À l’approche des Jeux Olympiques de 2024, Paris se prépare à accueillir des athlètes et des visiteurs du monde entier pour célébrer l’esprit de compétition et l’unité mondiale.
Cependant, derrière l’excitation des festivités olympiques, se cache un phénomène psychologique souvent méconnu : le Syndrome de Paris. Yves-Alexandre Thalman nous en dit plus dans cette interview exclusive pour Le Parisien Matin.
Le Syndrome de Paris, c’est quoi ?
Ce syndrome, qui tire son nom de la capitale française, a été observé chez certains visiteurs étrangers confrontés à un choc culturel intense lors de leur séjour à Paris. Alors que la ville s’efforce de briller sous les feux des projecteurs olympiques, certains voyageurs peuvent se retrouver submergés par une réalité différente de celle qu’ils avaient imaginée.
Entre le ticket de métro à 4 euros, les rénovations des infrastructures faite à la va-vite comme l’ont montré des nombreuses photos sur les réseaux sociaux, jusqu’à 600 000 spectateurs attendus chaque jour dans les transports en commun, etc. La vision fantasmée d’Emily in Paris est bien loin de la réalité.
Le Syndrome de Paris, un phénomène intrigant et peu commun, fait référence à un ensemble de symptômes psychologiques transitoires observés chez certains visiteurs étrangers lors de leur séjour à Paris, en France. Ce syndrome a d’ailleurs attiré l’attention des médias et des chercheurs depuis son identification dans les années 1980.
Ce syndrome se manifeste généralement par des symptômes tels que des hallucinations, de l’anxiété, des délires ou des épisodes psychotiques. Il est souvent déclenché par un choc culturel ou des attentes non réalisées par rapport à la ville. Les visiteurs touchés, principalement des touristes japonais, peuvent se retrouver submergés par la réalité contrastée de Paris par rapport à leurs idéaux préconçus.
L’histoire du Syndrome de Paris remonte aux années 1980, lorsque les autorités médicales japonaises ont commencé à remarquer un nombre inhabituellement élevé de cas de visiteurs japonais souffrant de troubles mentaux après leur arrivée à Paris. Ces troubles allaient de l’anxiété et de la dépression à des épisodes psychotiques graves.
L’observation de ce phénomène a conduit à une reconnaissance croissante du Syndrome de Paris et à des études visant à mieux comprendre ses mécanismes et ses déclencheurs.
Des chercheurs renommés tels que Hiroaki Ota, psychiatre japonais, ont contribué à la documentation et à la compréhension du Syndrome de Paris. Les études menées par des équipes de chercheurs internationaux, notamment des psychologues et des anthropologues, ont examiné les facteurs culturels, sociaux et psychologiques impliqués dans ce phénomène. “Le Syndrome de Paris est un exemple fascinant de la façon dont les attentes des visiteurs peuvent influencer leur expérience de voyage”, déclare le psychiatre japonais dans son écrit The Experience of Japanese Tourists in Paris
Le Syndrome de Paris: Mythe ou réalité?
Après tout ce que nous avons mentionné précédemment, il est logique de croire à ce Syndrome de Paris. Cependant, Yves-Alexandre Thalmann n’est pas de cet avis : “Est-ce que c’est un véritable trouble ou une légende ? Alors c’est la deuxième possibilité bien sûr. Là on parle d’une expérience de profonde déception mais après il n’y a aucune réalité si vous voulez dans les classifications officielles de troubles ou de maladies.
Cette histoire du Syndrome de Paris se trouve très facilement quand on surf un peu sur internet puis c’est l’escalade. Certaines personnes vont jusqu’à mentionner des hallucinations ou même des idées délirantes.”
En réalité, nous parlons ici plus d’une phase de dépression légère que d’une pathologie grave, trouvant ses origines dans une explication rationnelle : “Si on regarde un peu l’origine de l’affaire, c’est principalement des touristes asiatiques qui en font mention.
Par exemple, dans mon cas, je peux imaginer que la déception que je pourrais avoir de la ville de Paris est d’un autre ordre. En tant que suisse je peux me rendre à Paris en 3h30 TGV quasiment tous les week-ends. C’est quelque chose de plutôt accessible pour moi. Pour un touriste asiatique c’est peut-être le seul et unique voyage et visite de la capitale qu’il pourra faire dans toute sa vie et peut-être qu’il y a beaucoup de sacrifices pour faire ce voyage.
Donc j’imagine que les attentes sont extrêmement élevées. Cette déception peut amener certainement à une baisse de l’humeur marquée qui pourrait faire penser à des symptômes de dépression. La personne se renferme sur elle-même, et n’est même plus capable d’apprécier la ville tellement elle est sous l’emprise de la déception”, explique le psychologue.
Aujourd’hui le Syndrome de Paris tient plus du prétexte à faire des vues : “Quand on regarde, c’est mal défini, donc les gens peuvent se projeter et puis ça peut vite devenir viral. C’est assez sexy le Syndrome de Paris quand on y pense. C’est le fait de pouvoir dire que j’ai été horriblement déçu, que je me suis trop réjoui à l’avance, afin de pouvoir témoigner avoir été victime du Syndrome de Paris, ce qui peut m’attirer de l’audience”, ajoute Yves-Alexandre Thalmann.
La solution la plus efficace semble alors de pas trop en attendre la ville lumière et de vouloir savourer une réalité plutôt qu’un simple fantasme nourrit par la fiction. Mais dans le cadre des JO 2024 de Paris, une chose est sûre, c’est que les premières victimes de ce Syndrome de Paris semblent les Parisiens eux-même. Déçus de l’organisation des transports, leur demandant de privilégier le travail à distance ou la voiture. Déçus de l’augmentation exponentielle du marché de l’immobilier, rendant les recherches d’appartement extrêmement difficiles en cette période. Déçus de se voir mis à la porte par leur propriétaire ou par le Crous dans le cas des étudiants, afin de pouvoir accueillir les touristes. Déçus de se sentir mis de côté par leur propre ville.