La question de l’immigration est au cœur du débat économique en France en raison des réformes régulières visant à redéfinir les conditions d’accueil et de régularisation des étrangers. La circulaire récente de Bruno Retailleau, qui préconise un durcissement des critères d’obtention des titres de séjour remet en cause le futur de l’économie en France puisque beaucoup de secteurs sont dépendants de travailleurs étrangers.
L’immigration et Bruno Retailleau
La circulaire de Bruno Retailleau ne constitue pas une loi mais une directive adressée aux préfets, qui disposent ainsi de nouvelles instructions pour encadrer la régularisation des étrangers en situation irrégulière. Les critères se durcissent de manière significative.
- La durée de présence en France exigée pour une régularisation passe de cinq à sept ans.
- L’étranger doit démontrer sa maîtrise de la langue française.
- Il doit respecter les principes de la République, une notion large qui englobe l’adhésion aux valeurs républicaines, comme la laïcité.
- La régularisation pour motif familial ou professionnel est fortement réduite.
Réduire l’immigration peut menacer certains secteurs
En 2023, sur les 34 724 personnes régularisées, près de 11 500 l’ont été pour motif professionnel. Réduire ce nombre va certainement créer de nombreuses tensions dans certains secteurs de l’économie.
Avec une pénurie de main-d’œuvre estimée à plusieurs milliers de postes, les entreprises du secteur du bâtiment s’inquiètent d’un assèchement de leur vivier de travailleurs qualifiés. Pareillement, dans l’hôtellerie et la restauration, on peine à recruter, surtout dans les grandes villes et les zones touristiques, où la main-d’œuvre immigrée constitue une part très importante des effectifs.
Pour terminer, l’un des secteurs qui sera le plus touché par ce durcissement sera le secteur médical. Les hôpitaux et les établissements médico-sociaux font face à un manque chronique de personnel soignant et auxiliaire depuis des années. C’est une situation qui sera aggravée par la restriction des régularisations.
En durcissant les conditions d’obtention des titres de séjour, le gouvernement risque de freiner le recrutement dans ces domaines déjà sous pression.
L’exécutif est d’ailleurs loin d’être unanime sur la question. Tandis que Bruno Retailleau plaide pour une limitation stricte de l’immigration, d’autres voix au sein du gouvernement estiment qu’une approche plus pragmatique est nécessaire.
Bruno Retailleau considère que “l’immigration n’est pas une chance pour la France” et défend une politique restrictive pour limiter les régularisations et renforcer le contrôle migratoire.
Éric Lombard, le Ministre de l’Économie, défend au contraire une “immigration de travail” nécessaire à la vitalité économique française pour pallier le manque de main-d’œuvre. Et pour cause, si les restrictions se poursuivent, certains secteurs verront une augmentation des coûts salariaux, car l’offre de main-d’œuvre diminuerait.
Aussi, moins de travailleurs signifie moins de cotisations sociales et d’impôts, ce qui continuera certainement à creuser le déficit public, qui est déjà inquiétant.