Une mer qui s’agite est souvent synonyme de plage vide, une seule personne pourtant y subsiste: Alegria Diosalva. Ce peintre de marine nous invite dans un univers aux nuances bleues, grises et vertes, peuplé d’embruns et de mousses. Elle nous fait voyager dans les mers du nord de la France et celles du sud de l’Europe qu’elle peint avec passion et sensibilité.
Interview avec Diosalva: C’est un grand peintre dont nous faisons la connaissance et qui nous ouvre les portes de son atelier.
“La mer change tous les jours, aucune plage, aucune vague ne se ressemble, ce sont ces personnalités que j’essaye de peindre sur mes toiles.”
Dès l’age de quatre ans, elle se passionne pour le dessin et la peinture en pleine nature “Je ne suis pas un peintre d’intérieur, j’aime que la nature jaillisse de mes toiles”. C’est donc naturellement qu’à sa majorité, elle rejoint l’atelier supérieur des Beaux Art de Paris, pour peu de temps après, intégrer la prestigieuse Parsons school of design qu’elle suivra pendant quatre ans.
Alegria Diosalva, est une peintre hors du temps, qui attache peu d’importance à l’exactitude des traits ou bien à la logique. Elle cherche avant tout, à transmettre l’émotion de l’océan, sa force, sa tranquillité, ses transparences, tout ce qui rend unique chaque plage ou crique, qu’elle croque préalablement avant de peindre.
L’interview de cette artiste se déroule en Espagne dans son atelier, où elle nous explique le parcours de son œuvre, ses techniques, ses inspirations ainsi que ses futurs projets.
“Quel est votre parcours d’artiste Mme Diosalva?”
Tout d’abord, je suis un peintre qui à touché beaucoup de techniques, je ne suis pas passé directement à la peinture à l’huile. J’ai fait beaucoup de gravure, du crayon de couleur, du dessin, de l’encre de Chine… etc. Au milieu de ces différentes techniques, la gravure m’intéressait particulièrement, car j’ai pu voir l’évolution et la maturité que prenait mon trait. Peu à peu, j’ai commencé à faire du pastel, qui est la technique la plus proche de la peinture et c’est naturellement qu’un jour j’ai touché à l’huile.
Je suis une peintre réfléchi dans ses techniques, et j’ai trouvé que je disposais d’une grande liberté avec la peinture à l’huile, c’est pour cela que j’ai continué à en faire. Lorsque j’ai commencé à peindre, j’ai poussé la technique de la peinture à l’huile aussi loin que je pouvais avec l’apprentissage moderne qu’on donne dans les écoles d’art, puis j’ai décidé d’apprendre les techniques des grands maitres anciens dont celles des flamands dans lesquelles je me suis spécialisé.
Comment en est vous venus à vous spécialiser dans la peinture des marines?
Je peins des fleurs depuis longtemps, c’est un univers que je connais. Un jour, j’ai eu envie de quelque chose de nouveau, dans lequel je puisse m’épanouir, mais différemment que dans les fleurs et j’ai pensé aux marines. Je cherchais avant tout, un thème qui soit aussi vivant que les fleurs, la mer étant continuellement en mouvement (tout comme les fleurs, même si ces dernières ne sont pas visibles de prime abord, car ce sont des mouvements extrêmement délicats), j’ai arrêté mon choix sur ça.
J’ai commencé, en apprenant à réfléchir, sur mon sujet. La réflexion d’un peintre compte beaucoup lorsqu’il travaille. Par exemple, lorsque je peins une pivoine, je vois une vague dans ces pétales. C’est en partie grâce à ça que j’ai commencé à peindre des plages. Je voulais voir si je pouvais transmettre la vie des vagues. C’est comme ça que j’en suis venu aux marines.
D’autre part, les palettes des fleurs étant très compliquées, celles des marines sont beaucoup plus reposantes. Peindre des fleurs nécessite beaucoup de précision, alors que les marines sont des peintures de bras, je trouve un équilibre entre les deux, qui malgré leurs différences, sont unis par les lumières. Dans la mer, on voit la lumière dans les transparences, la lumière traverse les cieux, elle traverse l’eau et grâce à ça on voit le fond. C’est la lumière qui crée le rythme de mes toiles.
Comment abordez-vous vos premiers traits sur une toile ?
D’abord, je retourne à l’endroit plusieurs fois avant de le peindre, je peins dans ma tête avant de peindre sur la toile, j’ai besoin d’observer la nature et la mer que je découvre. C’est comme si on découvrait quelqu’un, j’ai besoin de faire connaissance avec elle, c’est une fois que j’ai vu qu’il y a un élément de cette mer, à une même heure qui se reproduit et qui me fascine que je pose mes premiers coups de pinceaux sur la toile.
Les inspirations d’Alegria Diosalva
Quelles sont vos inspirations ?
Il y a un peintre qui m’a aidé à réfléchir sur comment aborder mes marines et à ne pas avoir peur de matérialiser ce que je voyais, c’est Zao Wooki. C’est un peintre d’une très grande réflexion et d’un grand raffinement. Pour l’instant, je ne peins pas de fond marin, mais si un jour, je m’y mets, c’est un peintre qui pourrait m’influencer.
Quel projet pour le futur?
J’ai envie de découvrir la mer du Nord de l’Espagne, car les lumières y sont très particulières. J’aimerais aussi aller chercher des palettes dans les ^iles Açores, parce que je connais très bien cet endroit, mais à l’époque où j’y suis allée, je n’avais pas la maturité que j’ai actuellement en art. L’ile de Sao miguel (Açores) est un endroits où il y a beaucoup de courants, ce qui, bien étudié, pourrait apporter encore plus de mouvement à mes toiles.
Que pensez-vous du monde de l’art actuellement ?
Je pense qu’il y a beaucoup d’extrêmes, il y a du très bon et du très mauvais. Je ne suis pas un peintre qui s’extasie devant un sachet de thé collé sur une toile vierge. Je ne suis pas adepte de l’art qui se vend grâce à un très bon marchand. Je pense que là où se dissocie le mauvais art du bon, c’est que lui, subsiste avec le temps.
C’est sur cette réflexion, qu’Alegria Diosalva nous laisse et retourne à ses palettes, juste le temps de rattraper les vagues.