Avec les dernières actualités axées autour du conflit israélo-palestinien, la guerre en Ukraine, des élections européennes et de la visite du president chinois Xi Jiping en France, il semblerait que la diplomatie francaise soit plus cruciale que jamais.
Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’échanger avec Eric Guiochon, le Président de la Fédération pour la Diplomatie et les Nations unies (FDNU). Eric Guiochon a permis à de nombreux jeunes d’obtenir leur première expérience dans le monde de la diplomatie de par la FDNU.
Le futur de la diplomatie s’entretient: La FDNU y participe.
En France, il est bien aisé de croire que la possibilité de faire ses premiers pas sur la scène internationale est liée à un héritage social, familial ou se fait uniquement lorsqu’on rentre dans une grande école. Accéder à l’opportunité de s’impliquer dans la diplomatie française paraît alors impossible pour certains jeunes qui ne connaissent pas des organisations telles que la FDNU.
Eric Guiochon nous a partagé sa vision quant à l’organisation qui donne la chance aux jeunes d’en apprendre davantage sur la diplomatie.
“Il s’agit de permettre aux jeunes qui ont une vision d’innovation internationale, parce que tout le monde en a une et tout le monde est concerné, de pouvoir la partager, parce qu’il y a des idées très intéressantes et qui vont parfois à l’encontre d’un ordre établi, ce qui est une très bonne chose. Donc finalement, inciter un bon nombre de jeunes actifs, parfois d’étudiants, à partager leur vision des relations internationales, leur pratique aussi éventuellement. On a énormément d’étudiants internationaux qui ont une vision différente.” commence-t-il.
Si l’initiative vient bien de l’hexagone, elle n’est pas restreinte à la nationalité de l’étudiant, ce qui en fait une organisation inclusive. Ce n’est pas le cas dans de nombreux pays où il est rare pour des jeunes internationaux de pouvoir mettre leur pied à l’étrier en ce qui concerne les relations internationales
“On a cette chance à Paris et en France d’avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup d’étudiants internationaux. Et voilà, globalement, c’était la première raison d’être. C’est toujours très intéressant d’avoir une plateforme pour permettre à chacun de partager ses idées.” Explique Eric Guiochon.
La FDNU se définit ainsi par sa volonté de rester ouverte à la pluralité des visions diplomatiques.
Eric Guiochon semble croire que la diplomatie est aussi vue différemment selon l’âge des personnes qui s’y intéressent, c’est en cela que la FDNU est une organisation importante pour créer un dialogue intergénérationnel autour des questions diplomatiques.
“Ce n’est pas que pour moi que j’ai fait cette plateforme” avoue-t-il “C’est pour beaucoup d’autres personnes, que ce soit les intervenants qu’on a, que ce soit les chercheurs, on a d’ailleurs un centre de recherche au sein de notre organisation – le CEDIRE. Et même en général, pour donner une vision nouvelle et montrer que la jeunesse n’est pas toujours d’accord avec ce que disent les personnes plus âgées sur les relations internationales.”
Lorsque je demande à Éric Guiochon quel type d’activités la FDNU propose, je suis surprise d’entendre que l’organisation fait un certain effort pour se diversifier:
“C’est organiser des simulations d’organes des Nations Unies ou d’agences spécialisées, organiser des simulations d’organisations régionales, le Parlement, etc. Ça peut être aussi via des concours d’éloquence. Ça peut être aussi via des conférences. Ça peut être aussi via d’autres médias, la culture, par exemple. On peut faire des petits-déjeuners, etc. Uniquement autour d’enjeux culturels. Comprendre l’autre par son habitus, en quelque sorte, c’est quelque chose qui est d’une grande richesse. Ça passe aussi par notre média – le Diplomatiquement vôtre. Et enfin, finalement, par une forme de professionnalisation un petit peu globale, l’idée c’est de permettre à des étudiants de mieux comprendre le monde et de mieux s’insérer aussi dans le monde des relations Internationales.”
La vision de la FDNU est donc d’essayer de réellement créer un quotidien qui soit similaire à celui d’une personne dont le métier est centré autour des relations internationales. C’est une organisation qui aide les jeunes à comprendre ce que l’on pourrait leur demander s’ils travaillaient au Quai d’Orsay.
Mais bien sûr, Eric Guiochon ajoute que ce n’est pas qu’autour de ces grands organismes que la FDNU tourne. Il inclut dans son explication des activités de la FDNU qu’il s’agit-là d’une opportunité pour expliquer aux jeunes que les établissements prestigieux ne sont pas les seuls qui existent et qu’il faut “Expliquer qu’il n’y a pas que le concours du Quai d’Orsay dans la vie aussi.”
La diplomatie se fait sur le terrain
L’une des choses qui me marquent lors de mon entretien avec M. Guiochon, c’est qu’il n’a absolument pas peur de la désinformation. Contrairement à l’ancien président américain, Donald Trump, dont les paroles ont circulé massivement sur internet, lorsqu’il criait “Fake News” durant sa campagne électorale de 2016.
