un plafond de dépenses pour 2025 à 492 milliards d’euros, identique à celui de 2024. Ce gel des dépenses totales constitue une approche prudente et rare, qualifiée de « budget zéro valeur » par Matignon. Ce choix a permis de réaliser une économie réelle d’environ 10 milliards d’euros, en tenant compte de l’inflation estimée à 2 %.
Priorités et Réductions du Budget
Bien que le budget global reste inchangé, les répartitions internes ont été ajustées. Certains crédits ont été rognés pour refléter la baisse du chômage et la réduction de la prise en charge de l’apprentissage. Les secteurs de la défense, de la culture et des sports ont été relativement priorisés, tandis que d’autres domaines, comme le travail et l’emploi, ont vu leurs crédits réduits.
Le ministère des Finances, dirigé par Bruno Le Maire, avait initialement proposé un plafond de dépenses inférieur de 5 milliards d’euros, à 487 milliards d’euros. Cette proposition visait à augmenter les chances de respecter la trajectoire de réduction du déficit public. Cependant, Matignon a finalement opté pour un plafond plus élevé, insistant sur l’importance de garantir un budget prêt à être finalisé par le prochain gouvernement, tout en assurant une responsabilité en matière de finances publiques.
Le budget 2025 marque une continuité par rapport à 2024, mais contraste fortement avec les années précédentes où la France a connu une augmentation des dépenses publiques, en grande partie en réponse à la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie. En 2020, le budget de l’État avait été révisé à la hausse de manière significative pour faire face à l’urgence de la situation, avec des dépenses atteignant 503 milliards d’euros, soit une augmentation de près de 30 % par rapport à 2019.
En 2021 et 2022, les dépenses publiques sont restées élevées, bien que le gouvernement ait commencé à réorienter ses priorités vers la relance économique post-pandémie et la transition écologique. Le budget de 2023 avait vu une légère réduction, avec des dépenses ramenées à 495 milliards d’euros, marquant un premier effort pour maîtriser le déficit public. Cependant, les défis économiques persistants, notamment l’inflation et les tensions géopolitiques, ont continué de peser lourdement sur les finances publiques.
Le budget 2025 doit également prendre en compte les ambitions de la France en matière de transition écologique, un domaine où les attentes sont élevées tant au niveau national qu’européen. Le Plan France 2030, lancé en 2021, prévoit des investissements massifs dans les énergies renouvelables, la décarbonation de l’industrie, et la promotion des technologies vertes. En 2025, le gouvernement devra continuer à financer ces projets tout en respectant les contraintes budgétaires imposées par Bruxelles.
La tension entre la nécessité de financer ces initiatives écologiques et la réduction des dépenses publiques pourrait s’intensifier. La France devra trouver un équilibre délicat entre ses engagements climatiques et la rigueur budgétaire exigée par le Pacte de stabilité