Hier matin, l’Autriche s’est réveillée dans l’incrédulité.
Dix personnes ont perdu la vie dans une fusillade survenue dans un établissement scolaire de Graz, au sud du pays.
Le tireur, âgé de 21 ans, a lui aussi été retrouvé mort. Douze autres personnes ont été blessées, certaines très grièvement. Ce drame a été qualifié de pire attaque armée que le pays ait connue hors temps de guerre.
Le déroulement de la fusillade
Les faits se sont produits peu après 10h, au lycée BORG Dreierschutzengasse, un établissement d’enseignement secondaire situé dans un quartier calme de Graz, deuxième ville d’Autriche avec un peu plus de 300 000 habitants. La police est intervenue rapidement après avoir été alertée par des témoins ayant entendu plusieurs coups de feu à l’intérieur du bâtiment.
Le tireur, ancien élève du lycée, est entré dans l’école en possession de deux armes qu’il possédait légalement. Il a tiré à plusieurs reprises dans les couloirs et les salles de classe, touchant élèves et enseignants. À l’arrivée des secours, dix corps ont été retrouvés, dont celui de l’assaillant. Les premiers éléments de l’enquête indiquent qu’il se serait suicidé après avoir commis son geste.
Les victimes de la fusillade étaient jeunes
Sur les douze blessés transportés à l’hôpital, sept ont dû être immédiatement opérés. Il s’agit de deux adultes et de cinq adolescents, dont le pronostic vital est engagé pour certains. Les hôpitaux de la région de Styrie, déjà sous tension, ont dû mobiliser toutes leurs équipes. Des psychologues ont été dépêchés en urgence pour prendre en charge les survivants, les familles des victimes, mais aussi les membres du personnel scolaire et les premiers secours, choqués par ce qu’ils ont vu.
Selon la Fédération hospitalière régionale, plus de 600 personnes ont été orientées vers les services d’écoute psychologique, tant l’impact émotionnel est fort.
Un pays peu habitué à ce type de violence
Ce n’est pas la première fois que Graz voit un drame. En 2015, un homme avait foncé volontairement en voiture sur une foule, ce qui a tué trois personnes et en blessé plus de trente. Mais une fusillade dans un établissement scolaire n’avait pas eu lieu précédemment.
Dans les décennies passées, quelques épisodes violents ont secoué l’opinion publique, comme la tuerie de Zöbern en 1997 ou l’attaque au couteau à Mistelbach en 2018.
Plus récemment, l’attentat terroriste de Vienne en 2020, revendiqué par un sympathisant de l’État islamique, avait causé la mort de quatre personnes. L’Autriche n’a pourtant jamais connu une tuerie scolaire aussi meurtrière que celle de mardi.
Un assaillant discret, sans antécédents judiciaires
L’auteur de l’attaque n’était pas connu des services de police. Ancien élève du lycée, il avait quitté l’établissement depuis quelque temps. À ce stade, aucun lien n’a été établi entre lui et les personnes visées. Il ne semblait pas entretenir de relations conflictuelles particulières avec ses anciens camarades ou professeurs.
Un document, supposé être une lettre de suicide, a été retrouvé dans son appartement. Elle n’apporte toutefois aucune explication claire sur ses motivations. Les enquêteurs s’emploient désormais à reconstituer son parcours, ses fréquentations et son état psychologique au moment des faits. Ses deux armes étaient en sa possession de manière légale.
L’émotion gagne tout le pays
La nouvelle de la fusillade s’est répandue rapidement dans les médias autrichiens. Le maire de Graz s’est exprimé dès la fin de matinée. Il parle d’un “événement d’une violence inédite” dans la ville. Dans l’après-midi, le chancelier Christian Stocker, le vice-chancelier Andreas Babler et la ministre des Affaires étrangères Beate Meinl-Reisinger ont assisté à une messe célébrée en mémoire des victimes dans la cathédrale de Graz. Des centaines de personnes étaient présentes, certaines en pleurs, d’autres silencieuses, encore incapables de comprendre ce qui s’était passé.
Dans les rues, de nombreux habitants sont venus déposer des fleurs ou allumer des bougies devant le lycée. Des messages de soutien et de condoléances affluent de tout le pays et au-delà des frontières. Des dirigeants européens ont exprimé leur solidarité avec l’Autriche, tandis que les réseaux sociaux témoignent d’une forte mobilisation citoyenne.
La sécurité des écoles dans tout ça?
Beaucoup se demandent comment un ancien élève a pu pénétrer aussi facilement dans un lycée en pleine matinée, armé, sans être détecté ou empêché.
On peut réclamer des mesures plus strictes : contrôle des accès, caméras de surveillance, présence renforcée d’agents de sécurité. Mais des parents d’élèves insistent sur la nécessité d’un accompagnement psychologique plus fort pour les jeunes, en particulier ceux qui décrochent ou présentent des signes de mal-être.
Pour l’instant, les autorités appellent au calme et à la prudence. L’heure est au recueillement, mais les débats sur la prévention de tels actes ne manqueront pas de revenir dans les semaines à venir.
Graz, une ville tâchée à jamais
Graz est une ville universitaire, jeune, dynamique, où cohabitent étudiants, familles, retraités, et une importante population étrangère.
En janvier, un quart des habitants étaient des ressortissants d’autres pays, principalement croates, roumains, allemands et bosniens. Jusqu’ici, la ville était surtout connue pour son patrimoine architectural, ses institutions culturelles et sa qualité de vie. L’image de cette cité paisible est aujourd’hui brisée.