La médecine nucléaire peut passer pour un concept farfelu pour ceux qui ont grandi avec des histoires de catastrophes nucléaires comme celle de Goiana, au Brésil, où une source radioactive non surveillée a été volée dans un hôpital abandonné de la ville. La poudre radioactive a été manipulée par de nombreuses personnes dont une petite fille, hypnotisée par la couleur bleu électrique et qui l’a ensuite étalée sur ses bras comme des paillettes féeriques.
Cet incident a fait quatre morts dont cette petite fille et son enterrement a été boycotté par des citoyens craintifs. Environ 112 000 personnes ont été examinées pour déceler une contamination radioactive et 249 d’entre elles se sont révélées contaminées.
Aujourd’hui, la médecine utilise la radioactivité non seulement dans les IRM mais pour résoudre des problèmes cardiaques, neurologiques et bien d’autres problèmes médicaux.
Le Parisien Matin a pu assister au cours de médecine nucléaire du Dr. Helen Goodlife pour discuter au sujet de cette disciple.
Qu’est-ce que la médecine nucléaire?
La médecine nucléaire est une branche de la médecine qui utilise des isotopes radioactifs pour le diagnostic et le traitement des maladies. Contrairement aux radiographies conventionnelles ou à l’IRM, qui captent des images anatomiques, la médecine nucléaire se concentre sur la visualisation des processus fonctionnels et physiologiques au sein du corps.
Le Dr. Goodlife commence par nous rassurer en expliquant que ce n’est pas une discipline dangereuse.
“La médecine nucléaire est la réponse aux attentes croissantes en matière de diagnostic et de thérapie. Chaque année, 30 000 patients sont diagnostiqués et traités grâce à la médecine nucléaire.
Le type de rayonnement utilisé en médecine nucléaire disparaît très rapidement de l’environnement et est excrété plus rapidement par l’organisme avec les isotopes utilisés. Imaginez un seau qui fuit ou de la glace fondant sous la lumière directe du soleil. 80 pour cent des études de médecine nucléaire impliquent du technétium pour étiqueter les composés injectables des « kits froids » et agir comme traces. Les produits pharmaceutiques prêts à l’emploi aident au diagnostic de maladies comme la maladie de Parkinson.
Les sources de rayonnement brillent à travers le corps, montrant l’anatomie et ont une délimitation plus précise des structures mm que la médecine nucléaire.“
Quelle différence entre la médecine nucléaire et la médecine classique?
“La médecine nucléaire utilise la radioactivité pour montrer à travers les organes et les fonctions (comme le cerveau) qu’elle contient de très petites quantités de substance active et mesure tout en nanogramme contrairement à la médecine classique, qui utilise le millimètre. Ce sont des quantités homéopathiques“
Y a t-il des avantages clairs lors de la pratique de la médecine nucléaire?
” Oui. Un avantage clair est la précision du diagnostic. Par exemple, si vous avez des métastases cérébrales d’un cancer primitif inconnu, la fusion d’images utilisée par la médecine nucléaire permet de détecter la maladie et de la localiser, donnant ainsi un diagnostic précis. La médecine pourra fournir des images du cerveau mais la médecine nucléaire pourra vous montrer le fonctionnement du cerveau (les zones actives par exemple !). Cela facilite également le suivi de traitements. Donc pour vérifier l’efficacité de la chimiothérapie si vous avez un cancer par exemple. Paradoxalement, la médecine nucléaire expose moins aux radiations. En Europe, l’exposition naturelle aux rayonnements est de 3,2 Sv par an (souvent due à l’environnement, aux matériaux de construction, etc.) et la médecine nucléaire délivre moins de rayonnements que cela.“
Quelle application de cette médecine nucléaire?
La TEP est une des techniques les plus couramment utilisées en médecine nucléaire pour évaluer les fonctions métaboliques des organes et des tissus. Dans une TEP, un traceur radioactif est injecté dans le corps. Ce traceur, souvent marqué avec du fluor-18, émet des positons lorsqu’il se désintègre. Lorsque ces positons entrent en collision avec des électrons dans le corps, ils produisent des photons gamma détectables. Le scanner TEP capte ces photons et en génère des images qui montrent les zones d’activité métabolique accrue, souvent indicatives de tumeurs cancéreuses ou de maladies neurologiques.
