La fin du ramadan vient d’être officialisée : les autorités islamiques des pays du monde ont annoncé qu’aujourd’hui sera le dernier jour de jeûne du mois de ramadan et demain marque le début des célébrations de l’Eid al-Fitr.
Néanmoins, cette célébration empreinte de générosité et d’hospitalité est assombrie par le sort tragique des Gazaouis, qui ont enduré la famine tout au long de ce mois sacré et vivent dans la peur constante d’une entrée imminente à Rafah.
Qu’est-ce que l’Eid-al fitr et le Ramadan ?
L’Eid ou Aïd selon les prononciations anglophone ou francophone, mais de son nom complet « Eid al-fitr », qui signifie « fête de la rupture », est une célébration islamique qui a lieu les premiers jours suivant le mois du ramadan.
Rappelons-le, la culture islamique se base sur le calendrier lunaire, c’est-à-dire sur l’observation des phases de la lune. Chaque mois compte entre 29 et 30 jours, et une année islamique comprend plus ou moins 355 jours, soit en moyenne 11 jours de différence par rapport au calendrier occidental solaire ou grégorien.
Le terme « Ramadan » aujourd’hui qualifie couramment cette pratique qui incombe aux musulmans de jeûner du coucher au lever du soleil, pendant le 9e mois du calendrier lunaire, allant du premier croissant de lune au dernier croissant de lune observable.
Mais originellement, ce mot désigne la nomination du 9e mois du calendrier lunaire, mois particulièrement sacré pour la communauté musulmane, car il marque l’arrivée du Coran sur terre comme indiqué dans la sourate Al-Baqara 2:185 qui explique le rituel à suivre pendant ce mois.
Ces jours sont) le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guidempour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement.
Donc quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours. – Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut pas la difficulté pour vous, afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la
grandeur de Dieu pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! – Sourate 2 verset 185 – traduction classique par Oregon State University
Cette année, l’Eid-al-fitr a lieu le 10 avril. Chaque année, l’autorité islamique de chaque pays se réunit durant ce qu’on appelle la nuit du doute.
Dans son sens le plus global, c’est la nuit qui précède chaque dernier jour d’un mois lunaire afin de déterminer si celui-ci aura 29 ou 30 jours. Comme nous l’avons vu, le calendrier lunaire se base sur l’observation des phases de la lune, au nombre de huit. La première phase appelée le premier croissant de lune se manifeste par un infime croissant visible sur la partie droite de la lune. Ensuite vient le premier quartier, où la moitié droite de la lune est observable, suivi de la phase nommée « lune gibbeuse croissante » où plus de la moitié de la partie droite de la lune est visible.
Ces phases sont suivies par la pleine lune, puis la répétition des trois premières phases dans un ordre décroissant, c’est-à-dire ne laissant apparaître que la partie gauche de la lune, jusqu’à la nouvelle lune. L’observation qui est effectuée lors de la nuit du doute est simplement l’observation du premier croissant de lune.
Si celui-ci est visible, alors le jour suivant le premier jour du mois qui commence. Si la lune est en phase de nouvelle lune, c’est-à-dire entièrement invisible de nuit, il faut attendre un jour de plus, soit un 30e jour est ajouté au mois, avant de passer au mois suivant.
De nos jours, l’expression « nuit du doute » fait principalement référence aux deux soirées qui déterminent le début et la fin du mois de ramadan. En effet, ce mois, riche en traditions et en rituels stricts, nécessite une observation précise pour marquer ces dates importantes. Cette responsabilité incombe aux autorités islamiques qui, de nos jours, disposent d’observatoires et d’outils d’observation astronomiques, permettant d’avoir une vision plus claire des phases de la lune sans obstacle météorologique.
Cette année, la grande mosquée de Paris n’a pas pu observer la lune lors de la nuit du lundi à mardi, il a donc fallu jeûner un jour de plus mardi, et mercredi marquera le premier jour du mois suivant ainsi que le premier jour des célébrations de l’Eid al-fitr.
