Derrière les façades modernes de Riyad ou les projets futuristes de Neom, l‘Arabie Saoudite demeure ancrée dans des pratiques oppressives et une répression systématique, ce qui nous rappelle que l’on ne peut pas cacher un pays qui manque en droits humains grâce à un capital important.
Récemment, l’Organisation Internationale du Travail et Human Rights Watch ont encore dénoncé le Royaume pour ses pratiques inhumaines.
Un développement économique spectaculaire en Arabie Saoudite, mais à quel prix ?
Depuis son accession au pouvoir en 2015, le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) a mené une transformation économique radicale sous la bannière de “Vision 2030”. Ce programme vise à diversifier l’économie du pays, longtemps dépendante du pétrole, grâce à des investissements massifs dans le tourisme, les énergies renouvelables et les infrastructures, comme le projet Neom, une mégapole futuriste au coût estimé à 500 milliards de dollars.
Ce développement repose sur des bases fragiles. Les chantiers colossaux mobilisent une main-d’œuvre migrante, majoritairement venue d’Asie du Sud-Est et du continent africain, soumise au système de la kafala. Ce dispositif de parrainage lie les travailleurs à leurs employeurs, limitant leur liberté de mouvement et les exposant à des abus tels que la confiscation de passeports, des salaires impayés, et des conditions de travail dangereuses.
En dépit des réformes annoncées, comme l’introduction d’un salaire minimum et l’abolition théorique de l’autorisation préalable pour quitter le pays, les abus persistent. Selon Human Rights Watch, des milliers de décès inexpliqués ont été recensés parmi les travailleurs migrants au cours des dernières années, sans que des mesures concrètes soient prises pour améliorer leur sort.
L’attribution de la Coupe du Monde 2034 à l’Arabie Saoudite montre parfaitement le concept de sportswashing, où des événements sportifs de grande envergure sont utilisés pour détourner l’attention des violations des droits humains. Ce phénomène n’est pas nouveau : le Mondial 2022 au Qatar avait déjà été boycotté par des activistes en raison des abus envers les travailleurs migrants.
Dans le cas saoudien, la FIFA a ignoré les critiques de nombreuses ONG pour octroyer au royaume l’organisation de cet événement, tout en minimisant les violations massives des droits humains. Les stades flambant neufs, construits au prix d’innombrables vies, deviennent alors des symboles d’oppression plutôt que de célébration sportive.
Une répression politique parfaite et une modernité de façade pour l’Arabie Saoudite
Sur le plan intérieur, l’Arabie Saoudite exerce un contrôle total sur ses citoyens. La liberté d’expression est quasi inexistante, et toute critique du régime est sévèrement réprimée. Les défenseurs des droits humains, les militants féministes, et les journalistes sont souvent emprisonnés, voire exécutés, sous des accusations vagues telles que “terrorisme” ou “atteinte à la sécurité nationale”.
En 2024, le pays a atteint un record macabre avec 345 exécutions, selon l’Organisation Saoudienne Européenne pour les Droits de l’Homme (ESOHR). Parmi les condamnés, beaucoup étaient accusés de crimes mineurs, comme la consommation ou la possession de drogue, reflétant une application arbitraire et excessive de la peine de mort.
Sous l’impulsion de MBS, le royaume s’efforce de se présenter comme un État moderne et progressiste. Les réformes sociétales, telles que l’autorisation pour les femmes de conduire ou de voyager sans tuteur masculin, sont souvent brandies comme des preuves d’ouverture. Cependant, ces avancées demeurent largement symboliques et ne compensent pas les graves atteintes aux droits fondamentaux.
Les militantes ayant lutté pour ces droits, comme Loujain al-Hathloul, ont été emprisonnées, torturées, et réduites au silence. Cette hypocrisie souligne le fossé entre les annonces de réforme et la réalité sur le terrain.
L’Arabie Saoudite bénéficie du soutien tacite de nombreux États occidentaux, attirés par ses richesses pétrolières et ses opportunités d’investissement. Les gouvernements et entreprises qui collaborent avec le royaume deviennent complices des violations des droits humains en cautionnant un régime répressif.