La comédie diplomatique qu’on a vue la semaine dernière entre l’Inde et le Pakistan s’est un peu calmée suite à l’intervention médiatrice des US. Le calme sera-t-il durable? Ne soyons pas si optimistes.
Lors d’une conférence, plusieurs experts ont tranché.
On peut reprocher aux États-Unis beaucoup de choses, mais ils ont eu une influence positive sur l’Inde et le Pakistan
Lisa Curtis du CNAS insiste sur deux aspects essentiels.
D’abord, que l’administration Trump a joué un rôle central pour caler cette trêve : « trois jours consécutifs de missiles … drone strikes … les frappes les plus graves depuis la guerre de 1947 » – un niveau de conflit jamais vu entre ces deux voisins nucléaires. Grâce à une intervention active des États-Unis, une accalmie a été imposée, évitant ce qui aurait pu tourner à la catastrophe.
Mais le travail n’est pas terminé ; il y a un fossé trop profond pour que les guerres trouvent une vraie résolution. Curtis note que, malgré cette trêve temporaire, « les États-Unis n’ont aucun rôle à jouer pour résoudre le différend fondamental sur le Cachemire », un conflit ancré dans l’identité même des deux États, qui récusent toute médiation tierce, sans risque , les rapprochements , d’aliéner New Delhi, un partenaire stratégique clé.
Le Cachemire, ce conflit que personne ne veut vraiment régler
Marvin Weinbaum, lui, propose une lecture plus désabusée, presque cynique, des dynamiques régionales : selon lui, ni l’Inde ni le Pakistan ne souhaitent réellement résoudre le conflit du Cachemire. Pourquoi ? Parce que cette tension latente sert les intérêts internes des deux puissances.
« Je pense que Lisa a bien parlé de la question d’identité pour l’Inde et le Pakistan – ils ont tous deux besoin que la crise du Cachemire continue. Ils ont juste besoin qu’elle reste à feu doux. »
Weinbaum nous dit qu’il y a un intérêt mutuel à maintenir la tension : côté indien, cela renforce la posture sécuritaire et nationaliste du gouvernement Modi, alors que pour le Pakistan, le conflit alimente la légitimité du pouvoir militaire, garant du “combat” pour le Cachemire. Ce que Weinbaum décrit, c’est un équilibre instable mais politiquement utile, tant qu’il reste contrôlé.
« Je ne suis pas certain que l’une ou l’autre des parties veuille vraiment une résolution. Cela ne peut se faire sans compromis, et aucun ne semble prêt. »
Du côté de Javid Ahmed, le ton est plus désillusionné, presque fataliste. Il parle d’un cessez-le-feu « anticlimatique », qui n’annonce pas la paix mais une simple pause avant le prochain embrasement.
« Honnêtement, tout cet épisode a semblé être une perte de temps… oui, les canons se sont tus pour l’instant, mais ce n’est qu’une pause avant la prochaine flambée. »
Ahmed décrit le rôle persistamment toxique de certains groupes terroristes basés au Pakistan, qu’il décrit comme opérant dans un « safari pour terroristes », avec une liberté d’action inquiétante, et des liens historiques persistants avec les Talibans, comme l’a aussi rappelé Curtis.