Après treize ans de patience, la Bulgarie et la Roumanie ont enfin franchi une étape significative vers leur intégration dans l’espace Schengen européen. Dimanche dernier, ces deux pays ont partiellement rejoint l’espace Schengen, ouvrant ainsi la voie à la libre circulation aérienne et maritime sans contrôles aux frontières, un privilège déjà accordé à d’autres États membres depuis longtemps.
La Bulgarie et la Roumanie: Enfin intégrées
Cette décision représente un moment charnière dans le parcours de ces nations d’Europe de l’Est vers une intégration complète au sein de l’Union européenne.
Toutefois, bien que l’ouverture des frontières aériennes et maritimes soit un progrès significatif, les frontières terrestres demeurent soumises à des contrôles en raison des préoccupations exprimées par l’Autriche concernant l’immigration clandestine. En effet, l’Autriche a opposé son veto à une adhésion complète de la Bulgarie et de la Roumanie.
Malgré cette adhésion partielle, les conséquences symboliques et pratiques de cette étape sont indéniables. Les citoyens bulgares et roumains pourront désormais bénéficier d’une plus grande liberté de voyage, renforçant ainsi leur sentiment d’appartenance à l’Europe et leur identité européenne.
L’espace Schengen, créé en 1985, facilite les déplacements ininterrompus de plus de 400 millions de personnes au sein de l’Union européenne. Avec l’ajout de la Bulgarie et de la Roumanie, l’espace Schengen compte désormais 29 membres, dont 25 pays de l’UE et quatre pays associés.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué cette évolution comme un “succès majeur” pour les deux pays, soulignant l’importance d’une Europe unie. Cependant, malgré les célébrations, des défis subsistent, notamment pour les industries dépendantes du transport transfrontalier.
Les camionneurs, confrontés à des files d’attente interminables aux frontières avec les pays voisins, expriment leur frustration face à cette situation. Alors que les restrictions de voyage s’assouplissent, leur sort est relégué au second plan. Les syndicats des transports, comme l’UNTRR en Roumanie, réclament des mesures urgentes pour atténuer le fardeau financier des longues attentes aux frontières.
Dans le monde des affaires, en particulier en Bulgarie, le mécontentement est palpable en raison de la lenteur des progrès. Les inégalités entre l’ouverture des frontières aériennes et maritimes, qui ne couvrent qu’une fraction des transports, et les restrictions persistantes sur les routes terrestres essentielles au commerce sont soulignées.
Les responsables gouvernementaux de Bucarest et de Sofia affirment leur détermination à achever l’intégration complète. Ils insistent sur l’irréversibilité du processus et promettent de conclure les négociations sur l’inclusion des frontières terrestres d’ici la fin de l’année.
La gestion des migrations reste une préoccupation majeure, avec les réserves de l’Autriche concernant la migration irrégulière à travers les frontières bulgares et roumaines. Cela met en lumière l’importance de mesures efficaces de contrôle aux frontières, et les deux pays ont lancé des initiatives régionales pour relever ce défi.
Alors que la Bulgarie et la Roumanie célèbrent cette avancée longtemps attendue, la voie vers une adhésion complète à l’espace Schengen symbolise bien plus que la simple suppression des contrôles aux frontières. Cela représente un désir profond d’unité, de coopération et de prospérité partagée au sein d’une communauté européenne diversifiée
La Bulgarie et la Roumanie dans l’Espace Schengen: Quelles répercussions sur la France?
L’intégration de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen suscite des questions sur ses implications pour la France.
Alors que ces deux pays d’Europe de l’Est voient leur économie croître selon les prévisions de la Commission européenne, la France pourrait bénéficier de cette expansion, mais également faire face à certains défis.
D’une part, la croissance économique prévue pour la Bulgarie en 2024, estimée à 1,9 %, offre des opportunités pour les entreprises françaises. Une économie bulgare plus dynamique peut stimuler les exportations françaises vers ce marché en expansion. De plus, une plus grande intégration régionale peut favoriser la coopération commerciale entre la France et les pays de l’Europe de l’Est, créant ainsi de nouvelles opportunités d’affaires.
D’autre part, l’augmentation de la demande intérieure en Bulgarie et en Roumanie pourrait également stimuler les importations françaises, renforçant ainsi les échanges commerciaux bilatéraux. Cependant, cela pourrait également accroître la concurrence pour les produits français sur le marché intérieur, en particulier dans les secteurs où les économies bulgare et roumaine sont compétitives.
Une économie bulgare et roumaine plus forte pourrait également avoir un impact positif sur le marché du travail en France. Les entreprises françaises pourraient chercher à investir dans ces pays en expansion, créant ainsi des emplois dans différents secteurs. De plus, une main-d’œuvre plus qualifiée dans ces pays pourrait atténuer les pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs en France.
Cependant, l’intégration dans l’espace Schengen soulève également des préoccupations pour la France, notamment en ce qui concerne la sécurité des frontières. Bien que les contrôles aient été levés pour les voyages aériens et maritimes, les frontières terrestres restent soumises à des contrôles. Cela pourrait entraîner des défis en matière de sécurité, en particulier en ce qui concerne la gestion des flux migratoires et la lutte contre la criminalité transfrontalière.
Une économie en Bulgarie et en Roumanie qui serait plus forte pourrait également avoir des répercussions sur la compétitivité de certaines industries françaises. Les entreprises françaises pourraient être confrontées à une concurrence accrue sur le marché européen, en particulier dans les secteurs où les coûts de production sont plus bas en Bulgarie et en Roumanie. Cela pourrait entraîner des pressions sur les salaires et les conditions de travail en France, ainsi que sur la capacité des entreprises françaises à rester compétitives sur le marché mondial.
Auteur / autrice
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Hazal Köse est diplômée en 2023 de la licence en Langue et Littérature Françaises. Elle a également suivi une mineure en langue et littérature anglaise et a obtenu un diplôme de premier cycle en Médias et Communication. Depuis le début de ses études, elle a acquis de l'expérience en stage dans diverses institutions publiques, organisations non gouvernementales et think tanks. Elle parle turc, anglais et français.
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