La décision de retirer la Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy a fait réagir de nombreux responsables politiques, à commencer par Rachida Dati.
La ministre de la Culture, fidèle alliée de l’ancien président, s’est exprimée mardi au micro de CNews et Europe 1. Visiblement émue, elle a déclaré qu’elle était « choquée » par cette mesure, conséquence directe de la condamnation définitive de l’ex-chef de l’État à un an de prison ferme pour corruption dans l’affaire dite des écoutes.
Rachida Dati n’a pas mâché ses mots. Celle qui doit en grande partie son ascension politique à Nicolas Sarkozy, qui l’avait choisie pour entrer au gouvernement en 2007, a dénoncé une décision qui, selon elle, porte atteinte à l’honneur d’un homme ayant servi son pays avec dévouement.
« Pourquoi ça m’a choquée ? Parce que les gens font désormais le parallèle avec le maréchal Pétain. Et là, franchement, je trouve que c’est indigne », a-t-elle affirmé. Le parallèle avec le chef du régime de Vichy, déchu de la Légion d’honneur après sa condamnation pour haute trahison en 1945, alourdit selon elle le poids symbolique de cette exclusion.
Sarkozy, pas 100% pourri
La ministre a rappelé des épisodes marquants du parcours de Nicolas Sarkozy qui montrent son attachement à la France. Elle a évoqué la prise d’otages dans une école maternelle de Neuilly-sur-Seine en 1993, lorsqu’il était maire de la ville.
À l’époque, le futur président avait joué un rôle déterminant pour sauver plus de vingt enfants retenus par un forcené armé. « Cet épisode a montré son courage. Ce n’était pas un simple acte de circonstance, c’était un geste d’un homme engagé », a-t-elle insisté.
Elle a poursuivi en disant qu’être élu président de la République ne relevait pas du hasard. « Devenir président, ce n’est pas anodin. C’est un choix des Français. Nicolas Sarkozy a été élu avec une large majorité, et cela montre la confiance qu’on lui a accordée à ce moment-là », a-t-elle déclaré. Pour Rachida Dati, ce qui se joue derrière cette exclusion, c’est aussi la perte progressive du respect envers les plus hautes fonctions de l’État. « Je trouve que nos institutions sont de plus en plus désacralisées. Le président de la République, c’est une fonction que je continue de considérer comme sacrée », a-t-elle ajouté avec gravité.
Il n’y a pas que les Sarkozystes qui sont choqués
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a lui aussi exprimé son malaise face à cette décision. Sur RTL, il a confié qu’il ressentait un certain malaise. « Cette décision me choque. Bien sûr, j’ai beaucoup de divergences avec Nicolas Sarkozy, qui a combattu à de nombreuses reprises le Rassemblement national. Mais il reste un ancien président de la République, et on ne peut pas faire comme s’il n’avait rien représenté pour la France », a-t-il déclaré.
Pour Jordan Bardella, cette mesure ressemble à une volonté d’humilier un homme déjà accablé par des ennuis judiciaires. « On ne peut pas effacer ce qu’il a été pour le pays, quelles que soient les erreurs qu’il a pu commettre », a-t-il ajouté.
Les problèmes de Nicolas Sarkozy qui lui ont valu ce retrait
La décision de lui retirer cette distinction honorifique est dans le cadre des règles qui régissent l’ordre de la Légion d’honneur.
Elle était attendue depuis que la condamnation de Nicolas Sarkozy a été confirmée par la justice française. L’ancien chef de l’État avait été reconnu coupable d’avoir tenté d’obtenir des informations confidentielles auprès d’un magistrat, en échange d’un poste prestigieux à Monaco. L’appel n’ayant pas abouti à un renversement du jugement, la sentence d’un an de prison ferme, aménagée sous la forme d’un port de bracelet électronique, est devenue définitive.
Nicolas Sarkozy devient le deuxième ancien président français à être privé de la Légion d’honneur. Avant lui, seul Philippe Pétain, condamné en 1945, avait connu une telle déchéance. Ce parallèle est assez choquant.
Un homme toujours debout.
Depuis quelques jours, Nicolas Sarkozy ne porte plus son bracelet électronique, retiré au terme de la peine prononcée.
Mais l’ancien président n’en a pas fini avec la justice. Il a choisi de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme, espérant y trouver un ultime recours. Par ailleurs, il est impliqué dans une autre procédure : celle concernant les soupçons de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.
Dans ce dossier, le jugement devrait être rendu en septembre, et les réquisitions des procureurs sont lourdes : sept ans de prison ont été demandés à son encontre. L’ex-président rejette bien sûr ces accusations.