Lorsqu’on pense à l’Europe médiévale, des images de chevaliers, de bâtiments en pierre, de princesses en robe à volants, de batailles sanglantes mais surtout de conquêtes territoriales sous le signe de la croix sont évoquées.
En France, depuis la loi de la séparation entre l’Eglise et l’Etat en 1905, il semblerait que l’Eglise ait vraiment perdu un pouvoir significatif vis-a-vis de la population. Ce n’est pas seulement au point de vue moral, mais aussi physique que l’Eglise chrétienne prend moins de place.
Entre la perte d’identité et la perte de territoire physique, la fin d’une Europe chrétienne a-t-elle vraiment sonné?
L’Europe chrétienne: Une descente vers les enfers – politiquement parlant.
La fin d’une identité chrétienne en Europe se fait surtout sentir politiquement parlant.
Plus loin que le débat sur la laïcité qui est prédominant dans la sphère publique française, il semblerait que beaucoup de lois soient absolument contraires aux lois divines imposées dans la Bible.
Monseigneur de Moulins-Beaufort en est l’exemple incarné. L’archevêque du diocèse de Reims est en train de faire la guerre au projet fin de vie qui a été présenté en Conseil des Ministres il y a deux semaines. Alors que le président Macron essaie de redorer son image via ce projet, le corps chretien le déplore : “Il vaut la peine que les catholiques comme citoyens encouragent leurs parlementaires à ne pas se laisser entraîner par des émotions ou par la peur d’être traités de conservateurs. C’est un faux progrès que d’offrir la mort comme solution.” défend Monseigneur de Moulins-Beaufort.
Bien que de nombreux arguments éthiques existent en faveur d’une assistance vers la mort, il ne faut cependant pas discréditer l’opinion de l’archevêque, car le droit de mourir peut venir avec de lourdes conséquences: Entre les batailles pour l’héritage, les faux diagnostics médicaux et la difficulté de consentir à sa propre mort, il semblerait que cette loi pourrait donner des armes aux fraudeurs.
Il faut également considérer que religieusement parlant, c’est hors la loi. Dans Genèse 9, 5, il est dit que “Toutefois encore, votre sang, qui fait votre vie, j’en demanderai compte.”. Ces paroles symbolisent qu’il n’est ni un droit, ni un devoir pour un humain d’ôter une vie, quand bien même elle lui appartiendrait.
Or, la Genèse rentre bien dans la Torah, qui est le livre de la loi pour les juifs et chrétiens.
L’absence de poids que semble avoir le clergé dans cette loi semble presque injuste. S’il y a quiconque qui devrait avoir une voix dans un projet qui concerne la vie humaine, ce devrait bien être les ecclésiastiques, qui ont étudié la spiritualité et la vie comme des choses sacrées.
Monseigneur de Moulins-Beaufort va plus loin dans cet argument en expliquant qu’il n’y a pas besoin d’être un chrétien pour voir ce qu’il voit dans ce projet: “La foi chrétienne éclaire notre conception de la vie et de nos responsabilités, mais il n’y a pas besoin d’être chrétien pour penser qu’une société se grandit en refusant de donner la mort et en mobilisant ses forces pour accompagner chacun jusqu’au bout.”
Ce projet de loi symbolise en fait, la fin d’une Europe chrétienne puisque le droit divin ne se mêle pas au juridique.
Est-ce que l’Europe chrétienne est menacée par l’immigration?
La théorie du Grand Remplacement exprime l’idée que les vagues d’immigration que l’Europe chrétienne subit peuvent nuire à la culture européenne et peut-être même la tuer.
Toutefois, de Moulins-Beaufort ne rentre pas dans cette école de pensée et affirme que “Ceux qui se bercent d’illusions sont ceux qui essaient de nous faire croire qu’on peut arrêter l’immigration.” expliquant sa croyance selon laquelle une Europe chrétienne peut absolument survivre et que l’immigration ne s’y oppose pas fondamentalement.
Le fort de l’archevêque est qu’il comprend le besoin d’évolution de la religion tout en se tenant très près des textes sacrés. Il ajoute aussi que “L’afflux de réfugiés en Europe ne va pas se tarir. Il faut nous faire à cette idée et ne plus avoir peur.”
Même si à la suite des vagues d’immigration, il semblerait que la population musulmane ou athée soit en hausse comparée à la population chrétienne en Europe, les chiffres ne mentent pas: Seulement 10% de la population est musulmane en France aujourd’hui et même en 2030, les projections sont telles qu’il y aura toujours plus de chrétiens que de musulmans (Environ 35,640 chrétiens pour environ 6,100 musulmans et environ 24,200 athées).
Donc, Monseigneur de Moulins-Beaufort a sûrement raison: l’immigration ne nuit pas à une Europe chrétienne.
Ce qui nuit à l’Europe chrétienne, c’est justement cette immobilisation politique du clergé ainsi que l’absence du besoin d’être chrétien pratiquant.
Si l’on pense à nos grand-parents, la raison qui les poussait à être aussi fervents est probablement due à la nécessité de socialiser sans téléphone.
Selon Inglehart, ( étude de 2021) le déclin religieux est plus fort dans les pays riches. Si beaucoup de cyniques défendent que cela est lié à l’éducation, il se pourrait aussi qu’il s’agisse plutôt d’un déclin dû à l’absence de nécessité. Si nous avons des portables, nous sommes automatiquement connectés au monde. Nous n’aurions donc plus besoin d’aller a l’Eglise en théorie.
Cependant, ce que Monseigneur de Moulins-Beaufort prouve dans sa position d’archevêque du diocèse de Reims de par ses visites en Iraq, son accueil de prêtres orthodoxes et son soutien des minorités c’est qu’il y a très peu de corps publics en Europe qui souhaitent autant améliorer l’Europe en soutenant les droits humains, l’art et la paix mondiale que le clergé chrétien.
Ce corps chrétien fait vœu d’évoluer et d’aider toutes les populations du monde.