Le lundi 2 juin 2025, en fin de journée, un employé de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été retrouvé sans vie à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), dans les sous-sols du bâtiment qui abrite le siège de ce service stratégique. Le corps a été découvert à l’intérieur d’un véhicule de service, stationné dans le parking souterrain de la DGSI, situé rue de Villiers. Plusieurs sources concordantes disent que l’homme aurait utilisé son arme de service pour mettre fin à ses jours.
Une découverte déclenchée par l’inquiétude de l’épouse
Ce sont les craintes de son épouse qui ont permis de retrouver le corps. Elle aurait contacté les autorités après avoir découvert une lettre au domicile familial, rédigée de la main de son mari, dans laquelle il exprimait son désespoir et annonçait son intention de se suicider. Sans nouvelles de lui depuis plusieurs heures, et alarmée par le contenu du message, elle a signalé la situation. Les collègues de l’agent ont alors lancé des recherches au sein même du siège, ce qui a permis de localiser le véhicule et de faire la macabre découverte.
Les premières constatations
Le corps présentait une blessure par balle à la tête, plus précisément au niveau de la tempe droite. À ce stade, le parquet de Nanterre reste prudent : les causes de la mort ne sont pas officiellement établies, même si la piste d’un suicide est largement envisagée. Une enquête a été ouverte dans le cadre d’une procédure classique dite de « recherche des causes de la mort ». Cette mission a été confiée à l’Inspection générale de la sécurité intérieure (IGSI), organe indépendant chargé de superviser les affaires internes liées aux services de renseignement et aux structures policières.
Une répétition dramatique : déjà deux cas similaires cette année
Ce décès survient à peine quelques mois après un événement tragique presque identique. En janvier 2025, un autre agent de la DGSI avait été retrouvé sans vie, lui aussi dans le parking du siège de Levallois-Perret, après s’être donné la mort avec une arme à feu. À peine quelques jours avant ce premier drame, un autre membre du personnel avait mis fin à ses jours à son domicile, selon plusieurs sources proches de l’enquête. On évoquait alors un contexte personnel difficile, sans lien direct avec les conditions de travail.
En l’espace de cinq mois, trois suicides, dont deux sur le lieu de travail, ont frappé la DGSI. Ce chiffre est lourd pour un service composé d’agents sélectionnés, formés à la discrétion, à la pression et à la rigueur constante. Plus largement, il s’agit du dixième suicide au sein de la police nationale depuis le début de l’année 2025. Des statistiques qui rappellent crûment que les membres des forces de l’ordre, y compris ceux affectés aux services de renseignement, restent exposés à des risques psychologiques élevés.
La DGSI sous pression
Travailler à la DGSI, c’est évoluer dans un univers clos, sous haute sécurité, où les informations traitées relèvent de la sécurité nationale. Les agents de ce service, souvent invisibles aux yeux du grand public, sont confrontés à des missions de surveillance, d’analyse et d’intervention dans des dossiers complexes liés au terrorisme, à l’espionnage, à la cybercriminalité ou encore aux ingérences étrangères. Ces fonctions, par leur nature même, imposent une charge mentale importante, renforcée par la nécessité d’une discrétion absolue et par l’interdiction fréquente de parler de leur quotidien à leurs proches.
Les horaires décalés, les impératifs de confidentialité, l’exposition constante à des dossiers sensibles et parfois violents, combinés à l’absence de reconnaissance publique, peuvent engendrer un isolement profond. Si des cellules de soutien psychologique existent au sein des services, leur efficacité est régulièrement remise en question par les syndicats et certains professionnels de la santé mentale, qui estiment que la prévention n’est pas à la hauteur des enjeux.
Une institution silencieuse face à la souffrance
Pour l’instant, aucun commentaire officiel n’a été formulé par le ministère de l’Intérieur ou la direction de la DGSI. Comme souvent dans ce type de situation, la discrétion prévaut, tant pour préserver les proches du défunt que pour éviter toute divulgation d’éléments sensibles liés à ses fonctions.