Le 18 juillet, Ursula von der Leyen a été réélue à la présidence de la Commission européenne par le Parlement européen avec 401 voix, soit une vingtaine de plus qu’en 2019. Ce vote marque le début de son deuxième mandat à la tête de l’exécutif européen. L’issue de cette élection, bien que moins serrée que la précédente, est le résultat de nombreuses négociations et de promesses politiques visant à rassembler un large éventail de soutiens.
Une Coalition Variée pour une Réélection d’Ursula von der Leyen
Ursula von der Leyen a su convaincre une majorité d’eurodéputés issus des principaux groupes politiques du Parlement européen. Les partis centristes tels que le Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D) et les libéraux (Renew Europe) ont été essentiels à sa réélection. “Nous voulons poursuivre la lutte contre le changement climatique et entendre aujourd’hui que nous ne pouvons pas revenir sur le Pacte vert”, a souligné Iratxe García, présidente du groupe S&D.
Les écologistes ont également joué un rôle déterminant en apportant une quarantaine de voix. Ce soutien a permis à Ursula von der Leyen de dépasser largement le seuil des 360 votes nécessaires pour obtenir la majorité. En revanche, les partis conservateurs et d’extrême droite, tels que les Conservateurs et Réformistes européens (CRE) et les Patriotes pour l’Europe, ont voté contre elle, critiquant notamment son approche trop axée sur le climat. Nicola Procaccini, co-président du groupe CRE, a confessé : “Il est clair que cette tentative de rallier les Verts à la fin a déséquilibré le discours d’Ursula von der Leyen”.
La réélection d’Ursula von der Leyen est saluée par une partie importante de l’hémicycle, mais elle n’a pas fait l’unanimité. La Gauche, par exemple, s’est opposée à sa réélection en raison de son soutien militaire à l’Ukraine. Pasquale Tridico, chef de la délégation du Mouvement 5 étoiles, a critiqué son discours, le qualifiant de “livre de rêves, sans contenu”. Il a ajouté : “Elle a proposé le commissaire à la Défense, nous sommes contre l’envoi d’armes. Nous avons entendu, au lieu de transition écologique, transition militaire, c’est inacceptable pour nous”.
Lors de son discours avant le vote, Ursula von der Leyen a présenté un programme ambitieux pour les cinq prochaines années, cherchant à séduire l’ensemble du spectre politique. Elle a mis l’accent sur la défense, la compétitivité et le logement, tout en réaffirmant son engagement envers le Pacte vert européen. Elle a promis une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040 et a insisté sur la nécessité de protéger les droits fondamentaux en échange des fonds européens.
Elle a également proposé de nouvelles initiatives, telles qu’un “Clean Industrial Deal” pour encourager les investissements dans les technologies net-zéro et une enquête européenne sur l’impact des réseaux sociaux sur le bien-être des jeunes. “Les cinq dernières années ont montré ce que nous pouvions faire ensemble. Faisons-le à nouveau. Faisons le choix de la force. Faisons le choix du leadership”, a-t-elle abondé.
La présidente de la Commission européenne a aussi abordé la crise du logement, promettant de s’attaquer aux facteurs originels. Elle a également souligné l’importance des négociations collectives et des droits des femmes, montrant ainsi son souci de répondre aux attentes des socialistes. Pour les libéraux, elle a réaffirmé la nécessité de respecter les droits fondamentaux en échange de l’octroi de fonds européens.
Dans son discours, Ursula von der Leyen a également critiqué le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, pour sa “mission de paix” controversée en Russie. “Cette soi-disant mission de paix n’était rien d’autre qu’une mission d’apaisement”, a-t-elle proclamé, suscitant de vifs applaudissements en provenance des législateurs. Elle s’est engagée à “donner à l’Ukraine tout ce dont elle a besoin pour résister et l’emporter” et à soutenir les ambitions de Kiev de rejoindre l’Union européenne.
Un Bilan Contrasté mais Positif pour Ursula von der Leyen
Le premier mandat de von der Leyen a été marqué par des crises majeures, notamment la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Malgré cela, elle a réussi à faire adopter un plan de relance européen de 750 milliards d’euros et à lancer le Pacte vert européen, visant la neutralité carbone de l’Union en 2050. Sa gestion de la crise en Ukraine, malgré les critiques de la Hongrie, a également renforcé sa position.
Néanmoins, son mandat n’a pas été exempt de controverses. Des soupçons de favoritisme envers Pfizer lors de l’achat de vaccins contre le Covid ont entaché sa réputation. La Cour de Justice de l’UE a relevé des “irrégularités” dans la gestion des contrats d’achats avec la firme américaine, mais cela n’a pas suffi à dissuader les eurodéputés de la réélire. “C’est beaucoup moins serré qu’en 2019”, a confié Neil Makaroff, directeur du think tank européen Strategic Perspectives. “Après un premier mandat parsemé de multiples crises, cela renforce sa position dans le jeu institutionnel européen”.
Elle a également veillé à équilibrer les intérêts de différentes factions politiques. Pour les conservateurs, elle a promis de renforcer la compétitivité et de réduire la bureaucratie. Elle a également abordé la protection des agriculteurs et des investissements dans la défense. Pour les écologistes, elle a réaffirmé son engagement envers le Pacte vert européen et a promis des mesures pour protéger les ressources en eau.