Si l’on parle beaucoup du procès de Marine Le Pen, la condamnation de l’Ex secrétaire d’État, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour escroquerie et détournement de fonds n’a pas été commentée plus que cela dans le monde politique.
Avec un parcours politique ayant commencé en 1984, il est possible que la somme détournée excède ces 22.000euros.
Thierry Mandon, coupable et privé de carrière politique.
Ce ne sont pas de maigres accusations auxquelles Thierry Mandon, ancien maire et secrétaire général du Conseil national du commerce depuis juin 2023 fait face. Le vendredi 15 novembre, le le tribunal correctionnel de Saint-Etienne le condamne pour “escroquerie”, “faux et usage de faux en écriture” et “abus de biens sociaux” et surtout de “tentative de détournement de biens publics par une personne dépositaire de l’autorité publique”.
Verdict? Thierry Mandon écope d’une peine de 12 mois de prison avec sursis, 5 ans d’inéligibilité et l’interdiction définitive de présider ou de diriger un établissement public. Le procureur avait pourtant requis 18 mois de prison avec sursis lors de l’audience en octobre, ainsi que 30 000 euros d’amende et l’inéligibilité de cinq ans. Thierry Mandon encourrait une peine beaucoup plus importante, au maximum 10 ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende.
Bien que son procès n’ait pas été surmédiatisé, éclipsé sans doute par celui de Marine Le Pen, les crimes de Thierry Mandon ont de quoi nous faire réfléchir quant à la confiance portée aux dirigeants d’établissements publics. Thierry Mandon avait plaidé coupable d’avoir détourné près de 15 000 euros.
Il est en réalité accusé d’avoir détourné environ 20.000 euros de la caisse de la Cité du design de Saint-Etienne, dont il avait été à la tête de 2018 à 2022, et avoir investi cet argent dans son propre escalier hélicoïdal au sein de son duplex parisien, dans 42 billets de train allant de Paris à Saint-Etienne, qui avaient déjà été financés par la Cité du Design et un voyage en Chine, qui avait été annulé à cause de la crise sanitaire du Covid-19.
“J’ai bien financé des travaux réalisés à mon domicile en faisant une fausse facture.“
Thierry Mandon
Ce détournement de fonds avait été signalé en novembre 2022 par Marc Chassaubéné, le président de la Cité du design de Saint-Etienne, qui avait aussi exercé une fonction d’adjoint de la culture. Il faut se rappeller que Thierry Mandon avait démissionné en 2022 pour “raisons personnelles” alors que la Cité du Design faisait face à des difficultés financières.
Cette fois, peu de figures politiques n’ont exprimé leur soutien pour Thierry Mandon et des internautes ont interpellé Gérald Darmanin au sujet de ce silence.
Y a t-il une vraie justice dans l’affaire Thierry Mandon?
Le cas Thierry Mandon pose des questions très difficiles pour la France. Avec une dette qui croît toujours plus, il faut maintenant questionner ce que font réellement les élus avec l’argent des caisses publiques.
Nous remarquerons que l’indice de démocratie français (C’est à dire l’évaluation annuelle de la démocratie selon le groupe de Presse The Economist) dénote un score excellent score en termes de fonction du gouvernement : 7,86 (le maximum étant 10). Et pourtant, la Française reste toujours marquée par le label de déshonneur démocratie “imparfaite“, donné en 2020 . Un comble, pour l’hexagone qui est connu comme le pays des droits de l’homme.
Il faut savoir que selon Transparency France International, le détournement de fonds représente 27% des cas de corruption en France. Si nos lecteurs souhaitent savoir quelle profession est la plus impliquée dans des affaires de corruption, il s’agit bel et bien des maires, qui représentent 40% de ces affaires. Cela indique qu’il y a un réel problème avec la gestion des ressources publiques, et ce bien que la France soit classée dans les 20 pays les moins corrompus du monde en 2023.
“La corruption mine l’État de droit et représente un obstacle à la réalisation des droits humains.”
Le Gouvernement Français
La France a mis de nombreuses lois en place pour limiter la corruption. La première citée dans des affaires politiques est la Loi Sapin II de 2016 qui renforce la lutte contre la corruption dans les entreprises et les administrations publiques. Elle impose des obligations de conformité aux entreprises (des programmes anti-corruption) et crée le statut de lanceur d’alerte pour protéger ceux qui dénoncent des faits de corruption, en parallèle, l’Agence française anticorruption (AFA), établie par la loi Sapin II, aide les organisations publiques et privées à mettre en place des programmes de lutte contre la corruption et effectue des contrôles sur leur efficacité.
Il y a ensuite la loi sur la moralisation de la vie politique de 2017, qui fût introduite après de nombreux scandales et interdit explicitement les emplois familiaux pour les collaborateurs parlementaires et les membres du gouvernement ainsi que l’usage de la réserve parlementaire, un fonds alloué aux parlementaires pour financer des projets locaux.
Si ces lois, ainsi que le code pénal, les conventions internationales et même la Stratégie anti-corruption de la France dans son action de coopération 2021-2030 ont tous le même but d’endiguer la corruption au sein de la France, force est de constater que de nombreux poissons politiques passent à travers le filet de la loi.