Vendredi 17 octobre, Amir Reza-Tofighi, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), n’a pas mâché ses mots. Invité sur Franceinfo, il s’est insurgé contre ce qu’il appelle « l’irrationalité du débat économique » en France.
Le pays continue de tourner en rond en répétant les mêmes erreurs : vouloir réduire le temps de travail tout en augmentant les taxes, alors qu’il est déjà champion d’Europe des prélèvements.
« On ment aux Français »
Face au micro, Amir Reza-Tofighi a livré un plaidoyer direct, sans détour : « Je ne comprends pas qu’on puisse encore dire qu’il faut travailler moins et augmenter les impôts. »
Pour lui, c’est tout simplement un mensonge collectif : « On ment aux Français quand on leur fait croire qu’ils peuvent travailler moins, avoir des retraites confortables et financer tout ça sans changer le modèle. »
Il regrette que le débat public se soit enfermé dans une logique de court termisme, centrée sur la suspension de la réforme des retraites et la création de nouvelles taxes, comme la fameuse “taxe Zucman” défendue par la gauche. À ses yeux, ce genre de discours envoie « un très mauvais signal » aux entreprises et aux actifs.
Les petites entreprises à bout de souffle
“Je ne veux plus avoir d’employés et j’ai donc décidé de vendre ma TPE. Les taxes françaises et les méchanismes de défense des employés sont tels que si je veux que mon affaire tourne correctement, je dois m’engager à faire le travail à leur place et payer toujours plus si mes employés décident de me la mettre à l’envers.
Si j’avais une plus grosse structure, ce ne serait pas gênant. Le système français punit les petites entreprises tout en se revendiquant promoteur de startups” – Benjamin, 53 ans.
Le patron de la CPME affirme aussi que les PME ne peuvent plus supporter de nouvelles charges.
« La France est déjà le pays européen où la pression fiscale est la plus forte. Nos entreprises étouffent. À un moment, il faut cesser de penser qu’on peut régler tous les problèmes avec un nouvel impôt », a-t-il martelé.
Il appelle à remettre du bon sens dans le débat, et à reconnecter les discussions économiques avec la réalité du terrain : « Ce que je vois, ce sont des dirigeants qui se battent pour maintenir l’emploi, payer leurs factures et survivre face à la concurrence internationale. Pendant ce temps, à Paris, on parle d’augmenter les taxes comme si c’était sans conséquence. »
Un problème au niveau gouvernemental
Le Premier ministre Sébastien Lecornu vient d’accepter de suspendre la réforme des retraites jusqu’à 2027, une concession arrachée par les socialistes pour éviter une motion de censure.
Mais cette victoire politique pour la gauche s’accompagne d’un nouveau front : la volonté d’introduire la taxe Zucman, un impôt de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
Le ministre des Finances Roland Lescure, lui, reste ferme : « Si nous voulons stabiliser la dette publique, il faut passer sous les 3 % de déficit d’ici 2029. »
Pour y arriver, le budget 2026 prévoit plus de 30 milliards d’euros d’économies et de nouvelles recettes. Et c’est précisément là que le bât blesse pour les chefs d’entreprise.
« On ne sortira pas du trou en punissant ceux qui travaillent »
Amir Reza-Tofighi estime que l’économie française manque d’une vision claire : « On ne peut pas à la fois encourager l’investissement et pénaliser ceux qui le font. Les PME ne sont pas des vaches à lait. Elles devraient être au cœur de la relance, pas en bas de la pile fiscale. »
La France continue de s’enfermer dans un modèle d’assistanat généralisé, qui valorise le repos plutôt que l’effort.
« Si on continue comme ça, on découragera ceux qui entreprennent. On ne sortira pas du trou en punissant ceux qui travaillent », avertit-il.
De leur côté, les socialistes assument leur offensive. Leur chef, Olivier Faure, a déclaré sur X : « Nous défendrons la taxe Zucman pour renforcer les services publics et protéger les plus fragiles. »
Cette taxe, inspirée des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, ne concernerait qu’une infime partie des contribuables,environ 0,01 %, mais pourrait, selon ses partisans, rapporter plusieurs milliards d’euros par an.
Le gouvernement, lui, tente de ménager tout le monde. Sébastien Lecornu s’est dit opposé à une « taxe directe sur la fortune », mais il a ouvert la porte à un prélèvement exceptionnel sur les très grandes fortunes. Une manière d’apaiser la gauche sans effrayer les marchés.