Les célébrations de l'Eid-Al-fitr
Chaque pays, chaque zone géographique et chaque courant islamique, possède ses propres rites et coutumes sur les manières de célébrer l’Eid Al-fitr. Elles ont néanmoins en commun les valeurs de générosité et d’hospitalité, ainsi que l’acquittement du Zakat al-fitr.
La Zakat de manière générale est la pratique liée au troisième pilier de l’Islam qui incombe un(e) musulman(e) de s’acquitter d’un don proportionnel à ses moyens envers une personne n’ayant pas les ressources financières suffisantes pour vivre confortablement.
La Zakat al-fitr ou « l’aumône de la rupture » est plus précis et particulier, c’est une coutume faisant partie des devoirs à respecter lors de l’Eid al-fitr, de donner donc une participation financière à des personnes n’ayant pas les ressources nécessaires pour célébrer l’Eid al-fitr. Cet acte suit le hadith, parole du prophète, qui préconise d’aider les mendiants à leur éviter la mendicité en ce jour.
De manière aussi globale, cette journée de célébration commence par des prières communes, et les musulmans sont encouragés à les suivre.
La Zakat de manière générale est la pratique liée au troisième pilier de l’Islam qui incombe un(e) musulman(e) de s’acquitter d’un don proportionnel à ses moyens envers une personne n’ayant pas les ressources financières suffisantes pour vivre confortablement. La Zakat al-fitr ou « l’aumône de la rupture » est plus précis et particulier, c’est une coutume faisant partie des devoirs à respecter lors de l’Eid al-fitr, de donner donc une participation financière à des personnes n’ayant pas les ressources nécessaires pour célébrer l’Eid al-fitr. Cet acte suit le hadith, parole du prophète, qui préconise d’aider les mendiants à leur éviter la mendicité en ce jour.
De manière aussi globale, cette journée de célébration commence par des prières communes, et les musulmans sont encouragés à les suivre. Les traditions occidentales observées pendant l’Eid al-fitr sont similaires à celles des pays du Maghreb et plus largement du Moyen-Orient.
Néanmoins, dans les pays dont l’Islam est la religion de l’État, l’Eid-Al-fitr bénéficie d’un espace plus large pour s’exprimer. Ainsi les villes revêtent une allure festive, les boutiques, épiceries et bâtiments de la ville sont décorés, les habitants portent une tenue particulière, on offre de l’argent ou des cadeaux aux enfants et on partage un repas en famille.
L'Eid-Al-fitr et le ramadan sous le symbole de la famine
Alors que la communauté musulmane du monde est censée se préparer aux célébrations de l’Eid-Al-fitr, les mots « générosité et hospitalité » sont en discordance avec le sort du peuple palestinien actuellement à Gaza.
À Washington, plusieurs communautés musulmanes ont refusé des subventions publiques d’aide à la célébration et ont également repoussé les festivités en soutien aux Gazaouis.
Tout au long du mois du ramadan, le bruit courrait d’une entrée imminente des troupes israéliennes dans la ville de Rafah. Ce mois de ramadan fut marqué par une famine grandissante à Gaza, alimentant les discussions sur les réseaux sociaux qui comparaient la situation actuelle à celles des années précédentes.
Les tables remplies lors des repas de rupture du jeûne ont laissé place à des vivres de très faibles quantités et à des prix exorbitants. Malgré les tentatives d’aides humanitaires pour faire entrer plus de nourriture dans la bande de Gaza, les actes de violence de la part de l’armée israélienne empêchèrent l’acheminement de ces aides aux Gazaouis.
Dimanche dernier, le chef d’état-major de l’armée israélienne a annoncé le retrait de ses troupes sur Khan Younes, ville au sud de la bande de Gaza « pour récupérer et préparer de futures opérations ». La menace d’une entrée de l’armée israélienne dans Rafah, ville au sud également de la bande de Gaza et dernier refuge des Gazouis, se fait de plus en plus imminente malgré le récent appel au cessez-le-feu commun de plusieurs chefs d’État.
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Sarina Abousido est anthropologue de formation, spécialisée sur la politique d'Irlande du Nord, du Brexit, sur les interactions entre la République d'Irlande, l'Irlande du Nord et le Royaume Uni. D'origine palestinienne, elle étudie également les échos de la cause palestinienne dans l'identité politique irlandaise.
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