Eric Guiochon croit qu’il faut se jeter dans la gueule du lion.
Lorsque je lui demande comment il aide les jeunes de la FDNU à comprendre comment trier les informations qu’ils reçoivent, il me répond que la FDNU n’est pas une organisation visant à instruire les jeunes et que lui, préfère presque une sur-information, quitte à ingérer des fake news:
“J’encourage même les gens à s’abreuver fabuleusement de désinformation pour comprendre complètement ce que c’est, et de ne plus se faire avoir. Il y a énormément de gens qui disent « oh la désinformation! » mais qui sont incapables d’expliquer pourquoi, ni comment, ni même ce qu’il y a derrière. Moi, je connais des experts sur les questions médiatiques qui sont des véritables éponges à la désinformation. Donc, ce qu’il faut faire, c’est justement avoir des réflexes, des habitudes, et surtout d’avoir une vision assez claire des relations internationales. On comprend alors que l’information est un outil de guerre ou un outil de puissance, que tout le monde l’utilise, et qu’il faut en être conscient.” affirme-t-il.
Je comprends alors que l’on ne peut pas vraiment trier les informations sur le volet: il faut ingurgiter l’information, développer son esprit critique et réussir à se faire une image plus précise pour comprendre quelles narratives sont vraies ou fausses dans les relations internationales.
Eric Guiochon confirme toutefois que les jeunes de la FDNU ne sont pas laissés à l’abandon et qu’on les invite à comprendre la différence entre les faits et les intérêts nationaux:
”Je pense qu’on est l’une des seules organisations en France à avoir un partenaire d’établissement à la fois avec l’ambassade des Etats-Unis et l’ambassade de Chine. Ça, c’est un gros pas. Mais en fait, c’est quelque chose de très bien, parce qu’avant d’aller à l’ambassade des Etats-Unis et avant d’aller à l’ambassade de Chine, on explique assez clairement que ce sont des Etats qui ont des intérêts différents de la France, comme tous les États du monde, finalement, chaque Etat a ses propres intérêts, que donc, il y a un enjeu, on va dire, soft, hard power, etc., qui peut exister, et qu’il faut être vigilant. C’est-à-dire que tout ce qu’on dit, ça reste quand même le reflet d’un enjeu d’intérêt, et même la France. C’est évident que dans toutes les chancelleries diplomatiques dans le monde, on partage des visions qui sont assez particulières, qui évidemment sont louables, parce que ce sont celles de la France, mais il faut y être relativement imperméable aux visions étrangères.” Renchérit-il.
Il est vrai que la diplomatie n’est pas un concept plat et que sa pratique dépend du pays et de son histoire.
“Ça ne veut pas dire, en plus de tout rejeter en bloc, ça ne veut pas dire que les Américains ou les Chinois sont des menteurs, mais il faut savoir traiter intelligemment cette information. Ce qui est quelque chose, parfois, de compliqué.” Rappelle Eric Guiochon. En effet, ce qu’on peut reprocher aux médias de certains pays, c’est cette tendance a voir tout en noir ou blanc et à établir des portraits peu flatteurs des pays qui ne suivent pas la vision locale.
Une vision optimiste de la diplomatie française
Alors que je m’inquiète un peu des dernières enquêtes détaillant comment la France serait en train de s’agripper à l’Europe divisée, comme une bouée de secours face à la Chine, aux Etats-Unis et la Russie, le Président de la FDNU me rassure presqu’immédiatement. La France a un poids diplomatique énorme.
“Quel chef d’État, actuellement, au XXIe siècle, est aussi bien reçu en Chine, au Brésil, en Inde, ou aux États-Unis, en dehors des chefs d’État français ? Personne, sincèrement personne. Même la reine d’Angleterre de son vivant, n’était pas très bienvenue en Chine, de par l’histoire partagée entre le Royaume-Uni et la Chine.” s’exclame-t-il.
Il est vrai que même si la France n’est pas dans le top 3 de l’économie mondiale, nous restons toutefois une grande puissance diplomatique
Eric Guiochon semble d’accord avec cette analyse:” Finalement, la France a véritablement un capital historique et diplomatique qui est incommensurable, et qui, on va dire, rééquilibre sa baisse de capital-puissance, qui est assez nette, malgré l’arme atomique et tout ce que j’ai mentionné au début. Et j’ai l’impression que la France fait beaucoup mieux que d’autres États, et la preuve en est, on a des contacts extrêmement fréquents et de haute qualité avec les autorités américaines, ou même l’ensemble des États de l’OTAN, et on a la même relation avec une grande majorité des États des BRICS.” Poursuit-il.
Ce que je comprends alors, c’est que le futur de la diplomatie française n’est pas en péril, loin de là. Avec des organisations comme la FDNU pour aider les jeunes à s’intéresser aux relations internationales et un pays qui est non seulement actif lorsqu’il s’agit de coopération internationale en Europe mais est une force diplomatique sur tous les continents, il semblerait que le pessimisme ambiant ne soit pas justifié.
Le chant du coq Francais retentira donc dans le monde pour les siècles à venir.