Imaginez une petite boule de terre : visualisez qu’à l’intérieur de ce minuscule gramme de terre de la taille d’un M&M se cache une foule invisible : des milliards de bactéries et d’autres choses miniscules qui s’affairent jour et nuit à entretenir la santé de nos sols.
C’est la réalité de ce qui se passe dans un gramme de terre : ça ressemble à un M&M mais un qui regorge de vie. Le Dr Dave Stark, biologiste moléculaire et président de Holganix Agriculture nousprésente les secrets de ce qui se passe sous nos pieds.
De la terre ou un bonbon?
« Il se passe beaucoup de choses sous la surface. Dans un gramme de sol, ce qui correspond à peu près à la taille d’un M&M au chocolat, il y a des milliards d’individus : bactéries, graines, champignons, protozoaires, nématodes… Je pourrais ajouter des algues, des actinobactéries, etc. Vous voyez l’idée. »
Par cette image savoureuse du M&M, le Dr Stark rappelle que ce qui paraît insignifiant à l’œil nu recèle en réalité une biodiversité insoupçonnée.
Cette foule invisible joue un rôle vital : c’est elle qui décompose, recycle, structure et fertilise le sol, rendant possibles les cultures dont dépend notre alimentation.
L’exemple du Dr Stark s’inscrit dans un plaidoyer plus large : celui de revoir notre rapport à l’agriculture. Il explique que l’agriculture moderne, en intensifiant l’usage d’engrais chimiques, tend à réduire ces populations microbiennes à leur minimum, affaiblissant ainsi la résilience des sols. Il ne s’agit pas de bannir les engrais, le Dr Stark insiste d’ailleurs sur le fait qu’il ne s’agit pas d’« accuser » mais de repenser l’équilibre : « Vous avez le choix : voulez-vous que vos microbes nourrissent vos plantes ou que ce soit votre dollar d’engrais ? » demande-t-il.
Ces microbes transforment le sol comme rien d’autre ne peut le faire
le Dr Dave Stark fait un constat frappant : le rôle clé des micro-organismes dans la vitalité des sols, la disponibilité des nutriments et la stabilité des cultures.
À travers des exemples concrets et des preuves visuelles (imagerie NDVI, analyses de sol, observations sur les racines), il démontre que la diversité microbienne conditionne la croissance des plantes et aussi la structure même du sol, sa porosité et sa capacité à retenir l’eau et l’air.
Le Dr Stark insiste sur la puissance des « racines vivantes » et de leur symbiose avec les microbes : des racines abondantes, riches en poils absorbants et associées à des champignons mycorhiziens augmentent considérablement l’exploration du sol et donc l’absorption des nutriments.
Cela conduit à une meilleure efficacité de l’utilisation des engrais, à des économies substantielles pour les agriculteurs et à une réduction de l’empreinte environnementale.
Il dépeint également les microbes comme des alliés invisibles qui libèrent le phosphore, stabilisent le carbone organique et structurent le sol grâce aux exsudats qu’ils produisent : des « colles naturelles » qui agrègent les particules fines en macro-agrégats, améliorant ainsi la résistance du sol au tassement et à l’érosion.
Comme le résume le Dr Stark :
« Ce sont les microbes qui sécrètent des acides, des enzymes et des chélateurs qui libèrent le phosphore lié dans le sol, le rendant disponible pour les plantes. Ce sont eux aussi qui produisent les exsudats et les ‘colles’ nécessaires pour transformer les microagrégats en macroagrégats, rendant le sol plus stable, plus poreux, plus résilient face aux contraintes mécaniques et climatiques. »
Il n’y a pas que la chimie des engrais qui nourrit les cultures. La biologie du sol qui orchestre la fertilité et la durabilité des exploitations agricoles le fait aussi.
L’agriculteur n’est plus seulement un gestionnaire de nutriments, mais un bâtisseur de vie microbienne.