Depuis le 7 décembre 2024, le Musée Dauphinois de Grenoble présente l’exposition « Pays Bassari », et révèle les richesses de ce territoire du Sénégal, classé à l’Unesco.
Un voyage inédit. Voilà ce que propose le Musée Dauphinois à travers sa toute nouvelle exposition autour du Pays Bassari. Au fil du parcours, les visiteurs en apprennent davantage sur ce territoire situé à l’extrême sud-est du Sénégal et au nord-ouest de la Guinée. « La notion Pays Bassari englobe l’ensemble des communautés vivant sur ce territoire. Les Bassari cohabitent en effet avec d’autres minorités dont les Bedik, les Coniagui, les Malinké, et les Djallonké » explique Olivier Cogne, directeur du Musée Dauphinois, qui a bien voulu s’entrenir avec Le Parisien Matin.
Il faut savoir que la richesse environnementale et culturelle du Pays Bassari lui vaut de figurer depuis 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. « J’ai visité le Pays Bassari en 2020, avant la pandémie, et j’ai été impressionné. Sa biodiversité est époustouflante. Le site traduit une adaptation subtile de l’homme à son environnement. Outre ses qualités paysagères et architecturales, il est également doté d’un patrimoine immatériel très riche d’une valeur sacrée. Aussi, ses enjeux contemporains sont nombreux. » dit Olivier Cogne.
Un travail d’orfèvre autour des objets Bassari
Au sein de l’exposition, près de 150 pièces proviennent des collections de l’Institut fondamental d’Afrique noire à Dakar, du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, et de collectes réalisées en 2022 auprès des populations locales. « Ça a été une opération exceptionnelle car le Musée du quai Branly prête en moyenne une quinzaine d’œuvres à la fois. »
Quant à la collecte sur place, elle a notamment été réalisée en collaboration avec l’Association des Minorités Ethniques. « Ses représentants ont travaillé avec nous pendant plusieurs années. Ils ont récolté des témoignages et des objets. » Le tout en respectant les souhaits des populations locales. « Par exemple, les Bedik ont refusé que l’un de leurs masques, qui représente des symboles très puissants, soit exposé. Nous avons ainsi présenté celui-ci à travers une photo. »
Les masques des Bassari et leurs secrets
Les traditions de ces communautés sont notamment marquées par l’importance des masques, que l’on découvre en grand nombre au fil de l’exposition. « Chez les Bassari, chaque génération a sa place dans la société grâce à un système de classes d’âge. Les rites sont marqués par ces objets », précise Olivier Cogne. Le masque Loukouta est un exemple particulièrement remarquable. « Avec sa partie circulaire qui peut atteindre un mètre de diamètre, ce masque est très connu pour son rôle dans les initiations. »
Une diversité d’objets du quotidien est également présentée. On retrouve notamment des outils agricoles, témoignant des pratiques et savoir-faire traditionnels des différentes communautés. Mais aussi des sabres, des chaussures d’initiation, ainsi que des outils utilisés pour la chasse et la pêche.
« Chez les Bassari, chaque groupe se distingue par ses spécialités uniques : les Djallonké par leur maîtrise du travail du fer, les Coniagui par leur expertise en vannerie ou encore les Bedik par leur art de la céramique. Ces objets illustrent les compétences techniques des artisans et leur identité. »
Un traitement spécifique des objets Bassari
Avant leur exposition, il aura fallu quatre constats d’état sur ces œuvres « afin de s’assurer qu’elles ne vieillissent pas trop rapidement et qu’elles soient conservées de la meilleure des manières. Cela aura également permis d’assurer un transport en bonne et due forme. »
Dès leur arrivée à Grenoble, les objets ont été traités par l’atelier d’Arc-Nucléart, situé au CEA à Grenoble. « Certains d’entre eux ont été irradiés ou congelés avant d’être exposés » explique Olivier Cogne. Des « socleurs » ont par ailleurs réalisé l’ensemble des supports permettant de présenter les œuvres de l’exposition. « Une opération minutieuse puisque chaque support doit être adapté à la morphologie de l’objet. »
Pour finir, Olivier Cogne tient à rappeler que le commissariat de l’exposition a été partagé avec Malik Ndiaye, directeur du Musée Théodore-Monod, à Dakar et Aimé Kantoussan, directeur de recherche du Musée des Civilisations Noires à Dakar. « Ensemble, nous avons construit cette exposition qui, en dehors de la découverte culturelle, nous permet de questionner l’évolution des traditions face à la mondialisation. »
Musée Dauphinois
30 Rue Maurice Gignoux, 38000 Grenoble
04 57 58 89 01
Entrée gratuite