Ce qui aurait pu être une nuit d’allégresse s’est transformé en nuit d’agitation dans plusieurs villes françaises. Après la victoire historique du Paris Saint-Germain en finale de la Ligue des champions, des scènes de chaos ont éclaté un peu partout dans le pays, éclipsant en partie l’exploit sportif tant attendu.
Le PSG a remporté pour la première fois la plus prestigieuse des compétitions européennes, écrasant l’Inter Milan sur un score sans appel de 5 à 0.
Mais la joie dans les rues a rapidement laissé place à la violence. Selon le ministère de l’Intérieur, deux personnes ont perdu la vie et près de 560 personnes ont été interpellées à travers le territoire. La majorité de ces arrestations s’est produite dans la capitale, où les forces de l’ordre ont dû intervenir face à des débordements massifs.
Deux décès dans un contexte de célébrations incontrôlées
À Dax, dans les Landes, un adolescent de 17 ans a été poignardé en pleine rue. Les secours n’ont rien pu faire pour le sauver. Le drame s’est produit tard dans la soirée. Les premières informations évoquent une altercation dont les causes exactes restent floues. Le maire de la commune, Julien Dubois, a exprimé son effroi face à ce décès et a réclamé une enquête rapide afin d’identifier et punir sévèrement l’agresseur.
À Paris, un jeune homme de 23 ans a été mortellement percuté alors qu’il circulait en scooter. Le parquet a confirmé l’accident, sans préciser pour l’instant si la collision avait un lien direct avec les célébrations. Le conducteur du véhicule impliqué a été arrêté.
Une capitale placée sous haute surveillance
Une mobilisation de plus de 5 000 policiers dans la capitale a eu lieu mais des groupes ont semé le désordre sur les Champs-Élysées et aux abords du Parc des Princes. Plusieurs commerces ont été dévalisés. La boutique Foot Locker située sur la célèbre avenue parisienne a été prise pour cible. Trente personnes ont été arrêtées sur place. Des abribus ont été détruits, près de 260 voitures ont été incendiées, et les forces de l’ordre ont été la cible de projectiles.
Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes de pillage et de confrontation avec la police. Des individus ont lancé des mortiers d’artifice, obligeant les policiers à utiliser des canons à eau et du gaz lacrymogène pour contenir la foule et l’empêcher de progresser vers l’Arc de Triomphe.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a reconnu l’ampleur des dégâts. Il a toutefois déclaré que le bilan restait inférieur à celui d’autres événements comparables. Il a insisté sur la distinction entre les vrais supporters venus fêter une victoire et les individus qui, selon lui, n’avaient aucun intérêt pour le football et s’étaient déplacés uniquement dans l’objectif de commettre des délits.
Un spectacle désolant pour les habitants et supporters du PSG
De nombreux habitants de la capitale ont témoigné de leur exaspération face à la tournure des événements. Les sirènes de police, les feux allumés, les affrontements nocturnes et les pillages ont perturbé la vie des quartiers du centre-ville. Dans certains cas, des familles ont été contraintes de rester enfermées chez elles, par crainte des débordements.
Un accident a également eu lieu à Grenoble, dans le sud-est du pays. Une voiture a percuté un groupe de supporters rassemblés dans la rue. Quatre membres d’une même famille ont été blessés, dont deux gravement. Le conducteur s’est présenté à la police. Une source proche de l’enquête affirme que les enquêteurs n’envisagent pas, pour le moment, une intention volontaire de nuire. Des vérifications sont en cours.
Des autorités politiques en mode réaction
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a publié un message sur les réseaux sociaux dans lequel il dénonce l’attitude des groupes violents. Il a salué les supporters du PSG qui ont célébré dignement la victoire, tout en fustigeant ceux qu’il appelle des « barbares » venus troubler l’ordre public. Mais ses propos ont été accueillis avec scepticisme. Certains observateurs lui reprochent son inaction et l’accusent de ne s’exprimer qu’une fois les faits accomplis, sans volonté réelle de changer quoi que ce soit.
Le président Emmanuel Macron, supporter connu de l’Olympique de Marseille, est quand même heureux que la victoire ait été au PSG. Il a félicité l’équipe dans un message publié en soirée : « Journée glorieuse pour le PSG. Bravo, nous sommes tous fiers. Ce soir, Paris rayonne sur l’Europe. » Il recevra l’équipe à l’Élysée après le défilé prévu dans les rues de la capitale.
Une fête ternie
L’ambiance n’était pourtant pas la même dans tout le pays. À Paris, de nombreux fans ont célébré la victoire en chantant, en dansant, ou en klaxonnant. La tour Eiffel s’est parée des couleurs du club. Les images de ces moments festifs ont largement circulé, rappelant qu’une majorité des supporters n’a commis aucun acte répréhensible.
Le contraste entre cette joie populaire et les scènes de violences urbaines alimente un débat récurrent sur les moyens de maintenir l’ordre lors d’événements de grande ampleur. Plusieurs policiers ont été blessés, ainsi que des pompiers, parfois visés alors qu’ils tentaient d’éteindre les incendies provoqués dans les rues.
Une parade malgré tout
Malgré ces débordements, la parade de célébration prévue pour ce dimanche a été maintenue. Le cortège partira des Champs-Élysées à 17 heures pour rejoindre l’Arc de Triomphe. Les autorités annoncent une présence policière renforcée tout au long du parcours. Le préfet Nuñez promet une réponse ferme en cas de nouvelles violences. Il appelle les véritables supporters à ne pas se laisser entraîner par les groupes hostiles et à participer à la fête sans mettre en danger les autres.
Le PSG prévoit une réception officielle au palais de l’Élysée, avant de présenter le trophée aux abonnés du Parc des Princes dans la soirée. Une célébration privée est également annoncée en présence des joueurs, du staff et des responsables du club.
Le club de la capitale vient d’accomplir un rêve poursuivi depuis des années : devenir champion d’Europe. Ce succès aurait dû rassembler. Il aura malheureusement offert une nouvelle démonstration des difficultés françaises à encadrer des foules sans subir de débordements majeurs.
La question de la sécurité lors de grands événements reste sensible, mais ce week-end va relancer les débats sur les politiques publiques de maintien de l’ordre, les moyens accordés à la police, et la responsabilité des organisateurs de manifestations sportives dans la gestion des conséquences. La fête a bien eu lieu, mais l’arrière-goût amer laisse une impression de désordre et d’impuissance, que beaucoup de Français ne comprennent plus.