Cette technique est précieuse dans des domaines comme l’oncologie, où elle permet de localiser les tumeurs et de surveiller les réponses au traitement.
La scintigraphie repose sur l’utilisation d’un radiopharmaceutique injecté dans le patient. Ce produit émet des rayons gamma qui sont captés par une caméra gamma. Contrairement à la TEP, qui offre des images en trois dimensions, la scintigraphie produit des images en deux dimensions. Cependant, elle est largement utilisée pour évaluer la fonction de différents organes comme le cœur (scintigraphie myocardique), les os (scintigraphie osseuse), ou les reins.
Par exemple, la scintigraphie osseuse permet de détecter des lésions osseuses, telles que les métastases osseuses, qui pourraient ne pas apparaître sur des radiographies classiques. Environ 25% des examens scintigraphiques sont destinés à l’évaluation des pathologies osseuses.
Le TEMP, également appelé SPECT (Single Photon Emission Computed Tomography), est une technique d’imagerie qui utilise également des radiopharmaceutiques pour obtenir des images fonctionnelles du corps. Ce qui distingue le TEMP de la scintigraphie classique, c’est qu’il capture des images tridimensionnelles grâce à des détecteurs qui tournent autour du patient. Cela permet une évaluation plus détaillée des organes et des anomalies.
Le TEMP est couramment utilisé en cardiologie pour évaluer la perfusion sanguine dans le cœur, et en neurologie pour diagnostiquer des troubles tels que la maladie d’Alzheimer. Environ 50% des examens TEMP sont dédiés aux études cardiaques.
La caméra gamma, également appelée scintillation gamma, est l’un des appareils les plus emblématiques de la médecine nucléaire. Elle capte les rayons gamma émis par les isotopes radioactifs administrés aux patients. Ce dispositif est central pour la réalisation de scintigraphies et de TEMP. Son fonctionnement repose sur des cristaux scintillants qui convertissent les rayons gamma en lumière visible, laquelle est ensuite interprétée par des détecteurs pour produire des images.
Les caméras gamma modernes sont dotées de plusieurs têtes de détection, ce qui améliore la précision et la résolution des images.
L’une des avancées les plus récentes en médecine nucléaire est le développement de l’imagerie hybride, qui combine l’imagerie fonctionnelle de la TEP ou TEMP avec l’imagerie anatomique de la tomodensitométrie (CT). Cette combinaison offre une meilleure localisation des anomalies détectées par l’imagerie fonctionnelle. Par exemple, un TEP/CT est particulièrement utile pour détecter et localiser des cancers, en montrant à la fois la tumeur (via l’imagerie fonctionnelle) et son emplacement exact dans le corps (via l’imagerie anatomique).
En oncologie, l’imagerie hybride est utilisée dans 85% des cas pour le diagnostic, le stade du cancer, et la planification des traitements.
En plus du diagnostic et du suivi, la médecine nucléaire joue un rôle croissant dans le traitement des maladies. La radiothérapie métabolique, par exemple, utilise des isotopes radioactifs pour cibler et traiter des cellules cancéreuses. Un exemple est l’utilisation de l’iode radioactif (I-131) pour traiter les cancers de la thyroïde. Les isotopes se concentrent dans la zone affectée, détruisant les cellules malades tout en minimisant les dommages aux tissus sains environnants.
L’imagerie quantitative en médecine nucléaire gagne en importance avec le développement de logiciels capables d’analyser les images pour fournir des mesures précises de l’activité métabolique dans les tissus. Ces mesures permettent d’évaluer avec précision la réponse au traitement et d’ajuster les doses de médicaments en conséquence. Des études montrent que l’utilisation de cette technologie peut augmenter de 20 à 30% l’efficacité des traitements.