Le parti Reform UK a annoncé la suspension du député Rupert Lowe et son signalement à la police. Le parti l’accuse d’avoir proféré des “menaces de violence physique” à l’encontre du président du parti, Zia Yusuf.
Lowe, figure montante du parti, s’est fait un nom en adoptant des positions tranchées qui ont suscité l’ire de plusieurs membres influents du mouvement.
Dans un communiqué signé par le président Zia Yusuf et le whip en chef Lee Anderson, il est précisé que le parti a également reçu des allégations de harcèlement moral au sein des bureaux parlementaire et électoral de Lowe. Deux employées auraient porté plainte pour “intimidation en milieu professionnel”, déclenchant ainsi l’ouverture d’une enquête confiée à un avocat.
Rupert Lowe rejette catégoriquement ces accusations, qu’il qualifie de “mensongères et diffamatoires”. Sur le réseau social X, il s’est dit “déçu, mais pas surpris” par ces attaques, tout en insinuant que ces allégations remontaient à plusieurs années et auraient été stratégiquement gardées sous le coude pour être utilisées contre lui à un moment opportun.
Un affrontement idéologique et stratégique au sein du parti
Lowe a vivement critiqué la direction du parti, et surtout son leader emblématique, Nigel Farage. Dans une interview accordée au Daily Mail, Lowe a qualifié Reform UK de “parti de protestation dirigé par le Messie“, une critique fréquemment adressée à Farage, qui n’a rejoint le parti qu’une fois sa masse critique atteinte, après avoir consacré un temps considérable à des campagnes politiques aux États-Unis.
Lowe estime que Farage, s’il veut réellement transformer Reform UK en une force politique crédible, doit s’entourer des bonnes personnes et cesser de monopoliser à lui seul la communication et la stratégie du parti. Il compare la situation à celle de Donald Trump lors de sa deuxième campagne présidentielle, où l’ancien président américain s’est entouré de figures politiques variées pour consolider son électorat. Pour Lowe, sans une équipe de soutien efficace, Reform UK restera un parti de protestation incapable de gouverner.
Farage n’a pas tardé à répondre pour dire que Lowe “se trompait complètement” et que Reform UK n’était “absolument pas un parti de protestation“. Peu après, le parti annonçait le retrait du whip parlementaire à Lowe, le rendant ainsi député indépendant.
Un timing qui interroge
Lowe décrit cette exclusion comme étant un “coup de poignard dans le dos” et dit que ces accusations avaient été portées immédiatement après ses critiques envers la direction du parti. Reform UK dément tout lien entre l’enquête et l’affrontement public entre Lowe et Farage. Pour nombre d’observateurs, la coïncidence est troublante et suggère que toute remise en question de l’autorité de Farage est sévèrement réprimée.
Lowe va plus loin en affirmant que Zia Yusuf aurait orchestré son éviction en raison de ses déclarations trop franches sur la question des “expulsions de masse“. Farage a récemment déclaré que les expulsions massives d’immigrés illégaux étaient une “impossibilité politique” afin d’aider à modérer la position du parti sur cette question ultra-sensible.
Lowe, victime d’une stratégie politique
Cette affaire arrive à un moment clé pour Reform UK. Le parti a le vent en poupe et profite de l’impopularité du Labour et de l’effondrement des Conservateurs (Tories). Farage s’est positionné comme une alternative crédible, et les sondages le placent en bonne position pour jouer un rôle central aux prochaines élections générales.
La nomination controversée de Zia Yusuf au poste de président pose problème tout de même. Homme d’affaires d’origine sri-lankaise et plus grand donateur du parti, Yusuf est soupçonné d’avoir “acheté” son poste. Il s’agit peut-être d’une manœuvre financière plutôt qu’une décision prise dans l’intérêt du parti. Des médias comme The Telegraph ont même appelé à une démocratisation des instances dirigeantes du mouvement.
Quel avenir politique pour Lowe?
Rupert Lowe a tenté de calmer le jeu en invitant Farage à “un dîner pour résoudre la situation avec dignité“. Il dit avoir fait cette proposition à plusieurs reprises en privé, sans réponse. Une tentative de conciliation qui n’a pas empêché Reform UK de maintenir sa position : selon Farage, il “n’y a aucun retour possible” pour Lowe dans le parti.
Pendant ce temps, l’affaire prend une tournure judiciaire. Scotland Yard a confirmé l’ouverture d’une enquête sur une “série de menaces verbales” présumées, dont certaines remontent à décembre 2024. Les investigations sont en cours.
Robert Jenrick, ancien ministre conservateur, a estimé que Lowe “n’a pas été bien traité” par Reform UK, tout en refusant de commenter un éventuel ralliement de Lowe aux Tories.
Lowe pourrait être un atout pour les Conservateurs, notamment en raison de sa popularité grandissante sur les réseaux sociaux. Ses publications sur X sont fréquemment partagées par des figures influentes comme Elon Musk, ce qui renforce son poids médiatique.