Dans la nuit de samedi à dimanche, plusieurs bases aériennes militaires situées dans des régions éloignées de la Russie ont été attaquées à l’aide de drones ukrainiens.
Ces frappes coordonnées visaient des appareils utilisés pour les bombardements à longue portée et la coordination aérienne, ce quia causé des dégâts matériels considérables.
Des responsables ukrainiens estiment que plus de quarante avions de guerre ont été rendus inopérants ou entièrement détruits. La Russie a reconnu que plusieurs de ses appareils avaient été endommagés par des incendies, tout en affirmant que l’essentiel des drones avait été neutralisé.
Quelques détails sur cette opération ukrainienne
Cette opération a été qualifiée de réussite majeure par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui affirme que près du tiers des bombardiers russes capables de tirer des missiles de croisière avait été neutralisé. Le Service de sécurité ukrainien estime que l’attaque aurait impliqué plus d’une centaine de drones transportés discrètement à l’intérieur de camions pénétrant profondément en territoire russe. Baptisée « toile d’araignée », l’opération aurait nécessité dix-huit mois de préparation.
Les cibles visées comprenaient des bases situées dans les régions d’Irkoutsk, de Mourmansk, d’Ivanovo, de Riazan et de l’Amour, certaines à plus de 4 000 kilomètres de l’Ukraine. Le ministère russe de la Défense a reconnu que des avions avaient été endommagés, sans toutefois fournir de détails chiffrés. Des incendies se sont déclarés sur plusieurs tarmacs, et des vols ont été suspendus dans certaines zones.
Les modèles d’appareils touchés incluraient les Tu-95 et Tu-22M, souvent utilisés pour des frappes en profondeur contre le territoire ukrainien, ainsi que les A-50, employés pour détecter les missiles et coordonner les actions aériennes. L’ampleur des pertes russes ne peut être confirmée de manière indépendante, mais si les chiffres avancés par Kyiv s’avèrent exacts, il s’agirait de l’attaque la plus destructrice jamais menée contre l’armée de l’air russe depuis le début de l’invasion.
John Lough, analyste politique au New Eurasian Strategies Centre, pense que cette opération est une réussite tactique indéniable pour l’Ukraine. Vladimir Poutine ne pourra que réagir avec colère face à un tel revers, qui révèle les failles de la sécurité militaire russe en profondeur.
Une opération qui va sûrement impacter les négociations d’Istanbul
Au lendemain de cette frappe spectaculaire, les délégations russe et ukrainienne doivent se retrouver ce lundi à Istanbul pour la deuxième rencontre directe entre représentants des deux pays depuis 2022. L’Ukraine est représentée par son ministre de la Défense, Rustem Umerov, tandis que la Russie a délégué Vladimir Medinsky, conseiller proche du Kremlin. Bien que la précédente rencontre ait permis un important échange de prisonniers, aucun accord concret n’avait été trouvé sur l’arrêt des combats ou une éventuelle feuille de route pour un règlement global du conflit.
Cette fois-ci, Kyiv prévoit de présenter un plan comprenant plusieurs conditions non négociables : aucune reconnaissance de l’autorité russe sur les territoires occupés, aucun plafonnement de la capacité militaire ukrainienne après un éventuel accord, et des réparations financières destinées à compenser les destructions causées depuis 2022. Le texte stipule également que toute discussion sur les frontières devra partir de la ligne actuelle du front, ce qui constitue déjà un point de désaccord fondamental.
Le président Zelensky a déclaré dimanche soir que l’Ukraine continuerait de demander une cessation complète des combats, sans conditions préalables. Il a précisé que les Ukrainiens avaient partagé leur proposition avec les parties turques et américaines, mais que la Russie, elle, n’avait pas encore transmis sa position par écrit.
Une riposte russe qui ne se fait pas attendre
Dans les heures précédant la rencontre d’Istanbul, de nouvelles attaques russes ont frappé plusieurs zones ukrainiennes. À l’est de Zaporijjia, trois femmes ont été tuées à Ternuvate lors de tirs d’artillerie, selon le gouverneur régional Ivan Fedorov. Une autre personne a perdu la vie à proximité, dans une frappe impliquant une bombe guidée. Plusieurs habitations et un commerce ont été endommagés.
Dans le nord-est, une attaque de drone sur la région de Soumy a fait au moins six blessés, dont deux enfants. Le gouverneur régional, Oleh Sinehubov, a précisé qu’un garçon de sept ans figurait parmi les victimes. Plusieurs bâtiments résidentiels ont été partiellement détruits. Ces assauts surviennent alors que Kyiv dit maintenir un canal de dialogue ouvert.
Y aura-t-il un élargissement du conflit?
Pendant ce temps, le chef d’état-major allemand, le général Carsten Breuer, a mis en garde contre une possible offensive russe contre les pays membres de l’OTAN d’ici 2029. Dans une interview accordée à la BBC, il a expliqué que la Russie produisait actuellement environ 1 500 chars lourds et 4 millions d’obus de 155 mm chaque année, et qu’une partie de ces stocks était destinée à équiper des unités tournées vers l’ouest du pays.
Le général allemand estime qu’aucune garantie ne permet d’exclure une attaque avant cette date. Pour lui, les forces de l’Alliance doivent se préparer à une confrontation possible dès aujourd’hui.
Plusieurs sources relayées par Axios disent que les États-Unis n’auraient pas été prévenus de la frappe massive menée dimanche contre les avions russes. L’attaque aurait été personnellement supervisée par le président Zelensky, après plus d’un an de planification secrète. Donald Trump n’aurait reçu aucune information préalable sur cette opération pourtant très risquée.