Sonibel est une maison de confection artisanale de robes de flamenco fondée par Sonia Abarco Campos et Isabel Bizcocho Muñoz.
Aujourd’hui, elles se prêtent au jeu de l’interview Pour Le Parisien Matin et nous expliquent comment se perpétue leur art de couture et quelle est l’identité de leur marque, qui aujourd’hui a une portée internationale.
Une belle rencontre qui nous plonge à la fois dans le savoir-faire de la mode andalouse, mais aussi dans l’univers du Sud de l’Espagne.
Sonibel: avant tout, une belle amitié.
Sonibel est l’abréviation des deux noms des fondatrices : Sonia et Isabel, deux amies qui un jour décident de monter un atelier de couture respectant les traditions associées aux robes de flamenco andalouses. Partageant toutes deux la passion de l’aiguille et du fil, elles s’allient pour fonder en 1994 leur première boutique, qui aujourd’hui est une institution de la mode régionale.
Bien que le but des deux partenaires soit de perpétuer l’artisanat, elles n’en sont pas moins designers de mode, puisque grâce à leur talent et créativité, chaque robe est unique et suit le courant moderne des tendances actuelles. Le travail finissant toujours par payer, en 2010 et 2011, elles voient leur carrière propulsée au-devant de la scène des designers espagnols, puisque la marque gagne plusieurs prix dont celui du “Camarón de Oro”, destiné aux noms illustres du monde du flamenco.
Parler avec les fondatrices de Sonibel, c’est explorer la région.
Chère Isabel, racontez-nous comment s’est créée la maison Sonibel ?
“Sonibel, ce sont deux amies qui ont créé une marque. Sonia était déjà dans le métier depuis 5 ans. Quant à moi, j’ai toujours été une passionnée de mode, je suis également très attachée aux valeurs de ma région. Par les circonstances de la vie et une passion partagée, des liens d’amitié se sont créés et nous avons lancé la marque. Cette année, nous fêtons nos 28 ans”
Pourquoi avoir décidé de perpétuer l’art des robes de flamenco, qui sont finalement des costumes régionaux et avez-vous un modèle emblématique?
“Nous sommes toutes les deux Andalouses. Il faut savoir que la culture du flamenco dans cette région fait partie du quotidien, elle est présente partout. Ce qui pourrait paraître du folklore ailleurs est ici le quotidien de beaucoup de gens. Étant nées dans ce monde, il est facile pour nous de le comprendre et donc de participer à son développement.
De plus, l’avantage que nous avons, ainsi que les maisons de flamenco qui travaillent en Andalousie, c’est que leur clientèle est à portée de main, ce qui facilite énormément le commerce des robes. En ce qui concerne un modèle signature, nous n’en avons pas et nous attachons beaucoup d’importance à ce qu’aucune robe ne se répète. Ce qui fait notre essence, ce sont nos patrons qui sont facilement identifiables lorsqu’on connaît le monde des robes de flamenco”
Comment fonctionne la vente des robes et avez-vous un modèle emblématique ?
“Il est important de tenir compte du fait que la robe de flamenco est le seul style d’habit régional en Espagne qui peut s’adapter et évoluer avec les goûts actuels. C’est en grande partie pour cela que les entreprises qui s’y dédient marchent très bien. Dans notre entreprise, tout se fait en interne et en famille, ce qui facilite beaucoup les choses car nous disposons de plus de liberté entre membres d’une même équipe. En ce qui concerne la commercialisation, nous avons une grosse période de vente chaque année, qui est la “Feria de Sevilla”, un événement international réunissant les grandes familles andalouses, espagnoles mais aussi étrangères. Pour s’y rendre, les femmes s’habillent en habits traditionnels sévillans, c’est-à-dire en robes de flamenco. Nous participons également aux autres “ferias” andalouses comme celle de Jerez de la Frontera, extrêmement connue elle aussi. Après avoir passé cette période très intense et décisive de notre année, nous nous reconcentrons sur les nouveaux modèles que nous proposerons l’année d’après à nos clientes.
Avez-vous toujours été dans le monde de la couture ?
“Oui, je me suis formée au corte, qui en Espagne sont des classes de couture que l’on commence très jeune, autrefois les gens avaient l’habitude d’y participer. En ce qui me concerne, je couds depuis mes 13 ans.”
Quels sont les procédés de fabrication d’une robe de flamenco ?
“Sonia et moi nous occupons d’imaginer les nouveaux designs. Nos inspirations viennent surtout des robes anciennes, d’un ou deux éléments qui nous plaisent et nous servent de support pour créer tout le reste. Cela peut être une dentelle spéciale ou simplement une fleur sur un imprimé ancien. Il faut savoir que, de toutes les maisons de confection de robes de flamenco, nous sommes les seuls qui ne répétons jamais un modèle.
Nous tenons à ce que chaque année ait son identité et que les modèles puissent être toujours dans l’air du temps. Nous dessinons les imprimés des tissus, nous inventons les dentelles, pour que chaque création soit unique et que toutes les robes aient de vraies personnalités. Après quoi nous chargeons nos petites mains de les confectionner. Une fois les nouveaux designs prêts, nous les présentons tous les ans au mois de décembre au défilé Simof, qui regroupe tous les créateurs importants du monde flamenco et où les nouvelles collections sont présentées.”
Sonibel est sans aucun doute une marque de référence dans le monde de la mode ancestrale. Elle nous invite à découvrir l’Andalousie et plus particulièrement la ville de Séville, maîtresse de cérémonie en termes de tradition régional. De quoi donner des idées aux amoureux des voyages dépaysants.