Nicolas von Mellenthin artiste figuratif reconnu pour ses œuvres captivantes mêlant art ancien et influences modernes. Ses créations, souvent inspirées par la nature et les émotions humaines, offrent une perspective unique sur l’art visuel. Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec lui.
L’Artem de Nicolas von Mellenthin ou le savoir faire d’une belle pratique.
Avons-nous une juste conception de l’art et de l’artiste actuellement ? L’opinion générale tend à dire qu’il s’agit d’un personnage plutôt stéréotypé, quelque peu farfelu, qui peut justifier tout comportement étrange en rappelant sa nature “d’artiste”. L’art de nos contemporains n’est pas beaucoup plus populaire, puisqu’il est vite perçu par le public comme une représentation dépourvue de sens visuel, justifiée par un concept plus ou moins crédible.
Ne nous éloignons-nous pas du sens de ces mots ? Si nous nous appuyons sur l’étymologie, le mot artem, qui vient du latin, signifie “le savoir-faire d’une belle pratique”, et artiste, du latin artista, désigne une personne qui travaille ou enseigne la beauté de l’art.
C’est en partant de ces explications que nous rencontrons Nicolas von Mellenthin, un grand artiste en devenir. Né d’une famille internationale, entre l’Afrique du Sud, l’Allemagne et la France, cet ancien élève issu d’un parcours classique de grandes écoles de commerce nous surprend par sa simplicité de caractère et son dévouement à l’art.
En effet, après avoir exploré sa forme d’intelligence, c’est avec sincérité et courage que ce jeune artiste d’à peine 26 ans a décidé de travailler sa créativité et d’en faire sa principale activité.
Interview avec Nicolas von Mellenthin.
Racontez-moi votre parcours. Dans quel milieu avez-vous été élevé ? Vos parents étaient-ils artistes ?
“Je viens d’un milieu international : mon père est d’origine allemande et a grandi en Afrique du Sud. Ce contexte déraciné a nourri mon désir de mouvement et de changement. Provenant d’une famille très religieuse, mon œuvre reflète le conflit entre mon agnosticisme et les premières 18 années de ma vie passées au rythme d’une famille profondément catholique, marquée par un intérêt pour la Renaissance et les thèmes religieux.
J’ai commencé par un parcours traditionnel dans une grande école de commerce en Allemagne, mais peu à peu, j’ai exploré ma créativité en m’éloignant de l’environnement fermé des écoles de commerce. J’ai rapidement ressenti le besoin de côtoyer des personnalités moins conformistes. C’est pourquoi j’ai décidé de suivre des cours de photographie en parallèle de mes études, ce qui, au départ, était simplement un moyen d’expression, mais s’est révélé être un véritable élément déclencheur. Ensuite, avec l’arrivée du confinement, j’ai ressenti un besoin impérieux de créer, que ce soit à travers la peinture ou la musique, qui est devenue une composante indissociable de mon œuvre.“
Avez-vous une petite anecdote à me raconter sur votre enfance ou sur le moment où votre fibre artistique a commencé à se manifester ?
“Mes parents me rappellent souvent qu’enfant, je répondais souvent avec un « Je sais tout ». Je rêvais de devenir chancelier, convaincu dès mon jeune âge que je voulais accomplir de grandes choses. Cette aspiration à la grandeur a été à l’origine de ma frustration pendant mes études de commerce, car je ne correspondais pas du tout au modèle préétabli et j’avais l’impression que je ne pourrais jamais atteindre cette grandeur.
Cette frustration m’a poussé à sortir de ma zone de confort et à explorer ma créativité, car je me rendais compte que, d’un point de vue académique, je n’étais pas aussi brillant que certains ni aussi rationnel que d’autres.“
Présentez-nous votre œuvre, son but, sa philosophie.
Mon œuvre est avant tout visuelle. Au début, lorsque j’ai commencé à peindre, j’ai beaucoup lu Francis Bacon qui m’a vraiment émerveillé, c’était mon premier grand maître. J’ai essayé de suivre cette même philosophie qui est que l’art est avant tout un jeu visuel qui doit toucher l’œil du spectateur.
Pour moi, c’est avant tout un travail du pinceau et du nerf optique, c’est visuellement que je dois toucher la personne. Je cherche à transmettre l’émotion à travers mon œuvre.Le plus souvent ce sont mes émotions que je peins mais elle peuvent être interprétées de différentes manières selon l’œil qui perçoit ma toile. J’essaye d’être dans un art humain qui suit mes états du moment donc sincère mais moins commercial.
