Jeudi matin, dans un immeuble du 17e arrondissement de Paris, la vie de Bun Hay Mean s’est arrêtée brutalement. L’humoriste de 43 ans, connu pour ses blagues mitraillette et son regard acéré sur la société, a perdu la vie après une chute du huitième étage. Les pompiers de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et la police sont intervenus rapidement, mais il était déjà trop tard.
Son producteur, Philippe Delmas, a confirmé la terrible nouvelle dans un communiqué chargé de douleur : « C’est avec une infinie tristesse que nous devons vous annoncer la disparition tragique de notre ami, notre immense artiste, Bun Hay Mean ». Il a expliqué que, selon les premiers éléments, l’humoriste aurait tenté de récupérer son téléphone tombé dans la gouttière de son balcon avant de glisser.
Le téléphone a été retrouvé à cet endroit, et un cendrier a aussi été découvert au bord de la fenêtre. Pour l’instant, tout indique un accident. Aucune lettre n’a été retrouvée. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour comprendre ce qui s’est vraiment passé.
La stupeur dans la rue après la mort de cet humoriste
Au pied de l’immeuble, jeudi matin, des passants regardaient, choqués, le paravent installé sur le trottoir. Des policiers sécurisaient les lieux, empêchant l’accès à la zone. Ceux qui le connaissaient de loin se demandaient qui pouvait être cet homme, tandis que pour ses fans, la nouvelle s’est répandue comme une onde de choc.
Car Bun Hay Mean, ce n’était pas seulement un comédien drôle. C’était un artiste qui parlait vite, très vite, pour dire des vérités qui dérangent. Son humour noir et cash, son talent à improviser face à n’importe quel public, avaient fini par séduire au-delà des scènes de stand-up.
Souvenons-nous de Bun Hay Mean
Né en 1981 à Lormont, près de Bordeaux, Bun Hay Mean était d’origine chinoise et cambodgienne. Après un diplôme en informatique, il a décidé à 24 ans de tout quitter pour monter à Paris tenter sa chance sur scène. Un pari risqué. Pendant un temps, il n’avait même pas de toit. « Je faisais marrer 2000 ou 3000 personnes et une heure plus tard, j’étais à l’arrêt de tram à dormir seul. Un ascenseur émotionnel », confiait-il en 2017. Mais il n’a jamais lâché. Sa vie, c’était faire rire et réfléchir en même temps.
Il avait été repéré au milieu des années 2010 par Alais Degois, plus connu sous le nom de Papy, premier metteur en scène de Jamel Debbouze. Grâce à son style unique et son écriture tranchante, il avait intégré le Jamel Comedy Club en 2014. Ce fut un tremplin qui l’a propulsé vers un public plus large.
Le « Chinois marrant » savait rire de tout
Son premier spectacle, Chinois Marrant dans la légende de Bun Hay Mean, l’a révélé au grand public. Il y parlait de racisme, d’identité, de préjugés, avec une brutalité teintée d’autodérision qui faisait mouche. Il enchaînait sans pause, transformant chaque cliché en vanne assassine, et chaque rire en réflexion.
En 2019, il avait présenté Le monde appartient à ceux qui le fabriquent, un autre seul-en-scène où il continuait à égratigner la société avec la même énergie. Son dernier spectacle, Kill Bun, avait pour thème la santé mentale, un sujet qui lui tenait à cœur. Il y mélangeait confidences personnelles, réflexions philosophiques et humour noir, comme un grand écart permanent entre le rire et les larmes.
Bun Hay Mean avait aussi percé au cinéma. En 2011, il avait tourné dans De l’huile sur le feu, puis en 2012 dans Comme un chef. Mais c’est en 2023 qu’il avait véritablement attiré l’attention du grand public grâce à son rôle de méchant dans Astérix & Obélix : L’Empire du milieu, aux côtés de Vincent Cassel et Manu Payet. Ce rôle lui avait donné une visibilité nouvelle, et il se réjouissait de cette percée sur grand écran.
Il confiait même, un peu amusé : « Ce qui me fait bizarre, c’est de me dire que dans vingt ans, je passerai encore à la télé ».


