Le 19 janvier 2025, un cessez-le-feu historique entre Israël et le Hamas est entré en vigueur, mettant temporairement fin à 15 mois de violences intenses qui ont coûté la vie à des milliers de civils et détruit de larges portions de la bande de Gaza. Cette trêve soulève autant d’espoirs que d’interrogations sur sa pérennité et ses implications pour les parties concernées.
Pour l’instant, les deux pays ont consenti à libérer les otages de chaque côté, ce qui a réjoui de nombreuses familles. Orli Weitzman, consul déclare : « Israël considère cet accord comme un accord pour essayer de ramener tous les otages chez eux. Après plus de 471 jours à Gaza, nous assistons enfin à une situation où les trois premières femmes ont été renvoyées chez elles. C’est très réconfortant de voir ces jeunes filles qui ont été enlevées à leurs parents, à leurs amis. Nous ne savons pas dans quelles conditions ils étaient, mais nous savons que c’était des conditions terribles.Nous sommes heureux qu’elles soient à la maison et nous espérons que tous les autres otages encore restés à Gaza pourront bientôt rentrer chez eux.»
Des négotiations tranchantes pour un cessez-le-feu rêvé
Ce cessez-le-feu est le fruit de négociations complexes. Le président sortant des États-Unis, Joe Biden, a été un acteur central en orchestrant les premières discussions au cours de l’été 2024. L’arrivée imminente de Donald Trump à la Maison-Blanche a exercé une pression supplémentaire sur les parties en conflit pour conclure un accord avant un éventuel changement de cap dans la politique américaine.
Le Qatar, connu pour abriter plusieurs dirigeants du Hamas, a agi comme médiateur clé, tandis que l’Égypte, malgré son rôle de co-participant au blocus de Gaza, a cherché à renforcer sa position diplomatique dans le monde arabe.
Le cessez-le-feu prévoit une trêve initiale de 42 jours. Durant cette période, Israël a accepté de libérer près de 2 000 prisonniers palestiniens, incluant des membres influents du Hamas et du Jihad islamique palestinien, en échange de la libération de 33 otages israéliens, principalement des civils capturés lors de l’attaque du 7 octobre 2023.
L’accord stipule un retrait progressif des troupes israéliennes de la bande de Gaza, permettant à des milliers de Palestiniens de regagner leurs foyers au nord de l’enclave. L’aide humanitaire, bloquée depuis des mois, a également repris, avec plus de 600 camions transportant nourriture, médicaments et carburant entrant dans Gaza le premier jour de la trêve.
Un cessez-le-feu qui n’est pas idéal pour la paix mondiale?
Si ce cessez-le-feu réjouit les parties civiles, il serait difficile de passer outre le fait qu’Israël a été pendant ce conflit, l’un des seuls pays qui n’a pas cédé à la pression des demandes de pays arabes.
Malgré les scènes de joie et de soulagement, l’accord a suscité de vives critiques en Israël. Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a dû surmonter l’opposition farouche de ses alliés de droite pour obtenir l’aval de son gouvernement. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a démissionné en signe de protestation, qualifiant l’accord de “danger pour la sécurité nationale”.
La militante iranienne pro-Israël Nioh Berg a également précisé que ce cessez-le-feu est une erreur puisque beaucoup d’otages palestiniens libérés par Israël seraient un danger pour la société: “Pendant ce temps, 90 terroristes, violeurs et meurtriers condamnés sont libérés par Israël. Ils étaient censés pourrir en prison jusqu’à ce qu’ils meurent. Maintenant, ils sont libres.“.
Berg a également critiqué l’attitude des Palestiniens, qui seraient plus intéréssés par une victoire symbolique que par la paix amenée par le cessez-le-feu: “Les Gazaouis scandaient « Khaybar Khaybar Ya Yahood » hier soir. Ce slogan fait référence au premier génocide des Juifs aux mains directes des armées de Mahomet au VIIe siècle. Il ne s’agit pas vraiment d’Israël. Ils veulent simplement que tous les Juifs du monde entier soient assassinés.“.
Du côté palestinien, les critiques se concentrent sur la libération incomplète des otages et l’incertitude quant à l’avenir des négociations après la période initiale de six semaines.
Il y a même des militants pro-palestiniens qui pensent qu’Israël a déjà violé les accords du cessez-le -feu:
“Malgré le cessez-le-feu, des véhicules militaires israéliens ont ouvert le feu, blessant quatre Palestiniens par balles dans le centre et le sud de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.“
- Suppressed News, média indépendant palestinien
Pour les opposants à l’état israélien comme l’Arabie Saoudite ou l’Egypte, le cessez-le-feu n’a pas atteint le minimum prérequis pour instaurer une paix durable.
Le journaliste Saad Abedine analyse : “Après le cessez-le-feu à Gaza, l’Arabie Saoudite est confrontée à des choix difficiles sur la normalisation avec Israël et la « paix froide » Pour les Saoudiens, « une voie crédible, limitée dans le temps et irréversible vers la création d’un État palestinien reste la condition préalable minimale à la normalisation avec Israël », comme dit Firas Maksad de l’Institut du Moyen-Orient, basé à Washington.“
Si ce cessez-le-feu apporte beaucoup d’espoir au premier coup d’oeil, il faut admettre que la stabilité régionale n’est pas garantie.