Quelles sont vos inspirations et qui essayez-vous de transmettre à travers vos œuvres ?
“J’ai de grandes inspirations musicales et j’essaie toujours d’écouter des morceaux que j’aime, car dans mon œuvre, la musique sert la peinture. Pour moi, elles ont un rapport très étroit qui stimule ma créativité. Il y a une forme de hiérarchie : je ne veux pas écouter de la musique pour le pur plaisir, mais dans une démarche d’éveil à la créativité, car elle me donne de l’énergie pour peindre. Ce qui est curieux c’est que si j’en écoute uniquement pour le plaisir, mes toiles deviennent trop impulsives et rapidement médiocres.
Parallèlement à cela, je pense que pour être un grand peintre, il faut avoir de grands maîtres. Pour l’instant, les grands noms que j’ai profondément étudiés et scrutés sont Bacon, Picasso et, en ce moment, Michel-Ange. C’est amusant, car chaque fois que j’étudiais leur façon de peindre et leur pensée d’artistes, je me surprends parfois à reproduire les éléments qui caractérisent leur identité. Par exemple, lorsque j’apprenais l’art de Picasso, j’ai énormément produit d’œuvres, passant jusqu’à 12 heures enfermé dans mon atelier, ne vivant que pour cette pièce.
Je pense que c’est important de suivre l’énergie que l’on a au moment présent pour ne pas tomber dans une optique de production robotique ; je peins selon mon envie du jour et mon inspiration du moment. Si je suis dans une période plutôt calme, par exemple au bord de la mer, je tends à peindre des œuvres plus sensuelles et douces, tandis que lorsque je suis à Berlin, une ville très dynamique, je suis emporté par son énergie et je produis des œuvres plus mouvementées et rythmées.“
Comment abordez-vous les premiers traits sur vos toiles, comment procédez-vous pour faire vos compositions ?
Cela dépend encore une fois de l’artiste que j’étudie. Lorsque j’étudiais Bacon, j’étais plus impulsif. En ce moment, j’étudie Michel-Ange, ce qui me pousse à m’orienter davantage vers la sensibilité et la recherche de l’émotion pour créer quelque chose de plus majestueux et dramatique. Actuellement, je fais beaucoup d’esquisses inspirées des toiles de la Renaissance. J’essaie de ne pas choisir la facilité dans mon apprentissage artistique, car je pense qu’aujourd’hui, l’art tend à se tourner davantage vers des conceptions d’idées plutôt que vers une belle représentation picturale, et je ne souhaite pas suivre ce chemin. Je ne me retrouve pas dans l’art contemporain. Lorsque j’ai commencé la peinture, je me suis dit que je voulais être un grand peintre, alors je me suis demandé comment y parvenir. Ma réponse a été d’étudier les grands maîtres et de créer constamment de nouvelles façons de peindre.“
Quelle technique utilisez-vous ?
“Au début, lorsque j’ai commencé la peinture, j’utilisais des pinceaux. J’ai appris à manipuler la peinture à l’huile, et très vite, j’ai ressenti le besoin de me tourner vers des techniques plus innovantes. Je pense que pour devenir un bon peintre, il est important de tester de nombreuses techniques avant de se fixer sur une seule.
Comme je ne peins que depuis quelques années, je suis toujours à la recherche de nouvelles méthodes que j’adapte aux sujets que je traite. En ce moment, je travaille avec de l’acrylique. J’établis plusieurs sous-couches à l’acrylique de différentes épaisseurs, puis j’attaque la toile avec une ponceuse. On a l’impression d’être un archéologue, car on ne sait pas ce qui va apparaître. De la même manière que l’on attaque la terre, j’attaque ma toile jusqu’à ce que les sous-couches réapparaissent. Je pense que c’est une technique que je vais suivre quelques années, car, comme je l’ai dit, j’aime changer et je ne veux pas tomber dans la facilité de la répétition.“
Selon Paul Gauguin “L’artiste ne doit pas copier la nature mais prendre les éléments de la nature et créer un nouvel élément.” C’est ce que fait Nicolas von Mellenthin en apprenant des grands maîtres pour probablement devenir un des grands peintres de demain.