Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a conclu une tournée diplomatique épuisante au Moyen-Orient ce lundi en Turquie, n’ayant rencontré que peu de succès dans ses efforts acharnés pour forger un consensus régional sur la meilleure façon d’atténuer les souffrances civiles à Gaza alors qu’Israël intensifie sa guerre contre le Hamas.
Des pauses humanitaires proposées par les États-Unis
Blinken a rencontré le ministre des Affaires étrangères turc, Hakan Fidan, dans la capitale turque d’Ankara après un week-end frénétique de déplacements le menant d’Israël en Jordanie, en Cisjordanie occupée, à Chypre et en Irak afin de susciter le soutien à la proposition de l’administration Biden de “pauses humanitaires” dans la campagne militaire incessante d’Israël à Gaza.
L’escalade du conflit à Gaza
La diplomatie de navette de Blinken intervient alors que les troupes israéliennes ont encerclé la ville de Gaza et coupé la partie nord du territoire assiégé dirigé par le Hamas. Les troupes devraient entrer dans la ville lundi ou mardi et devraient affronter des militants combattant dans les rues à l’aide d’un vaste réseau de tunnels. Les pertes devraient augmenter des deux côtés dans cette guerre vieille d’un mois, qui a déjà causé la mort de plus de 9 700 Palestiniens.
Un espoir de l’aide humanitaire et de la libération des otages
Le haut diplomate américain espère que des pauses dans la guerre permettront une augmentation de l’aide humanitaire à Gaza et la libération des otages capturés par le Hamas lors de l’incursion meurtrière des militants le 7 octobre dans le sud d’Israël, qui a fait plus de 1 400 victimes, principalement des civils. Tout cela en espérant empêcher le conflit de se propager dans la région.
Ni Blinken ni Fidan n’ont parlé lorsqu’ils ont posé pour les photographes avant leurs entretiens formels à Ankara. Le haut diplomate américain ne devait pas rencontrer le président turc Recep Tayyep Erdogan, qui a vivement critiqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et est un cas à part parmi les alliés de l’OTAN en ne soutenant pas pleinement le “droit d’Israël à se défendre”.
Protestations et opposition internationale
À l’extérieur du ministère des Affaires étrangères, des dizaines de manifestants d’un groupe islamiste ont brandi des drapeaux turcs et palestiniens et des pancartes anti-américaines et anti-israéliennes alors que la réunion entre Blinken et Fidan commençait. Plus tôt lundi, la police a dispersé un groupe d’étudiants marchant vers le ministère en criant “assassin Blinken, sors de Turquie !”
Il s’agissait du deuxième jour de protestations dénonçant la visite de Blinken. Dimanche, des manifestants pro-palestiniens se sont affrontés avec la police anti-émeutes turque devant la base militaire américano-turque d’Incirlik dans la ville du sud d’Adana. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour empêcher les manifestants d’entrer dans la base.
Les difficultés de Blinken dans la région
La mission de Blinken, sa deuxième dans la région depuis le début de la guerre, n’a trouvé que peu, voire pas du tout, de soutien pour ses efforts visant à contenir les conséquences du conflit. Israël a rejeté l’idée de pauses, tandis que les nations arabes et musulmanes demandent plutôt un cessez-le-feu immédiat à mesure que le bilan des victimes augmente parmi les civils palestiniens, principalement des enfants, sous les bombardements israéliens à Gaza.
L’influence américaine et l’opposition internationale
Les responsables américains cherchent à convaincre Israël de l’importance stratégique du respect des lois de la guerre en protégeant les non-combattants et en augmentant considérablement les livraisons d’aide humanitaire à la population civile assiégée de Gaza.
Il reste cependant incertain si Netanyahu acceptera des pauses temporaires et progressives dans l’opération massive visant à éradiquer le Hamas, ou si l’indignation parmi les Palestiniens et leurs partisans pourra être apaisée s’il le fait.
Déjà, la Jordanie et la Turquie ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël pour protester contre ses tactiques, et l’opinion internationale semble passer de la sympathie envers Israël à la répulsion à mesure que les images de mort et de destruction à Gaza se répandent dans le monde.
Des manifestations internationales contre Israël et le soutien américain
Samedi à Amman, la capitale jordanienne, les ministres des Affaires étrangères égyptien et jordanien sont apparus lors d’une conférence de presse conjointe avec Blinken. Les deux ont déclaré que la guerre d’Israël dépassait la légitime défense et ne pouvait plus être justifiée, car elle équivalait maintenant à une punition collective du peuple palestinien.
Ce sentiment a été exprimé par des dizaines de milliers de manifestants dans les rues des capitales du monde entier ce week-end pour protester contre Israël et condamner le soutien américain à Israël.
Prochaines étapes pour Blinken
Après avoir conclu ses entretiens en Turquie, Blinken se rendra en Asie, où le conflit à Gaza devrait figurer en bonne place aux côtés d’autres crises internationales lors d’une série d’événements au Japon, en Corée du Sud et en Inde, notamment la guerre de la Russie en Ukraine et le programme d’armes nucléaires de la Corée du Nord.
Dimanche, Blinken est passé de la Cisjordanie occupée, où il a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas, à Bagdad pour des entretiens avec le Premier ministre irakien Mohammed Shia Al-Sudani.
Lorsque la nouvelle de l’arrivée de Blinken dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, s’est répandue, des dizaines de Palestiniens sont sortis pour protester, tenant des pancartes montrant du sang qui coule et des messages incluant : “Le sang de Blinken est sur vos mains.” La réunion avec Abbas s’est terminée sans aucun commentaire public.
Les efforts américains pour influencer Israël
L’administration Biden, bien qu’elle soit le plus grand partisan de la réponse militaire d’Israël aux attaques du Hamas le 7 octobre, cherche de plus en plus à utiliser son influence avec Israël pour essayer d’atténuer l’effet des semaines de siège complet d’Israël et des assauts quasi-continus par voie terrestre, aérienne et maritime à Gaza, où vivent 2,3 millions de civils.
Les États arabes résistent aux suggestions américaines selon lesquelles ils devraient jouer un plus grand rôle dans la résolution de la crise, exprimant leur indignation face au bilan des victimes civiles des opérations militaires israéliennes et considérant Gaza comme un problème largement imputable à Israël.