La culture Hip-hop résonne et se définit par le besoin fondamental du peuple: celui de
dénoncer les injustices, chacun avec son identité, ses origines et ce pour la paix et l’unité.
Composée de plusieurs disciplines: le graffiti, le djing, la danse, le MC’, aujourd’hui c’est la
facette musicale qui prend le dessus par le rap et le beatmaking.
Aujourd’hui, PASSI accepte de se livrer pour Le Parisien Matin.
Interview avec PASSI – Le rap comme voie vers l’engagement
- Peut-on dire que le rap est toujours signe d’engagement de nos jours ?
“C’est vrai qu’aujourd’hui on en a pour tous les goûts, il y a plus de variété. Mais la mondialisation et internet font que le rap commercial prend le pas sur les messages profonds. “
- Et-ce que le rap conscient peut aider la jeunesse à comprendre son envronnement?
“Le rap peut aider les jeunes à se cultiver et à créer. On a eu des gens qui ont témoigné avoir changé leur vie après avoir écouté nos musiques . C’est notre slogan depuis le début: “Le savoir est une arme”.
- On dit que l’art aide à canaliser ses émotions, en quoi le fait d’incarner la culture hip-hop, très souvent qualifiée de “sauvage”, a au contraire pu t’aider à construire l’homme que tu es devenu?
“L’art a quelque chose d’exceptionnel: on peut extérioriser ses sentiments, voir la lumière après tant de taf, après tant de hauts et de bas ou d’échecs, ça construit toujours un homme. J’ai commencé ma passion à 15 ans, fait mon premier disque à 17 et eu du succès à 25 ans. Ce n’est qu’en me montrant persévérant, motivé et déterminé que j’ai pu y arriver et grandir.“
- De quelle manière la musique t’as permis d’ouvrir des débats avec des jeunes sur la société, lorsque tu fais des interventions de sensibilisations dans les écoles ou lors de conférences auprès d’entrepreneurs dans les industries culturelles et créatives?
“Au cours de mes interventions, après les présentations je commence par m’intéresser à leurs goûts, leurs envies, leurs rêves et donc aussi leurs stars. Je reste à l’écoute de ce qu’ils pensent aussi de l’actualité. Ensuite on réfléchit ensemble au chemin parcouru et au travail à fournir derrière pour comprendre la recette de la réussite. Voir tout simplement comment les challenger pour qu’ils n’aient plus de barrières limitantes.
Ça leur donne quelques outils essentiels. Ensuite je les pousse à s’inspirer de leurs idoles pour recréer quelque chose de plus personnel. Finalement, vient le moment de la sincérité: savoir se révéler à soi et aux autres avec un style qui leur correspond. On éveille une flamme créatrice. Je leur dis souvent qu’il ne faut pas avoir peur, on a des métiers difficiles mais ils sont gratifiants, parce qu’on est là pour échanger et tisser des liens sans préjugés.“
L’Avenir du hip-hop selon PASSI
- Ta capacité à revendiquer la mixité culturelle qui t’as nourri personnellement et dans ton art, est devenue un repère pour les nouvelles générations. Penses-tu qu’à l’avenir elles soient aussi libres que toi pour l’exprimer au grand jour?
“Je pense que nous pouvons nous enrichir les uns les autres et gagner ensemble. Alors que le monde devient « petit », tout devient accessible: les transports, la communication, s’améliorent, mais tout va très vite. Beaucoup prônent des idées réfractaires, là où la connaissance devrait engendrer au contraire des changements positifs à tout niveau. On se retrouve avec des tensions religieuses ou politiques et économiques qui ne cessent de diviser. Malgré ce constat, j’ai confiance en cette jeunesse qui porte les couleurs du monde dans ses veines et ses cultures.“
- Quel regard portes-tu sur l’évolution des valeurs du hip-hop en France comme outil de tolérance, de découverte de talents et d’inclusion sociale?
“Là aussi, ça nous challenge: nouveau style- nouveaux flots nouvelles mode- clash- buzz -fake news etc !! Même l’info sonne comme sous autotune .
Si on rajoute de l’IA et « on ne sait plus à quel saint se vouer » la véracité de l’info est devenue précieuse. Il faut garder l’esprit ouvert parce que le hip-hop est là pour ébranler tous ces faux semblants donnant la chance à chacun d’être et de développer ses idées. Une bonne idée et un bon concept peuvent valoir plus que tous les budgets. C’est la liberté que nous apporte cette culture sinon elle n’aurait jamais pu s’étendre si profondément dans le temps et l’espace.“