Pour ceux qui ont vu Le Secret de Khéops au cinéma, où Fabrice Luchini incarne un chercheur persuadé que le trésor de Khéops a été caché en France, le film a peut-être réveillé des souvenirs d’enfance empreints d’égyptomanie.
Mais pour certains chercheurs, cette fascination pour l’Égypte antique ne s’est jamais limitée à un rêve d’enfant ou à un simple fantasme cinématographique. C’est le cas du professeur David Miano, qui nous éclaire sur les découvertes archéologiques de 2025 et nous offre son commentaire sur ces actualités.
En effet, une équipe de chercheurs italiens affirme avoir mis au jour une immense cité souterraine sous la pyramide de Khafre, à Gizeh. Grâce à une technologie de scan satellite avancée, cette découverte pourrait remettre à jour notre compréhension de l’Égypte antique. Mais en l’absence de validation scientifique, cette découverte reste douteuse.
La technologie réveille l’enthousiasme des archéologues
L’équipe de chercheurs italiens a utilisé une technique de scan satellite normalement employée pour cartographier la surface terrestre.
Cette fois-ci, ils ont tenté d’exploiter cette technologie pour sonder les profondeurs du sol, une démarche encore peu courante dans le domaine archéologique. Huit structures cylindriques massives se trouveraient sous la pyramide de Khafre et formeraient un réseau qui serait le vestige d’une civilisation avancée oubliée – De quoi réecrire un scénario de film.
Lors d’une conférence de presse en Italie, les chercheurs ont présenté des images issues de leurs scans qui suggèrent donc l’existence de chambres souterraines et de blocs colossaux sous la pyramide.
Ils font tout de même le choix de ne pas publier ces résultats dans une revue scientifique évaluée par des pairs et les annoncent directement à la presse, ce qui leur a valu des critiques assez virulentes de la part d’autres chercheurs, qui trouvent cela assez léger.
David Miano insiste sur le fait que ce genre de pratique n’est ni courante dans ce domaine ni professionnelle parce qu’elle laisse planer le doute quant à la légitimité de la trouvaille.
“Ils n’ont rien publié dans une revue scientifique, ils ont simplement fait une annonce publique. C’est un problème. Ils cherchent à faire du bruit avant même d’obtenir une validation rigoureuse.”
Ce comportement attire la méfiance des égyptologues et des spécialistes de l’archéologie alternative. Les chercheurs, même parmi ceux qui croient en l’existence d’une civilisation avancée antérieure aux pharaons pensent que les affirmations des Italiens manquent de preuves tangibles.
Du Scepticisme en masse de la communauté scientifique et archéologique
Comme dans le film de Luchini, la communauté archéologique est obligée de se montrer prudente. Après tout, l’histoire de ces découvertes montre bien qu’il vaut mieux tout remettre en question plutôt que d’accepter des affirmations sans preuve tangible et triple vérification par des pairs.
Cette réserve est justifiée puisque plusieurs éléments viennent en contradiction avec les résultats avancés par les chercheurs italiens.
D’une part, les scans ne semblent pas avoir détecté la nappe phréatique, alors que l’on sait qu’elle est relativement proche sous le plateau de Gizeh. D’autre part, les structures internes déjà connues des pyramides et mises en évidence par d’autres études archéologiques validées scientifiquement, ne figurent pas non plus dans leurs résultats. David Miano acquiesce.
“Il y a une nappe phréatique très élevée sous les pyramides. Pourquoi leurs scans ne la détectent-ils pas ? De plus, pourquoi ne voient-ils pas les vides déjà connus à l’intérieur des pyramides ?”
Ces incohérences renforcent l’idée que les résultats pourraient être biaisés par l’interprétation des chercheurs, voire erronés. Les spécialistes sont aussi intrigués par le fait que cette même équipe ait publié une étude similaire en 2022 sur une autre pyramide, sans que leurs conclusions ne soient confirmées par d’autres institutions.
“Ils avaient déjà publié une étude en 2022 sur une autre pyramide, mais rien depuis. Cette nouvelle annonce semble suivre le même schéma.”
Souvent, ces révélations spectaculaires sont accompagnées d’un projet commercial, comme la sortie d’un livre ou d’un documentaire, ce qui peut nuire à la crédibilité scientifique de l’annonce.
“Quand une équipe passe par la presse avant de publier une étude validée, c’est souvent le signe qu’un livre ou un documentaire est en préparation.”
Une avancée potentiellement révolutionnaire, mais à prendre avec précaution
Si la découverte de structures souterraines sous la pyramide de Khafre s’avérait exacte, elle changerait notre compréhension de l’histoire de l’Égypte antique et remettrait vraiment sur la scène cette obsession pour l’Egypte et ses mystères.
Mais comme le rappelle le Professeur Miano :
“L’archéologie et l’histoire ancienne sont des disciplines progressives, toujours en mouvement. Ce que nous croyons savoir aujourd’hui pourrait être remis en question demain. Mais c’est précisément pourquoi nous devons être rigoureux et méthodiques dans notre approche.”
En attendant, pour nos lecteurs, le potentiel spectaculaire des nouvelles technologies dans ces découvertes nous rappelle deux choses :
- Pas tous les métiers liés à l’Histoire sont voués à disparaître. On peut devenir égyptologue sans craindre que l’IA prenne notre place, si l’on apprend à se servir de nouvelles technologies.
- Il y a encore des actualités qui peuvent générer de l’enthousiasme et non de l’ennui ou du désespoir.