L’affaire Daniel Penny, ancien sergent des Marines, suscite de vifs débats sur les frontières de l’autodéfense et les questions de racisme aux États-Unis.
Penny, 26 ans, est accusé de la mort de Jordan Neely, un sans-abri souffrant de schizophrénie, décédé lors d’un incident dans le métro new-yorkais. Ce jour-là, en mai 2023, Neely aurait proféré des menaces violentes. Penny, accompagné d’un autre passager, a immobilisé Neely, aboutissant à une altercation mortelle. La défense invoque la légitime défense, mais la controverse persiste.
Qu’est-ce que Daniel Penny a fait?
Jordan Neely, connu pour ses performances de rue et ses troubles mentaux, avait un lourd passé judiciaire. Lors de l’incident, des passagers ont rapporté qu’il avait crié des menaces. Face à ce comportement, Penny l’aurait retenu au sol, prétendant éviter un danger pour les autres passagers. Cependant, Neely a perdu la vie pendant cette intervention. Initialement relâché, Penny a ensuite été accusé d’homicide involontaire au second degré, une charge qui ne nécessite pas une intention de tuer mais prouve une négligence grave.
Penny maintient que son action était motivée par la sécurité des passagers. Son avocat, Thomas Kenniff, pointe également la toxicologie de Neely, suggérant que des substances dans son organisme ont contribué à sa mort. La défense fait valoir l’expérience du métro de New York, où violences et agressions sont monnaie courante, plaidant que Penny n’a fait qu’agir en préventif. Les témoignages de la famille de Neely et d’activistes décrivent une attaque raciale injustifiée contre un homme sans défense.
Le procès présente le défi de composer un jury impartial malgré la couverture médiatique massive. Trouver des jurés n’ayant pas été exposés à l’affaire est ardu. L’expérience du métro new-yorkais influe sur la perception du danger, un facteur crucial pour évaluer la justification de la défense de Penny.
Le 1er novembre, la première audience a présenté des vidéos et des témoignages contradictoires. Certains témoins, dont Johnny Grima, un ancien sans-abri, décrivent des gestes de Penny qu’ils jugent insensibles, tandis que la défense dénonce un biais. Ce procès, enflammé par des enjeux sociaux et politiques, continue de diviser les opinions et d’attirer l’attention de figures publiques, comme Alexandra Ocasio-Cortez.
Daniel Penny pourrait-il être un héros ou est-il un simple meutrier sans vergogne?
Bien que la mort d’un homme ayant besoin d’aide nous rendent tristes, il est possible de se demander si Daniel Penny n’a pas pris la sécurité de ses concitoyens dans ses mains, dû à la faiblesse de la sécurité des métros New-Yorkais.
En France, beaucoup de personnes se plaignent de personnages bizarres, effrayants ou dangereux dans le métro parisien.
Dès 2022, les statistiques de la police de New York ont montré une augmentation de 30 % des incidents criminels dans le métro, avec des agressions, vols et attaques soudaines contre les passagers. Parmi les cas les plus médiatisés, une femme de 40 ans a été poussée sous un train en pleine heure de pointe par un individu en pleine crise mentale en janvier 2021.
Une étude menée par le National Institute of Mental Health révèle que la schizophrénie touche environ 1 % de la population américaine et que 20 % des sans-abri sont diagnostiqués avec un trouble mental sévère. Environ 10 % des crimes graves sont liés à des troubles mentaux, selon le Treatment Advocacy Center. L’affaire Penny rappelle des cas similaires, notamment celui de Andrew Goldstein, diagnostiqué schizophrène, qui a tué Kendra Webdale en la poussant sous un métro en 1999. Cet incident a conduit à la promulgation de la “Kendra’s Law” (La loi de Kendra) à New York, permettant des soins psychiatriques contraints pour des personnes dangereuses.
Le lien entre toxicomanie, troubles mentaux et sans-abrisme est bien documenté. À New York, 65 % des sans-abri adultes présentent des problèmes de toxicomanie, aggravant souvent des comportements erratiques ou agressifs. En 2023, plusieurs incidents d’agressions dans le métro ont impliqué des sans-abri sous l’influence de substances, ce qui augmente la perception d’insécurité des passagers. En mai dernier, un homme sous l’effet de substances a violemment attaqué un passager sans provocation apparente, ce qui a encore nourri l’appel à une meilleure prise en charge des personnes en détresse mentale dans les lieux publics.
En fait, il serait très facile de condamner Daniel Penny comme un monstre qui a tué un homme innocent. Mais il faut également se rappeler que beaucoup de français ne sont pas à l’aise dans les métros et ce parce qu’il n’y a pas assez de sécurité à bord des rames, à l’exception de petites caméras pour rapporter les faits après qu’ils aient eu lieu.
Nous enjoignons nos lecteurs à réfléchir à cette question: Est-ce même normal qu’il nous faille compter sur l’intervention d’un autre passager pour échapper au danger?