Philippe Katerine, c’était l’un des moments forts du lancement des Jeux olympiques de Paris. Après une semaine, la performance du chanteur Philippe Katerine déguisé en Dieu Dionysos en train d’interpréter son single “Nu” lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris le vendredi 26 juillet continue de faire parler d’elle. La prestation de l’artiste a créé le buzz mondialement, jusqu’à susciter l’indignation de nombreux observateurs.
Un mauvais buzz pour Philippe Katerine
La raison principale de la controverse Philippe Katerine aux JO réside dans l’inspiration apparente de la scène, rappelant “La Cène”, le célèbre tableau du dernier repas de Jésus-Christ, peint par Léonard de Vinci, une œuvre maintes fois parodiée.
Face à ce tollé, Philippe Katerine a présenté ses excuses en s’adressant particulièrement aux personnes de confession chrétienne qui se sont senties offensées. « Je suis désolé si ça a pu choquer […] ce n’était pas du tout l’intention », a-t-il assuré le 30 juillet, au micro de CNN France. « J’ai été élevé dans la religion chrétienne. Et ce qu’il y a de plus beau, c’est le pardon. Donc je demande pardon si j’ai offensé », avait-il ajouté.
Cependant, la polémique ne s’est pas arrêtée là. Le chanteur a ravivé les flammes en révélant qu’il avait touché 200 euros pour sa prestation. « Je me suis renseigné parce que je ne savais pas vraiment, et je suis donc rémunéré 200 euros, a-t-il confirmé à Libération. Ça me paraît énorme, enfin je les prends. Je les mettrai dans ma poche. C’est ça, le malheur. Mais vous savez, j’aurais payé 200 euros pour pouvoir le faire », a-t-il poursuivi. Philippe Katerine a de nouveau affirmé avoir encaissé cette somme dans un entretien avec Konbini, publié sur Instagram. « J’ai été payé 200 euros. Je ne sais pas combien ont été payés les autres et j’espère que c’est à égalité », se défendant en affirmant que « l’idée n’était pas de se faire de l’argent », mais « de faire quelque chose de très excitant, de transmettre un message de paix ».
Philippe Katerine – L’argent ne fait pas le bonheur (ni la paix)
Les artistes qui se sont produits lors de la cérémonie d’ouverture n’étaient pas censés recevoir de cachet, qu’ils soient de renommée nationale ou internationale. Le Comité d’organisation des Jeux (Cojo) avait clairement indiqué que « les chanteurs stars qui se produiront lors de la cérémonie d’ouverture ne percevront pas de cachet de prestation ». Par exemple, Céline Dion n’aurait pas été rémunérée pour sa prestation, selon le Cojo. Sollicité par nos confrères du Parisien, le Cojo n’a pas souhaité réagir aux récentes déclarations de Philippe Katerine.
Les retombées de la performance de Philippe Katerine ont été particulièrement vives sur les réseaux sociaux et dans les médias. « Ça a commencé d’une façon un peu inattendue, si je puis dire », raconte à l’AFP Leslie Weber-Robardet, chargée de communication au Musée Magnin. « Je n’ai personnellement pas regardé la cérémonie d’ouverture, mais j’ai été alertée sur mon téléphone par des notifications provenant de divers réseaux sociaux et c’est à ce moment-là que j’ai compris qu’une comparaison avait été faite entre cette scène » de la cérémonie « et le tableau » exposé au musée Magnin, ajoute-t-elle.
Le tableau en question, “Le Festin des dieux” de Jan van Bijlert, réalisé vers 1635-1640, n’avait jamais connu une telle attention. Accroché depuis 1938 dans la même petite salle du musée, visité par à peine plus de 15 000 personnes par an, il est soudainement devenu un point de comparaison incontournable. Le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, a nié toute inspiration de “La Cène”, revendiquant plutôt une référence à « une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe ».
Malgré cette clarification, la scène où Philippe Katerine apparaît presque nu, déguisé en Dionysos, Dieu grec du vin, a continué de susciter des réactions passionnées. Parmi les indignés, on trouvait notamment Marion Maréchal, l’eurodéputée ex-Reconquête, l’ancien président américain Donald Trump, et le souverainiste italien Matteo Salvini, qui ont tous perçu une référence à “La Cène”.
La Conférence des évêques de France a également exprimé son mécontentement, déplorant « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme ». Malgré son mea culpa, Philippe Katerine n’a pas apaisé la controverse. Lors de son interview à CNN, il a insisté sur le fait qu’il n’avait pas l’intention d’offenser. « Moi, j’ai été élevé dans la religion chrétienne, et ce qu’il y a de beau dans cette religion, c’est le pardon. Donc je demande pardon, et les chrétiens du monde me l’accorderont, j’en suis sûr. »
Cependant, certains ont perçu une nuance subtile dans ses propos, où il semblait davantage demander pardon que présenter des excuses. Cette distinction n’a pas échappé à la Conférence des évêques de France, qui, sollicitée par 20 Minutes, a refusé de répondre pour ne « pas entretenir de vaines polémiques indéfiniment ». Patrick Charaudeau, linguiste et chercheur au CNRS, a expliqué à 20 Minutes que « le pardon et l’excuse sont deux choses très différentes », suggérant que l’artiste jouait peut-être avec les mots.
En fin de compte, la prestation de Philippe Katerine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 a déclenché une série de réactions qui dépassent de loin le cadre de l’événement. Alors que certains y ont vu une expression artistique audacieuse et provocatrice, d’autres ont ressenti une profonde offense religieuse. Les débats sur la liberté d’expression, le respect des croyances religieuses et les limites de l’art continuent de faire rage, alimentés par les déclarations de l’artiste et les réactions des diverses parties prenantes.
Philippe Katerine, à travers cette performance controversée, est devenu malgré lui un symbole des tensions culturelles et des débats sociétaux contemporains. Tandis que certains louent son audace et sa volonté de provoquer la réflexion, d’autres voient en lui la risée de la France, un artiste qui, par son acte, a franchi une ligne sacrée. La cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 restera ainsi dans les mémoires, non seulement pour son spectacle grandiose, mais aussi pour la tempête médiatique et culturelle qu’elle a engendrée.