La scène politique du Tchad est actuellement tendue alors que les partis d’opposition et les groupes de la société civile unissent leurs voix pour exiger le retrait immédiat des troupes françaises déployées dans le pays. Cette demande fait suite à l’ordre donné à ces troupes de quitter le Niger voisin par la junte militaire qui gouverne ce pays.
Accusations de l’Opposition et Délai
Ordjei Abderahim Chaha, président du parti d’opposition Rally for Justice and Equality, a exprimé son insatisfaction jeudi, affirmant que le dirigeant militaire du Tchad, Mahamat Idriss Deby, a ignoré les appels à demander le retrait des troupes françaises. Chaha a allégué que Deby pourrait être enclin à maintenir la junte militaire au pouvoir avec le soutien français, en recourant éventuellement à l’intimidation ou à la répression des civils prêts à protester si Deby ne transfère pas le pouvoir à un gouvernement civil d’ici novembre 2024, comme convenu précédemment.
Les groupes d’opposition et de la société civile ont fixé une échéance au 28 décembre pour que Deby assure le départ d’environ 1 000 soldats français déjà stationnés au Tchad, ainsi que de ceux arrivant du Niger.
Appel à l’Annulation des Accords
Chaha a appelé à l’annulation de tous les accords de l’ère coloniale et des accords récemment négociés entre la France et le Tchad, citant le mécontentement croissant de la population face à ce qu’ils perçoivent comme l’influence dominante de la France dans plusieurs nations africaines.
Fiabilité de Deby Remise en Question
Deby, général dans l’armée tchadienne, a pris la tête d’un conseil de transition de 18 mois le 21 avril, succédant à son père défunt, Idriss Deby Itno, qui avait gouverné le Tchad de manière dictatoriale pendant trois décennies. Les groupes d’opposition et de la société civile remettent en question la fiabilité de Deby, soulignant son incapacité à remettre le pouvoir à un gouvernement civil en octobre 2022 comme convenu, prolongeant plutôt la période de transition de deux ans. Deby maintient son engagement envers la transition vers un gouvernement civil.
Protestations contre la Présence Militaire Française
Le gouvernement tchadien a signalé au moins six manifestations contre la présence militaire française au Tchad cette année. En février, des manifestations généralisées ont éclaté suite à des allégations de brutalité par les troupes françaises contre des civils. Début septembre, un incident impliquant un médecin militaire français et un soldat tchadien a accru les tensions, entraînant des manifestations anti-françaises et des blessés lors des tentatives de la militaire pour disperser les manifestants.
Insatisfaction Publique et Restrictions
Koursami Albert, professeur d’affaires internationales à l’Université de N’Djamena au Tchad, a souligné l’insatisfaction des civils, citant les restrictions imposées par les troupes françaises à ceux qui s’approchent de leurs bases. Même les troupes tchadiennes, a-t-il affirmé, font face à des limitations en termes de proximité avec les installations militaires françaises. Albert a remis en question la mission déclarée des troupes françaises visant à assurer la paix et la stabilité, notant leur absence d’intervention pendant les violences communales et les conflits armés au Tchad.
Mouvements des Troupes Françaises et Engagement de Macron
Le 19 octobre, le colonel Pierre Gaudillière, porte-parole de l’armée française, a annoncé l’arrivée du premier convoi de troupes françaises ayant quitté le Niger par voie terrestre. La destination finale des forces quittant le Niger demeure non divulguée par la France. Le Tchad a indiqué que les troupes devaient partir pour Paris via l’aéroport international de N’Djamena, tandis que leur équipement transiterait par le port de Douala au Cameroun voisin. En septembre, le président français Emmanuel Macron avait promis de retirer les 1 500 soldats français du Niger et de mettre fin à la coopération militaire avec le pays, suite aux accusations du leader militaire nigérien, le général Abdourahamane Omar Tchiani, et des partisans de la junte, selon lesquelles la France avait échoué à résoudre la crise sécuritaire ayant fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes au Niger.