Le Fonds monétaire international (FMI) a actualisé ses prévisions économiques mondiales pour 2025, anticipant désormais une croissance de 3,3 %, soit une révision à la hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport à son précédent rapport. Cependant, derrière cette amélioration globale se cache une disparité croissante entre les régions et les économies nationales, révélant des défis structurels et conjoncturels qui freinent certaines parties du globe tout en stimulant d’autres.
Selon Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, “l’économie mondiale montre des signes de résilience, mais les risques persistent, notamment en raison des pressions inflationnistes aux États-Unis, de la déflation en Chine et des incertitudes politiques dans plusieurs économies majeures.”
Les prévisions du FMI selon les régions du monde
États-Unis : une croissance robuste et un écart qui se creuse
La révision la plus significative concerne les États-Unis, où la croissance économique pour 2025 est désormais estimée à 2,7 %, en hausse de 0,5 point par rapport aux prévisions d’octobre dernier. Cette performance repose sur un marché de l’emploi solide et une demande privée dynamique. Les prévisions restent prudentes, car elles ne tiennent pas encore compte des politiques envisagées par l’administration du président récemment élu, Donald Trump.
Cette vigueur contraste fortement avec celle d’autres économies avancées, notamment la zone euro, où les prévisions ont été révisées à la baisse. Gourinchas a mis en garde contre une possible montée des tensions commerciales et leurs implications sur les relations transatlantiques, facteurs susceptibles de ralentir les échanges mondiaux.
Zone euro : Divergences internes accentuées
La zone euro peine à maintenir un rythme de croissance soutenu, avec une prévision revue à la baisse pour 2025. En particulier, l’Allemagne, moteur traditionnel de l’économie européenne, ne devrait enregistrer qu’une croissance de 0,3 %, après deux années de légère récession. Cette situation reflète des incertitudes persistantes autour des échanges avec la Chine et les États-Unis, ainsi que des tensions sur les prix de l’énergie.
En France, la croissance devrait plafonner à 0,8 %, une révision à la baisse attribuée à une situation budgétaire tendue et à une dynamique économique ralentie. Le FMI a appelé le gouvernement français à adopter des mesures pour ramener le déficit public dans les limites des règles européennes, tout en évitant de compromettre la reprise économique.
En revanche, l’Espagne reste un point lumineux pour le FMI, avec une prévision de croissance robuste à 2,3 %, soutenue par une consommation intérieure vigoureuse et un marché du travail en amélioration.
Chine : Ralentissement maîtrisé, mais préoccupant
La Chine continue de connaître un ralentissement économique progressif, bien que le FMI ait légèrement revu ses prévisions à la hausse pour 2025, à 4,6 %. Ce chiffre reste inférieur à celui de 2024 (4,8 %) et reflète une tendance structurelle. Les efforts du gouvernement chinois pour stimuler l’économie, via des politiques budgétaires et monétaires, peinent à compenser les effets des tensions commerciales et d’un secteur immobilier fragilisé.
“La Chine reste exposée à des défis externes et internes qui pourraient compromettre une reprise plus robuste“, dit Gourinchas. Les perspectives à moyen terme suggèrent un glissement vers des taux de croissance plus modestes, avec une prévision de 4,5 % pour 2026.
Amérique latine : Reprise inégale
L’Amérique latine illustre la diversité des trajectoires économiques au sein des marchés émergents. Le Brésil devrait enregistrer une croissance de 2,2 % en 2025, un ralentissement par rapport à 2024 (3,7 %). Ce fléchissement est attribué à des pressions inflationnistes persistantes et à des taux d’intérêt élevés, qui freinent la consommation intérieure et les investissements.
En Argentine, après une contraction sévère de 2,8 % en 2024, une reprise spectaculaire est attendue avec une croissance de 5,0 % en 2025. Cette amélioration repose sur des réformes économiques et une stabilisation progressive du marché des changes. Le Mexique, quant à lui, affiche une croissance modérée de 1,4 %, freinée par le retrait des mesures de relance fiscale et le ralentissement économique de son principal partenaire commercial, les États-Unis.
L’Inflation et les politiques monétaires vont diverger cette année selon le FMI
Le FMI prévoit que l’inflation dans les économies avancées reviendra à des niveaux proches de la cible de 2 % d’ici 2026, un signe encourageant après le pic de 2022. Pour les économies émergentes, bien que l’inflation reste plus élevée (5,6 % prévue en 2025), la tendance est également à la baisse, reflétant des politiques monétaires plus restrictives.
Les économies comme le Brésil ou l’Argentine continuent de lutter contre des pressions inflationnistes structurelles, tandis que la Chine est confrontée à des risques de déflation.