Alors que les États-Unis s’enlisent dans des débats sur la fermeture partielle du gouvernement, la guerre en Ukraine ou les négociations fragiles autour de Gaza, Donald Trump semble y voir une forme d’aubaine. Le journaliste et biographe Michael Wolff dit que ces polémiques détournent l’attention du véritable sujet qui hante l’ancien président : les révélations incessantes sur l’affaire Jeffrey Epstein.
Dans l’émission Inside Trump’s Head, Wolff explique que Trump considère presque chaque nouveau scandale politique comme un « moindre mal » comparé aux fuites liées au financier déchu. « Peu importe si c’est mauvais, tant que ce n’est pas Epstein », résumerait Trump en privé.
La publication récente d’une nouvelle série de documents par la commission de surveillance de la Chambre des représentants a relancé le feu médiatique : des relevés d’appels, des échanges et des témoignages, dont ceux d’Alex Acosta, ancien secrétaire au Travail de Trump et artisan du célèbre accord judiciaire de 2008 ayant permis à Epstein d’éviter une peine lourde.
Des documents gênants sur l’affaire Epstein
Les documents comporteraient deux appels d’un certain « Donald Trump » vers Epstein, sans dates précises. La Maison-Blanche a réagi sèchement. La porte-parole Abigail Jackson a insisté : « Ce n’est pas un scoop. Trump avait chassé Epstein de son club pour son comportement douteux. Les démocrates et les médias savaient depuis longtemps ce qu’il faisait et n’ont rien fait. »
Mais pour Wolff, la nervosité est palpable au sein du clan Trump. Le spectre Epstein revient régulièrement dans l’actualité, et chaque nouvelle fuite donne un souffle à ceux qui veulent rappeler les liens troubles entre le financier et de puissants amis.
Et en Angleterre ?
De l’autre côté de l’Atlantique, le nom d’Epstein continue aussi de hanter la couronne britannique. Le prince Andrew, longtemps accusé d’avoir eu des relations avec Virginia Giuffre, une victime présumée de trafic sexuel alors âgée de 17 ans, voit de nouvelles révélations ternir davantage son image.
Dans ses mémoires posthumes, Nobody’s Girl, publiés peu après son suicide, Giuffre décrit Andrew comme un homme persuadé que coucher avec elle « faisait partie de ses privilèges ». Elle raconte aussi des scènes d’abus d’une violence glaçante, évoquant même une fausse couche provoquée par Epstein et étouffée par un médecin complice
Malgré un accord financier conclu en 2022, Andrew nie toujours en bloc. Il affirme ne pas se souvenir de Giuffre et rejette les accusations avec une froide assurance. Mais les photos, les courriels et les enquêtes qui refont surface contredisent ses dénégations.
La chute d’un prince protégé
Le roi Charles III a décidé d’agir. Avec son approbation, Andrew a annoncé qu’il ne porterait plus ses titres ni ses honneurs, renonçant à son titre de duc d’York. Une décision inédite, mais qui ne satisfait pas tous les observateurs. Plusieurs députés réclament désormais une sanction plus formelle, par voie parlementaire, ce qui ne s’était pas produit depuis plus d’un siècle.
Les révélations continuent d’abîmer la monarchie britannique déjà fragilisée par la disparition d’Elizabeth II. Pour le constitutionnaliste Craig Prescott, cette affaire touche au cœur de l’institution : « Le soutien populaire à la reine permettait de contenir les scandales. Mais aujourd’hui, ce ciment n’existe plus. »
Depuis la mort d’Epstein en 2019, l’affaire a pris une dimension mondiale. Chaque nouvelle fuite ravive des questions : qui savait quoi, et jusqu’où s’étendaient ses complicités ? De New York à Londres, les élites politiques et financières sont éclaboussées, et aucune explication ne semble pouvoir refermer la plaie.
Michael Wolff, lui, estime que Trump ne cherche pas à effacer l’affaire, mais à la noyer dans le tumulte. « Tant que le pays parle de guerres, d’élections ou de budget, il respire », résume-t-il. Et dans cette cacophonie permanente, le scandale Epstein devient juste une rumeur de plus dans un océan de fracas.


